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villas disparues ou

villas toujours présentes.

Des masures des paysans aux villas de vacances

"Villanas super Sequana"

Selon les rézsultats de nos recherches, le nom de Villennes proviendrait du mot latin "villanas" qui désignait de petites masures avec un lopin de terre, dont les habitants étaient dans un état proche du servage aux Xème et XIème siècles.

Bien plus tard furent construites les villas, que des Parisiens fortunés ont fait construire dans notre commune, à partir de la fin du 19ème siècle, pour y résider pendant la belle saison.

Villas cossues et toiles de tentes

Notre village devient alors le lieu de villégiature de nombreux parisiens qui peuvent y accéder facilement par le train, depuis que la station du chemin de fer devient une gare en 1896, accueillant déjà 200 000 voyageurs par an, puis est remplacée par une nouvelle gare en 1911.

Sa population, qui évolue de 906 à 1150 habitants entre 1913 et 1917, double pendant la belle saison. De riches parisiens construisent de belles villas : d'abord dans le parc du château, vendu par lots à partir de 1893, dans la prairie de la Nourrée, puis dans le Bois des Falaises et dans l'île de Villennes, lotis respectivement à partir de 1908 et 1913.

D'autres y viennent passer les fins de semaine, pour profiter du cadre, canoter et pêcher, déjeuner dans l'un des 7 restaurants : deux sur la Place de l'Eglise, les autres en bord de Seine.

L'île de Platais reste "naturelle" et accessible uniquement par bateau. A partir de 1927, le domaine de Physiopolis accueille pendant la belle saison une nouvelle population, logée sous des toiles de tentes, qui seront remplacées en 1937 par de petits bungalows.

La station estivale

En 1925, le Conseil municipal émet le vœu que la Commune de Villennes-sur-Seine soit classée comme station estivale, "en raison de la transformation complète de cette localité qui est devenue un centre de villégiature". Il souhaite ainsi percevoir une taxe de séjour ainsi qu'une taxe sur les repas dans les établissements tirant de gros profits pendant la saison d'été ; le produit de ces taxes serait affecté exclusivement au bon entretien et au goudronnage des chemins vicinaux et ruraux. Le préfet accepte le classement comme station de tourisme qui permet de percevoir uniquement la taxe de séjour.

Un Syndicat d'Initiative, fondé en 1909, est très actif pour embellir le village et défendre les intérêts des habitants. Les cartes postales de l'époque nous montrent les attraits du village (le Sophora, la grotte, les bords de Seine) et les loisirs des "touristes" et des vacanciers ; leurs textes rédigés à l'intention de leur famille ou de leurs amis nous renseignent également sur la nature de leur séjour à Villennes.

Les villas du bord de Seine

"Villa Normande", "Simple Abri" : deux des noms des maisons construites en bord de Seine, dans les années 1920, résument leur diversité.

Voici les noms des résidences secondaires des propriétaires de bateaux en 1927 :

Les Bigochets, Les Capucines, La Cigale, Le Potager, La Frisonnière, L'Ombrée, Les Lizerons, La Florida, La Roseraie, Riant Abri, Les Chèvrefeuilles, L'Ensoleillée, La Verdurette, Primerose, Les Marguerites, Les Titis, Le Pélican, Bon Port, La Brise, Doux Abri, Les Charmettes, Sam Suffit, Villa Normande, Les Ormeaux, Les Rossignols, Le Caprice, Le Rêve, Maison de Poupée, Les Jonquilles, Les Prunus, La Rosine, Les Saules, Mon Rivage, Mon Petit Clos, La Pêcherie, Le Vieux Moulin, L'Ile du Rêve, River Side Cottage, La Marjolaine, Simple Abri, La Pagode, Casamena, Coin Joly, L'Etape, Les Cytises, Esker Ono, Bouton d'Or, Toi et Moi, Les Roses, Clos Normand, Les Boules Blanches, Rosendaël, Daisy, Ramunsko, Patte Mouille, Thé Galbes, Oui Kend, Les Remous, Casteljaloux, Wetfeet, Chalet Turquoise, Le Rouet, La Fileuse, Le Jardin, Le Vieux Puits, L'Ondine.

En flanant sur les chemins longeant la Seine, vous pourrez retrouver certains de ces noms. La nature environnante a été la principale source d'inspiration des propriétaires de villas, certains manifestant la réalisation de leur rêve.

Les architectes des villas

Au fur et à mesure que nous étudierons l'histoire des villas de Villennes, nous compléterons ce chapitre sur les architectes qui les ont construites.

Jules Suffit (1831-1895)

 

Eugène Jules Philippe Suffit, né à Sully-sur-Loire (Loiret), a fait partie de la promotion 1854 de l'Ecole des Beaux-Arts, où il a été l'élève de Garnaud.

