L'ancien cimetière autour de l'église

Le premier décès mentionné dans les registres paroissiaux est celui de Blondel Thomasse, le 16 septembre 1630.

Turgot, ministre de Louis XVI, interdit les sépultures dans les églises en 1775. La dernière personne inhumée dans celle de Villennes est la marquise Le Boullenger d'Hacqueville, en octobre 1782.

  Comme dans la plupart des villages, le cimetière entoure alors l'église comme le montrent les extraits de plans de 1824 et de 1892 ainsi que la photo du plan-relief (1896).

 

Il faut attendre le décret impérial du 27 prairial an XII (12 juin 1804) pour que les problèmes de salubrité soient réglés, en transférant les cimetières communaux hors des agglomérations, à 100 mètres au moins de la dernière habitation.

Construction d'un nouveau cimetière

Le conseil municipal décide en 1874 de transférer les sépultures dans un nouveau cimetière en dehors du village.

Plusieurs terrains contigus d'une superficie totale de 2 384 m2 sont achetés à Jean-Louis Denis Parvery, Benoît Redeaux et Charles Marie Désiré Petit pour la somme de 2 338,41 F.

Leur l'emplacement, en bordure du chemin d'intérêt commun n° 44, est celui où se trouve encore de nos jours la partie gauche du cimetière (rue Gallieni).

 

 

Ce plan établi en 1874 montre que le terrain est réparti alors de la façon suivante (en ordre décroissant de surface) :

- les fosses communes,
- les concessions à perpétuité,
- les concessions à 30 ans,
- les concessions à 15 ans,
- les sépultures d'enfants,
- le carré réservé aux "juifs et aux protestants".


Les sépultures de l'ancien cimetière sont transférées dans le nouveau, en particulier celles-ci qui sont parmi les plus anciennes :
- à gauche, famille Blot,
à droiteFrançois Simon, ancien maire.

Sur le terrain libéré autour de l'église, le presbytère actuel sera construit à la fin du 19ème siècle.

Mais il reste et restera probablement toujours des ossements des ancêtres villennois oubliés lors du transfert ...


 

Une croix est érigée au centre du cimetière ; une inscription perpétue le souvenir du curé décédé peu de temps avant :

 
HOMMAGE
DES HABITANTS
DE VILLENNES
A LA MEMOIRE
DE MR L'ABBE VAUGEOIS
CURE DE LA PAROISSE 1853-1873
DECEDE A L'AGE DE 53 ANS

Plus tard, trois plaques y seront apposées en souvenir de successeurs de M. l'Abbé Vaugeois :
- M. l'Abbé Lecointe, curé de Villennes pendant 48 ans, décédé en 1922 dans sa 81ème année,
- M. l'Abbé G. Noiret, décédé en 1923 dans sa 64ème année,
- M. l'Abbé Thoraval, décédé en 1931 dans sa 60ème année.

La première concession trentenaire est vendue 140 F, le 25 janvier 1884, pour l'inhumation de Luc Vincent Gaury et de Marie Virginie Amiot.

Cinq "notables" villennois font construire des caveaux monumentaux pour eux-mêmes et leur famille.  

Après la guerre de 1914-1918, une allée est réservée aux tombes des victimes, qui ne sont pas inhumées avec leur famille.

 

Agrandissements

En 1925, il faut déjà envisager l'agrandissement du cimetière "motivé par l'augmentation de la population due surtout à l'arrivée d'employés et ouvriers parisiens qui ont construit des maisons dans les lotissements" (en 1920 : 11 décès, en 1924 : 27 ; au total : 100 en 5 ans).

Une étude est faite par un ingénieur géologue, collaborateur du Service de la Carte Géologique de la France ; son rapport est approuvé, fin janvier 1926, par la Préfecture de Seine-et-Oise sous réserve "que la relève des fosses sera de cinq ans et qu'il sera interdit de construire des maisons à moins de 40 mètres de la clôture et de creuser des puits à usage domestique dans la nappe phréatique dans un rayon de 100 mètres".

La commune achète, au lieu-dit "La Collationne", 5 parcelles de terrains, constituées de cultures et de bois-taillis. Ces terrains, appartenant à Monsieur de Saint Germain, sont acquis pour la somme de 4 500 F. Leur superficie de 2 338 m2 permet le doublement de la surface du cimetière.

Selon le géologue, un certain nombre de maisons voisines ont "des puits ordinaires de 7 à 20 mètres creusés dans les sables de Cuise de l'étage yprésien" ; il prévient leurs propriétaires dans son rapport :

Au cas où il y aurait contamination, les  intéressés auraient-ils  le droit  de  se plaindre ? Nous dirons que ce cimetière était autorisé en 1880 ; par  la suite, les intéressés qui ont construit  sans autorisation dans la zone de cent mètres des murs de cet établissement et y ont établi des puits ne sont pas en droit de se plaindre !

La construction de nouvelles maisons  reste interdite à moins de 35 mètres des murs et aucun puits ne peut être creusé à moins de 100 mètres. Une douzaine de propriétaires inquiets ont écrit au maire :

Nous avons l'honneur de solliciter du Conseil Municipal l'autorisation de construire sur nos propriétés. Nous n'ignorons pas qu'une décision a été prise autrefois pour interdire toute construction dans un périmètre de 35 mètres de la nécropole. Cette décision était alors très sage [...] mais elle peut être rapportée aujourd'hui vu la distribution d'eau potable du service communal à laquelle nous nous engageons de souscrire. Les terrains à bâtir deviennent presque introuvables à Villennes et en présence de la pénurie de logements, nous avons le ferme espoir que vous prendrez notre demande en considération.