Il a réalisé des maisons à Pointe à Pitre, des châteaux, des villas, des hôtels, et des constructions particulières à Paris.

Inspecteur de 2e classe du service temporaire d'architecture, attaché à l'agence de l'école normale d'Auteuil, il a été nommé en 1882 inspecteur de 1re classe du service permanent d'architecture, puis en 1891, inspecteur de 3e classe dans le même service.

Il s'est associé avec Louis Albert Octave Courtois-Suffit (1856-1902), qui a fait partie de la promotion 1871-72 de l'Ecole des Beaux-Arts, où il a été, notamment son élève. A sa naissance, il avait été autorisé par un décret présidentiel, ainsi que ses frères, à ajouter à son nom patronymique (Courtois) celui de Suffit.

 



La notice nécrologique de Jules Suffit, publiée le 10/2/1895, par  Le Journal des artistes.

Ses constructions villennoises

Cet architecte est connu à Villennes pour avoir construit la Villa de la Nourrée pour le Docteur Emile Magitot. Celle-ci devenue l'Hostellerie de la Nourrée puis le Country-Club de la Nourrée, connu également sous le nom Eden Roc. Ce bâtiment a été démoli en 1970 pour laisser la place à la Résidence Gallieni-Clemenceau.  


  Jules Suffit ne réalisa pas complètement son projet initial.

Il réduisit la hauteur de la villa, rendit les volumes symétriques, simplifia les toitures et le porche.  


 

Il a également réalisé à Villennes ce bâtiment plus modeste, que nous nous n'avons pas localisé.

Ce petit pavillon se trouvait peut-être sur un terrain de la rue de Poissy qu'il possédait ou plutôt au bord de la Seine. L'aurait-il bâti pour son usage lorsqu'il venait suivre la construction de la Villa de la Nourrée.

Jules Suffit n'est pas l'auteur de la villa Sam Suffit, construite au bord de la Seine ...

Ses activités parisiennes

Lorsqu'il a réalisé des constructions, dont une galerie vitrée, pour une maréchallerie en 1889 et apporté des modifications aux magasins de M. Guilhem aîné, 28 rue de la Gaité, en 1893, son cabinet était situé 29-31 rue de Chabrol. Il était alors associé avec Octave Courtois-Suffit.

Jules Suffit a déposé, en 1858, un brevet pour un instrument pour mesurer les pentes.

Son cabinet se trouvait alors 14 carrefour de l'Odéon.

 

(Source : Bulletin des lois de la République française)

Emile Hurtré (1870 - ?)

 

Né à Nice, Emile Alfred Hurtré a été l'élève de Victor Laloux à l'Ecole Nationale et Spéciale des Beaux-Arts (promotion 1889). Son nom peut-être lu sur les façades de deux immeubles parisiens.

Sa carrière semble assez courte mais il eu le temps de construire, à Villennes, la villa Bon Accueil pour Henri Guillaume. Celui-ci possédait et dirigeait l'hôtel Langham, rue Boccador à Paris.

Cet architecte ne participa qu'une seule fois au Salon des Artistes français, en 1898, présentant un "Projet de salle à manger", celui qu'il réalisa : une architecture en fer flexueuse, légère et élégante, combinée avec une décoration de panneau en céramique.

Le restaurant de l'Hôtel Langham

En 1896, il avait confié à ce jeune architecte talentueux et au peintre Wielhorski l'aménagement de la salle à manger de l'hôtel.

Tombé dans l'oubli, ce magnifique décor, ayant subi les outrages du temps, est apparu en 1978 à travers la brèche dans le mur de la réserve d'un restaurant anonyme en travaux. Cette salle a été inscrite, 5 ans plus tard, à l'inventaire des monuments historiques.

Voici sa description, dans la revue La construction moderne, en mars 1898 :

De la lumière à flots ; une claire tonalité dans le décor peint, céramique ou vitré ; des formes originales, en rupture de tradition, d'imitation ou de reproduction des styles historiques : "l'art nouveau", voilà le succès du jour ; voilà ce qu'on demande aux jeunes, et ce qu'on voudrait même pouvoir obtenir des vieux ; voilà ce qu'ont cherché MM. Hurtré et Wielharski,  deux jeunes, en bâtissant et décorant, de toutes pièces et en quelques semaines, une sorte de halle en fer, fonte, vitrage et faïence émaillée, devant servir de salle à manger en un restaurant de la rue Boccador, établissement à clientèle exotique, situé non loin des Champs-Elysées.

Une étroite cour intérieure, entourée de bâtiments sur un plan assez biscornu, était l'emplacement resté disponible pour y élever ce pavillon vitré, dont les parois extérieures devaient forcément avoisiner, et de très près, les murs des bâtiments de service entourant ladite cour.

 

 

Donner donc à ce hall, éclairé seulement par son comble, un aspect lumineux, engageant, amusant, inédit, quelque chose d'un portique léger ouvert de tous côtés sur de riants décors,  et cela entre quelques pans de vieux murs, laissant découvert l'espace d'une petite cour de service : tel était le gentil programme d'esquisse à réaliser.

L'ensemble de ce pavilion se compose d'une charpente ou ossature métallique : colonnettes en fonte, creuses, avec chapiteaux en forme le vases à la panse ajourée ; frises et arcs en fonte ou en tôle ; linteaux et meneaux en fers à I ou à T ; chéneaux en fer et tôle, formant ceinture et sablières du comble sans entraits ; crête en tôle découpée pour décorer la base du vitrage et adoucir la transition du plein au vide ; même procédé au remplissage décoratif entre les arbalétriers jumeaux sur les pans coupés ; enfin, comble porté par un mur mince de briques, que doublent intérieurement des panneaux de verre ou de faïence émaillée ; et cette doublure aux tons clairs, dans une harmonie "vert d'eau", donnant une sensation de fralcheur "oasistique".

En effet, les grands panneaux rectangulaires compris, sous les impostes des arcades, entre les montants fixes métalliques ou meneaux, ces panneaux de gros verre non transparent, dit "cathédrale", émaillé des deux côtés, à reliefs très saillants pour le décor, ces verrières forment ici revêtement opaque, tout comme il en serait de panneaux en faïence, si ces dimensions étaient possibles en céramique, sans risque de déformation au four.

Les frises (iris) et les impostes (paons à la roue épanouie) sous forme de petits carreaux, de dimensions ordinaires, en faïence émaillée ; de même pour les calebasses courant au pourtour intérieur du chéneau.

Le vitrage du comble est composé de feuilles de verre double courbé à la demande et décoré, par peinture sur verre, de branchages et rameaux dans le goût un peu japonais, aujourd'hui en faveur.

En outre des détails d'exécution fournis par l'architecte pour la structure métallique du pavillion, des "cartons" dessinés et peints à grandeur d'exécution ont été fournis par l'architecte et son collaboraleur, le peintre, pour l'exécution des verres peints et des faïences émaillées.

Et voilà, au moins en ce qui concerne l'exécution, et à part quelques détails, un morceau qu'on peut bien étiqueter "art nouveau".

E. RIVOALEN


Ce décor rénové a été complété, dans une salle voisine, par un autre des mêmes auteurs qui se trouvait dans une villa de Maisons-Laffitte.

Vous pouvez les admirer, en déjeunant dans le restaurant nommé La Fermette-Marbeuf ou en visitant son site Internet (cliquez sur la photo).

 

 

Autres projets

Lorsqu'il était encore élève de l'Ecole des Beaux-Arts, Emile Hurtré a obtenu un prix (première médaille sur 77 projets rendus) dans un concours de projets d'hospice pour vieillards.

 


La revue La Construction moderne a publié l'appréciation suivante dans son numéro de novembre 1894 :

Certes, c'est un projet grandiose, bien au delà de ce qu'il faut espérer pour les vieux jours des hospitalisés ; c'est un projet d'école ; mais au moins est-il en bonnes proportions et simple dans sa magnificence. Qui peut le plus peut le moins.

La villa villennoise

 

La villa Bon Accueil possède toujours sa façade triangulaire originale, mais elle a perdu son clocheton.

Cliquez sur la photo pour voir son aspect actuel ainsi que les plans d'Emile Hurtré.

Émile Hurtré bâtit la maison en meulière et brique de Vaugirard, les planchers étant en fers, les cheminées en faïence. De la rue rue, la maison semble assez petite. En fait, un niveau inférieur, donne accès au jardin. Malgré une extension et divers remaniements, nous retrouvons aujourd'hui la forme générale de la villa.

Lucien Desnues

(1862 - 1941)

 

Architecte, Lucien Eugène Jules Desnues a eu diverses autres activités et responsabilités. Membre de la Société des amis des monuments parisiens, il a fait partie de la commission des Perspectives monumentales de Paris.

 

Il a été propriétaire de la villa L'Orangerie de l'avenue Georges Clemenceau, devenue Les Bambins.


Il fut chargé par le conseil municipal de construire le presbytère, vers 1906.  

Architecte à Paris et à l'étranger

Article paru dans le journal Gil Blas, le 22/7/1893

 

Jeune architecte, il avait aménagé la demeure parisienne de Madame Gordon pour y installer une salle de théâtre, avec des murs couverts de glaces.

Nous ne connaissons pas ses autres œuvres, à part un monument aux morts dans la Somme.