Le devis des travaux pour doubler la surface du cimetière s'élève à 7 001,80 francs en 1926.

Les travaux ne sont réalisés qu'en 1930 et, cette fois, pour la somme de 15 964,39 francs. La croix centrale en pierre est alors remplacée par une nouvelle en ciment armé (500 F).

D'autres croix, aux formes variées, orneront les tombes.

En 1971, le maire, M. Robin, informe le conseil municipal de la nécessité d'agrandir à nouveau le cimetière. De 1968 à 1972, les nombres des décès dans la commune sont les suivants, la population ayant évolué de 2 068 à 2 843 habitants entre 1962 et 1972 :

Année

Nombre de décès

1964

24

1965

22

1966

21

1967

21

1968

33

1969

20

1970

26

1971

23

1972

19

Il faut y ajouter 92 personnes, qui sont inhumées dans le cimetière, durant cette période, bien que n'habitant pas à Villennes (il y a 150 résidences secondaires en 1972).

Un terrain voisin de 453 m2 est acquis en 1974, pour agrandir le cimetière l'année suivante. Un an après, la commune décide de ne plus céder de concessions à des personnes non contribuables à Villennes : les prix, inférieurs à ceux pratiqués aux alentours, attirent des familles étrangères au village !

Tombes remarquables

Le tombeau de Renée Bouyge

La tombe de la famille Bouyge est repérée par la lettre B sur cette photo par satellite. Enregistrée au "patrimoine classé", elle est ornée d'une sculpture qui rend hommage à une jeune femme, qui y est inhumée.


Qui était Renée, décédée à l'âge de 20 ans selon l'inscription du sculpteur et le texte du "livre" posé sur la tombe ?





Ses parents reposent, également, dans la sépulture qu'il avaient donnée à leur "chérie", plusieurs années après son décès en 1919 : Elie Bouyge (1869-1941) et son épouse Marie (1869-1948).

Ils étaient propriétaires d'une maison, située rue des Iselles, qu'ils avaient baptisée Villa Renée, ce prénom étant celui de leur fille trop tôt disparue. C'était l'ancienne maison de gardien de la villa de la rue de Poissy, située en face. Elie Bouyge a été représentant de la Cristallerie Saint-Louis.

Les cérémonies du souvenir

La Toussaint

Comme de coutume, le Conseil municipal et les Sociétés locales se sont rendus au cimetière. Le cortège après avoir déposé une palme sur la tombe de deux nouvelles victimes de la guerre, fit ensuite un arrêt devant la dernière demeure du jeune Avoine, sur laquelle les pompiers déposèrent une gerbe de fleurs à l'intention de leur regretté camarade. M. Duchenet au nom du Corps des Sapeurs-Pompiers prit la parole en ces termes :

Mesdames, Messieurs,
En ce jour de pieux recueillement, je dois en ma qualité de Président du Corps des Sapeurs-pompiers de Villennes, venir m'incliner devant cette tombe où repose notre jeune camarade trop prématurément emporté après une courte maladie qui ne nous avait nullement préparés à une si brusque séparation. Le Corps des Sapeurs-pompiers dont il faisait partie et où il jouissait de l'entière sympathie de tous, ne peut oublier son jeune et dévoué sapeur et c'est au nom de tous ses camarades, officier, sous-officiers et sapeurs, c'est aussi en mon nom personnel que j'apporte à notre ami regretté, l'hommage de notre affectueux souvenir.

Cette cérémonie se termina devant le monument, élevé à la mémoire des combattants disparus, qui disparaissait sous les fleurs, après que M. Lamiraux, maire, eut prononcé le discours suivant :

Mesdames, Messieurs,
Voici l'anniversaire où chaque année, dans ce lieu de repos, nous venons nous recueillir un moment pour remémorer notre existence et, dans une communion de pensées, nous entretenir avec nos chers disparus.
Le cataclysme de la bêtise humaine qui a bouleversé la vie de notre siècle n'a fait, par la force de ses événements, que renforcer cette tradition chère à nos cœurs. Que les victimes de cette tourmente conservent les lauriers qu'ils ont bien gagnés mais que leur sacrifice ne soit pas vain. Nous consacrons à nouveau, ce jour, notre engagement de ne pas les oublier. Comment pourrait-il en être autrement envers ceux qui, dans un acte sublime, ont placé un point de carmin sur le mot mourir.
Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie. Hélas, faut-il que l'humanité soit stupide pour que dans un siècle où l'on vante tant le progrès de la science, l'on constate qu'elle ne sert souvent qu'à des actes que réprouve la conscience. Mentalité et égoïsme aveugles dont la cupidité ne tend qu'à la destruction des vies humaines et des foyers. L'histoire des peuples est là pour nous dire qu'elle n'est qu'un perpétuel recommencement. Combien, hélas, s'y laissent tromper comme des papillons et oublient trop souvent.

Journal de Poissy, Meulan, St-Germain-en-Laye, Rueil, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, 10/11/1927

Un futur nouveau cimetière ...

En 2002, le projet d'un nouveau cimetière a été mis à l'étude, car le nombre d'emplacements disponibles était très faible et il n'est plus possible d'agrandir le cimetière existant. Dix ans plus tard, le transfert n'a pas pu être réalisé sur le terrain qui était envisagé. Il se trouvait au dessus d'anciennes carrières ...

Les années passent, le Souvenir reste

Rendons hommage aux villennois d'autrefois à travers ces quelques photos qui, pour certains, sont le seul souvenir, l'inscription de leur nom ayant disparu ou n'étant plus lisible ...

Pour aller plus loin sur l'histoire des cimetières en France, nous vous proposons de visiter le site Web "Gravestone".