En 1922, il était architecte en chef de la ville de Paris. Il a certainement travaillé dans divers autres pays, où des décorations lui ont été décernées :

Commandeur de deuxième classe
de l'ordre de Saint-Olav en Norvège
 

Officier de l'ordre de la couronne de Belgique

Chevalier de l'Ordre royal d'Isabelle
la Catholique en Espagne
 

Chevalier de l'Ordre du lion blanc
en Tchécoslovaquie

Le promoteur du sport

Lucien Desnues a été vice-président du Comité National des Sports fondé en 1908, pour représenter certaines fédérations sportives, et du Comité Olympique Français qui y fut rattaché en 1913.

Trésorier Général de ce comité, il a fait partie des organisateurs de la VIIIe Olympiade, qui a eu lieu à Paris en 1924.

Il était également l'architecte-conseil, du comité, chargé notamment d'examiner les mémoires des entrepreneurs.


 

 

Son portrait a été publiée dans le rapport officiel de cette manifestation.

Sur cette photo, il se trouve à droite avec les chefs du Secrétariat Général et du Secrétariat sportif, dans leur bureau.


Le promoteur de la chasse

Etant l'un des fondateurs et des dirigeants du Saint-Hubert Club de France, il fut l'un des deux co-auteurs du livre "La chasse en France".

Il s'est investi dans la Commission de la chasse du ministère de l'agriculture.

Le capitaine pendant la guerre

Lucien Desnues fut fait chevalier de la Légion d'honneur en 1916 pour ses actions en tant que capitaine du 9e Régiment territorial d'infanterie.

La citation du Journal Officiel du 3 janvier 1917 était :

DESNUES (Lucien-Eugène-Jules) : capitaine territorial au 9e rég. territorial d'infanterie, 2e bataillon : ancien de services. Commande sa compagnie avec beaucoup de zèle et d'activité.
 

 

Son régiment avait utilisé ses compétences pour construire un camp de prisonniers.



L'un des organisateurs de l'Exposition coloniale

Lucien Desnues fut élevé au grade d'officier de la Légion d'Honneur après l'Exposition coloniale qui s'est tenue à Paris en 1931.

 

S'il n'a pas lui-même pas conçu des bâtiments, il a peut-être eu un rôle dans l'organisation architecturale de cet évènement ou dans le contrôle financier des chantiers de construction comme aux Jeux Olympiques de 1924.

Louis Granet (1852-1935)

Il construisit en 1901, pour Léon Francq, les dépendances de sa villa Le Manoir : une écurie, une remise et une sellerie, une serre et la maison du jardinier et du concierge.

Né d'un père savetier dans le Puy-de-Dôme, il fut admis en 1870à l'École des Beaux-arts de Paris, oùil fut l'élève de Feine et de Louis-Jules André. Devenu architecte vers 1880, il exerça surtout à Paris et à Maisons-Laffitte.

Sa biographie peut être consultée dans les portraits d'architectes de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine.

Théophile Bourgeois (1858 -1930) et ses fils

Cet architecte de Poissy a construit de nombreux bâtiments dans sa ville et dans les environs. Les informations, qui suivent, sont extraites de la base de données Archidoc du Ministère de la culture et d'extraits d'une étude menée par Erwan Tourmen dans le cadre d'un DEUG d'Histoire de l'Art, publiés dans le N° 36 de la revue CHRONOS-POISSY du Cercle d'Etudes Historiques et Archéologiques de Poissy, à l'automne 1997.

Son existence

Théophile Bourgeois naît à Clichy en 1858. Son épouse Marie Christophe lui donne trois enfants : deux fils et une fille. Lucien et Paul Edmond deviendront également architectes et prendront la succession de leur père.

Il décède à Poissy en novembre 1930.

Sa résidence de Poissy

  Les quatre premières maisons de l'avenue Emile Zola (ancienne avenue de Migneaux, se prolongeant par le chemin du bord de Seine conduisant à Villennes) ont été construites par Théophile Bourgeois pour son usage et celui de sa famille.

La première, qualifiée par lui d'hôtel, bâtie en 1894 à l'angle de l'avenue Meissonier et richement décorée, abritait sa demeure et son atelier.

Associant différents styles (encadrements gothiques, frontons Renaissance, pignons en pans de ciment anglo-normands, assises alternées de brique et de pierre, ...), elle servait également de vitrine technique, exposant les différents styles qu'il proposait à ses clients.

 

Les autres bâtisses, construites dans la quinzaine d'années suivante, montrent son évolution, annonçant l'art nouveau d'Hector Guimard avec lequel il a été probablement en relation, ainsi que de nouveaux modes de construction, dont certains propres à la région (notamment, l'utilisation de la pierre meulière).

La Direction du Patrimoine des Yvelines décrit ainsi cette maison d'architecte dans son ouvrage "Poissy, cité d'art, d'histoire et d'industrie" et sur son site Internet :

En 1893, Théophile Bourgeois (1858-1930), architecte particulièrement actif dans la construction de maisons de villégiature en région parisienne mais aussi dans toute la France, dessine les plans de sa propre résidence à Poissy.

Dans son ouvrage "La villa moderne", catalogue de ses productions publié vers 1910, elle figure en première page sous le nom "hôtel de monsieur Bourgeois". À la différence d'une maison de campagne ou de villégiature que l'on dénomme à l'époque le plus souvent "villa", elle n'est pas construite dans un vaste jardin mais se trouve enchâssée sur une petite parcelle d'angle entre la voie ferrée, l'avenue Meissonier et l'avenue Émile-Zola. Visible de tous, c'est une véritable carte de visite des savoirs-faire de l'architecte.

Les matériaux des façades, hormis la meulière, sont ceux de l'architecture néo-normande de la fin du XIXe siècle, celle de nombre de stations balnéaires de la côte picarde ou normande où travaillait également l'architecte : pans de bois hourdés, jeux de brique et pierre en damier et en assises alternées, toits à nombreux décrochements. Complétant la richesse de l'ensemble, la sculpture est présente dans les carrés des métopes sous les toits et sur plusieurs encadrements de baies. Raffinement que Bourgeois utilise assez fréquemment sur les façades de ses villas, le côté est de la tour est orné d'un cadran solaire ici surmonté de la maxime "L'ombre partage le jour".

Enfin, dernier détail et clin d'œil au monde médiéval qu'affectionne Bourgeois, une enseigne en ferronnerie est placée sur le pan coupé au-dessus de l'entrée de son cabinet d'architecte. Dans le prolongement de la maison familiale, en 1901, Théophile Bourgeois construit un ensemble de trois maisons mitoyennes à l'usage de ses fils, Lucien et Paul-Edmond qui, architectes à leur tour prendront sa succession, et de sa fille Suzanne-Léo.

Huit ans plus tard, il change de style et abandonne l'historicisme de la fin du XIXe siècle pour une architecture plus moderne dans l'esprit de l'Art nouveau alors en vogue. Bourgeois délaisse ici l'association de la brique et du pan de bois pour utiliser essentiellement de la meulière, juste rehaussée de briques et de pierres dans les jeux ornementaux.

Ses diverses réalisations : bâtiments public et villégiatures

Les œuvres de Théophile Bourgeois se rencontrent en Ile-de-France ainsi qu'en Normandie, dans le Sud-Ouest et en Algérie. Il est l'auteur de nombreuses villas, de la fin du 19ème siècle au début du siècle suivant, dans des stations renommées : Houlgate, Villers-sur-mer, Etretat, Dinard, Mers-les-Bains, Monte-Carlo.

Il a remporté 42 prix dans les concours publics dont 13 premiers prix pour des projets réalisés (groupes scolaires, halles, ...) et 4 médailles.

A Poissy

Dans cette ville, dont il a été l'architecte communal, il a construit plusieurs immeubles, la poste (qui a ensuite été transformée en cinéma), des égouts, des abattoirs, plusieurs écoles, un kiosque. l'usine des automobiles Poncin-Grégoire. Il a également bâti des extensions du château de Villiers, des maisons de rapport, des villas, un hôtel.

Dans les environs

A Achères : buffet-restaurant ; à Carrières-sous-Poissy : villa et restauration/agrandissement du château de Champfleury ; à Chambourcy : agrandissement de propriété ; à Conflans-Sainte-Honorine : restauration du château de la famille Gévelot, où se trouve aujourd'hui le Musée de la Batellerie ; à Triel : villas, ...

Ses villas de Villennes

Parmi les clients de Théophile Bourgeois, on peut noter dans notre village M. Beaudeau, M. Debellefontaine, M. de la Brunerie, M. Havez, M. Lafarge, M. Lefèvre, M. Martin, Mme Prévost, M. Redeau, M. Pancoucke.

Les plans de plusieurs villas et de simples maisons sont présentés dans son ouvrage "La villa moderne", qui a fait l'objet de plusieurs éditions vers 1910.


Ces deux villas sont situées, dans l'île, au début de l'avenue Briens, la première inchangée extérieurement, la seconde ayant été légèrement modifiée par la construction d'un accès en façade.

On trouve dans ce catalogue de ses réalisations les dessins d'autres maisons de Villennes, dont l'architecture et les dimensions sont diverses.


Ce dessin représente des communs, construits par cet architecte à Villennes, dont il a donné la description.
 
Construction.
Les fondations sont en béton de cailloux ; les murs du soubassement sont en meulière brute, posée en opus incertum, avec joints en ciment ; les façades sont en brique rouge et blanche, avec joints en chaux et grès. La partie en pans de bois est faite en plâtre, peinte à l'huile trois couches, avec mouchetis tyrolien. Tête de cheminée en brique et ciment ; les refends sont en brique, enduits de plâtre. Le vestibule et la salle sont carrelés en carreaux rouges ; la remise est dallée en ciment ; l'écurie est pavée.
La couverture est en petite tuile à emboîtement ; les gouttières, tuyaux de descente et les raccords de couverture sont en zinc n° 12.
Tous les parquets sont en sapin rouge. Les planchers, la charpente du comble, auvents, escalier intérieur, la menuiserie sont en sapin.
La cheminée de la salle est en brique.
La quincaillerie ordinaire.
Peinture, vitrerie, tenture.
Distribution.
Rez-de-chaussée : Ecurie, remise, vestibule, salle commune, caveau sous l'escalier, abri pour les voitures.
- Premier étage : Deux chambres et grenier.


  Cette autre édition de l'ouvrage présente plusieurs constructions villennoises de l'architecte :
- une villa et une maison normande de l'île,
- un chalet ;
- un pavillon pour la pêche ;
- une maison ;
- un pied à terre.



Nous reproduisons également quelques publicités, placées à la fin de l'une des éditions de cet ouvrage, car elles nous informent sur les équipements et les matériaux alors proposés pour l'aménagement des villas.

Cliquez ici puis sur la photo.

 

Les villas des fils Bourgeois



Lucien et Paul Edmond ont continué l'œuvre de leur père, dans le même style, mais en introduisant des innovations dans les procédés de construction.

 


La villa L'Heure Romantique de l'île de Villennes est l'une de leurs réalisations.

Ils ont également construit une villa de l'avenue Clémenceau ainsi que les bâtiments de la Plage de Villennes, dans l'île de Platais à Médan.

Art nouveau avec les architectes Barbaud et Bauhain et le sculpteur Rispal

Ces deux architectes, Edouard Bauhain et Raymond Barbaud, construisirent la villa Vista Bella de la rue de Poissy, dont ils confièrent des décorations à Louis-Jules Rispal.

 

Ils participèrent également, tous les trois, en 1901 à la réalisation de l'immeuble parisien "Art nouveau" du Syndicat de l'Épicerie, où se trouve, de nos jours, le Théâtre du Renard.

Edouard Bauhain (1864-1930)

Il étudia à l'école municipale des beaux-arts de Bordeaux (1883-1884) puis à l'École Nationale des Beaux-Arts de Paris de 1885 à 1890 ; il y fut l'élève d'André et reçut le prix des architectes américains en 1890. Il participa aux concours du Salon des Champs-Élysées en 1893 et à celui de l'Exposition universelle de Paris en 1900. Il s'installa à Paris dès 1894, mais il réalisa presque toute son œuvre des quinze premières années dans l'Ouest de la France, en Charente, à Bordeaux et dans le Poitou.

Raymond Barbaud (1860-1927)

Issu d'une famille de magistrats de Tarascon, il s'initia aux arts du dessin et de la pierre dans différents ateliers parisiens de 1883 à 1890. Il réalisa des maisons ouvrières, des immeubles de rapport à Paris et en banlieue, des pavillons aux expositions de Paris (1900), de Gand, de Liège et de Turin. Il restaura et transforma des édifices religieux : Notre-Dame de Chastres près de Cognac et Notre-Dame d'Obezine à Angoulême. Grande médaille d'or d'architecture au salon de 1891, Raymond Barbaud fut chargé d'enquêtes judiciaires ou officielles de 1905 à 1926.

L'association des deux architectes

Ces deux architectes, associés jusqu'en 1910, furent primés au concours pour l'université de Californie à Berkeley, en 1898-1899. Ils construisirent des monuments, des villas, des immeubles de rapport (dont plusieurs à Paris), des hôtels de voyageurs (à Bayonne, Bordeaux, Angoulême, Poitiers), des brasseries (à Bordeaux, Cognac et Paris), le siège de la chambre de commerce d'Angoulême et celui du Syndicat de l'épicerie ; ils aménagèrent le casino de La Baule.

Leur intervention se limita souvent à une restructuration plus ou moins profonde, en particulier dans le cas des hôtels ou de châteaux du Bordelais. Edouard Bauhain fut aussi l'architecte d'habitations à bon marché (HBM) parisiennes. Eclectiques, rompus au style Louis XVI, Bauhain et Barbaud intervinrent sur des bâtiments classiques ou néoclassiques, ajoutant souvent une touche de modernité de style Art nouveau (par exemple, pour la façade de la chambre de commerce d'Angoulême). Ils réalisèrent également le grandiose Palais de l'Agriculture, recouvrant le bassin de l'Arsenal, près de la Bastille, en s'inspirant du Grand Palais, 10 ans après sa construction. Les deux architectes construisirent également quelques églises en Charente.

Jules-Louis Rispal (1871-1909)

L'auteur du bas-relief de la villa Vista Bella exposa au salon des artistes français, de 1893 à 1907.

Il reçut plusieurs récompenses, dont une mention honorable en 1899 et 1900, lors de l'Exposition Universelle.

 

Outre ses ornementations de façades d'immeubles et de villas, sa signature figure sur des cheminées et d'autres productions, en particulier des boîtes, des vases et des pichets en étain.




Claude Parent (1923-), l'architecte de l'oblique

Professeur à l'École spéciale d'architecture à Paris, il obtint le grand prix national de l'architecture en 1979.

Président de l'Académie d'architecture puis membre de l'Académie des Beaux-Arts depuis 2005, cet architecte contemporain fut "un grand pourfendeur du classicisme bourgeois mais aussi du mouvement moderne issu de la pensée de Le Corbusier".

  Il fut nommé dans la Légion d'honneur, Officier en 1990 puis Commandeur en 2010.
 

 

Il n'a conçu qu'une seule maison à Villennes. Sa construction ne fut pas achevée, un litige opposant l'architecte aux commanditaires.

Cliquez sur la photo pour obtenir des précisions et, éventuellement, en voir des plans.

A l'occasion de l'exposition "Claude Parent, l'œuvre construite, l'œuvre graphique", qui s'est tenue au premier semestre de l'année 2010 à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine, son président François de Mazières présentait ainsi l'architecte :

Son activité d'architecte, qui commence en 1953 pour s'arrêter il y a une dizaine d'années seulement, compte presque autant par sa production de bâtiments devenus des icônes architecturales : il suffit de citer la Maison Drusch à Versailles, l'église Sainte-Bernadette du Banlay à Nevers ou le Pavillon de l'Iran à la Cité universitaire internationale [...] que par les rencontres qui l'ont marqué. Des rencontres avec des personnalités aussi variées qu'André Bloc, Ionel Schein, Nicolas Schöffer, Yves Klein, Sylvia Monfort, Jean Tinguely.

Chacune d'entre elles aura déterminé des pans entiers, des « périodes » pourrait-on dire, de la production d'un architecte qui aura été et demeure également un dessinateur hors pair, ainsi qu'un polémiste, caricaturiste à ses heures.

Autant de facettes d'une œuvre qui aura interrogé, voire dérangé, ses contemporains. Ce qui explique peut-être que la reconnaissance de Claude Parent ne vienne qu'aujourd'hui à la faveur de cette grande rétrospective que lui dédie la Cité de l'architecture & du patrimoine, qui est aussi la première.

Une telle reconnaissance consacre d'abord l'influence croissante de celui qui fut d'abord un avantgardiste quasiment « marginal » et que l'actualité a replacé au cœur des débats architecturaux du moment. Il est à ce titre éminemment symbolique que Jean Nouvel, dont la carrière a commencé dans l'agence de Claude Parent, soit le scénographe de l'exposition, après avoir dédicacé à ce dernier son projet pour la Philharmonie de Paris.

 

 

Cliquez sur l'image de l'affiche pour lire d'autres commentaires sur la vie et l'œuvre de Claude Parent.


 

Il développa, notamment, une culture de l'oblique en rupture avec le traditionnel plan horizontal. Ce projet fut porté par une grande inspiration utopique et sociale, en collaboration avec Paul Virilio qui fut professeur, en même temps que lui, à l'École spéciale d'architecture à Paris.

N'a-t'il pas déclaré "C'est Haussmann le criminel ! Penser que le même appartement se répète sur dix étages, c'est désespérant ! Résultat : on ne supporte plus de prendre l'ascenseur avec son voisin. Il faut trouver un moyen de bousculer les gens. Si on les met tous en pente, ils vont être déstabilisés, se toucher, penser autrement leur corps et leur rapports..." ?

Néanmoins, sur l'injonction de son épouse, il remit d'équerre les planchers de sa maison de Neuilly ...

Les paysagistes et jardiniers


Edouard Redont (1862 - 1942)

 

Architecte-paysagiste, il était originaire à Champigny, une ville proche de Reims. Né d'un père lessiveur et d'une mère buandière, il commença à travailler, dès l'âge de treize ans, chez un paysagiste parisien dont il prit la succession en 1892. Il possédait à Champigny des pépinières et une ferme.

 
  Il travailla pour les grandes maisons de champagne (Pommery, Werlé, Plé-Pipper, Veuve Cliquot) et réalisa, notamment, le Parc Pommery, devenu récemment le Parc de Champagne, qui associait installations sportives et parc paysager à l'anglaise. Il fut créé pour le marquis Melchior de Polignac, propriétaire de la maison Pommery, qui souhaitait offrir à ses employés un lieu pour leurs exercices sportifs.

Il réalisa également deux parcs à Istanbul pour le sultan et le parc Bibesco à Craïova, en Roumanie (ci-contre).

 

  A Villennes, A Villennes, il fut vers 1913 le paysagiste de l'île et celui du parc de la villa Le Manoir.

Il travailla pour plusieurs célébrités de la mode : la couturière Jeanne Paquin à Saint-Cloud et les frères Révillon, fourreurs, à Poissy dans le parc de leur château de la Coudraie. Il créa les jardins du lycée Lakanal, à Paris, en 1902-1903.

Parmi les autres réalisations de parcs et de jardins d'Edouard Redont :

- à Epernay, le jardin public Le Jard et le parc de la Veuve Maigret, qui produisait l'alcool Rex dans les années 1920,
- le domaine du Bois d'Aucourt, à Pierrefonds (Oise), en 1911, pour Gustave-Adolphe Clément-Bayard, constructeur d'automobiles, de dirigeables et d'avions,
- les châteaux de la Bove à Bouconville-Vauclair et de Marchais (Aisne),
- les châteaux de Dampont et celui de Dancourt à Us (Val d'Oise),
- le château de Boissettes (Seine et Marne),
- le château d'Hendecourt (Pas de Calais).

Il conçut, en 1911, le projet de la cité-jardin du Petit Groslay. au Blanc-Mesnil (Seine Saint Denis).

Toutefois, le décès du propriétaire du terrain et la guerre ne permirent qu'un lotissement ordinaire.

 

Jusqu'à la première guerre mondiale, Edouard Redont suivit la vogue des jardins paysagers de la fin du XIXème siècle, succédant à Edouard André et à Barillet-Deschamps dont il se recommandait. Il établit les dossiers de dommages de guerre des parcs et jardins qu'il avait réalisés auparavant.

Edouard Redont fut l'un des fondateurs, en 1911, de la Société Française des Urbanistes. Cette association professionnelle d'une nouvelle faire face au développement des villes, rendu souvent anarchique par l'industrialisation. Elle participa, activement, à la création des premières lois d'urbanisme et à la reconstruction après la première guerre mondiale.

Balade dans Villennes

Les noms de villas

Beaucoup d'autres noms peuvent être observés, sur des supports très divers, au cours de promenades dans les rues et les chemins de Villennes.

 

Environ 160 maisons, cossues ou modestes, ont conservé un nom de villa de vacances ou de week-end.

Cliquez sur la photo pour voir le "diaporama", qui montre la variété des origines de ces noms.


Les portails à auvent

De nombreuses villas de Villennes, dont les architectures sont très diverses, ont une caractéristique commune :

elles possèdent un portail en bois, abrité par un toit couvert de tuiles ou d'ardoises, plus rarement de chaume.

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Les tours et tourelles

 

Diverses maisons présentent un autre élément architectural typique : une tour, le plus souvent à section carrée, surmontée d'un toit pyramidal plus ou moins pentu.

Un même architecte semble avoir conçu celles du chemin de la Nourrée et d'au moins une autre, bâtie dans l'ancien Parc du château.

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D'autres villas, situées dans la rue des Iselles et dans la route de Poissy, à proximité du débouché de celle-ci, se caractérisent par une tourelle.

Quel propriétaire a, le premier, choisi ce symbole, et a ensuite été imité par ses nouveaux voisins ?

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Les villas abandonnées et disparues

Quelques maisons ont parfois été victimes des intempéries, en raison de leur situation. A notre connaissance, aucune des villas touchées par les fréquentes crues de la Seine n'a subi de dégâts irréparables.






Par contre, une villa menacée par l'effondrement du terrain, où elle a été bâtie sur le flanc du coteau, a dû être abandonnée. Elle a été remplacée par deux grandes maisons.

Quant à sa voisine, sa construction est restée inachevée (voir ci-dessus à propos de son architecte, Claude Parent).

Elle a été démolie en 2013 ; les fondations de la prochaine construction devront être très solides.



Les maisons de gardien

 

Quelques belles villas disposent d'une maison de gardien, construite dans le même style.

Aujourd'hui, certaines d'entre elles constituent de très agréables résidences principales ...

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Les carrelages des villas

Au cours de nos visites des villas remarquables, nous avons collectionné pour vous les images de leurs carrelages anciens.