Les contrats de vente à la commune des parcelles de terrains, sur lesquelles la rue de la Ravine a été construite, complétés par les actes d'état-civil, nous font connaître les familles qui les ont possédés.

Propriété Lamiraux

Eugène Joseph Lamiraux a vendu plusieurs parcelles que son père et sa mère (issue de la famille Martin de même qu'au moins l'un des précédents propriétaires) avaient acquis ou dont ils avaient hérité.

L'un de ces terrains avait appartenu à l'un des fils du maire François Simon, qui s'était installé à Paris, rue des Marais, pour exercer sa profession de courrier de malle.

D'après le Bulletin linguistique du département d'études françaises et de traduction de l'Université Laurentienne (Canada) de décembre 1995, le mot anglais "mail", qui a donné récemment "e-mail", traduit en français par "mél", vient du mot français "malle", qui a été emprunté par les anglais au XIIe siècle. Ce terme désignait d'abord un sac en cuir, puis un coffre en bois servant à emporter des affaires, puis la voiture qui transportait les malles. La malle-poste était la voiture transportant le courrier. Ce dernier terme, emprunté à l'Italie, a supplanté "malle", lorsque des moyens de transports modernes ont remplacé les voitures tirées par des chevaux.

Le "courrier de malle" était un cavalier chargé de transporter les paquets de lettres d'un bureau de poste à un autre, comme l'explique le site Internet du Musée de la Poste. Il utilisait une trompette pour annoncer l'arrivée de la malle aux relais afin que l'on prépare des chevaux frais.


Un autre propriétaire précédent, Michel Dominique Martin, fils des villennois Augustin Martin et Marie Jeanne Huguette Voyer, était marchand pâtissier à Paris, où il habitait Place de l'hôtel de ville.  

Propriété Martin

Lucile Zoé Martin, propriétaire d'un des terrains, dont elle avait hérité de ses parents, avait épousé un autre Martin, prénommé Marin.

Propriété Tricot

Le terrain de Marie Anne Charlotte Martin, veuve de Noël André Tricot, sur lequel sa maison était construite, provenait de la succession de son grand-père paternel, agriculteur.

L'épouse de celui-ci avait pour parrain un écuyer du duc Dayem, résidant à Versailles. La marraine de la mère de Madame Tricot était Catherine Gouin, la femme d'Henry Lelarge, le fermier de Marolles et maire de Villennes de 1800 à 1805.

Propriété Rivierre

L'arrière-grand-mère d'un des propriétaires du terrain était issue de la famille Martin.

Louis Charles Rivierre, maçon, avait épousé une blanchisseuse, vraisemblablement de Triel, tandis que sa sœur s'était mariée avec un marchand de vins. On sait que son grand-père était cultivateur ; son père et ses autres aïeux devaient l'être également.

François Julien Rivierre était, comme son grand-père maternel et vraisemblablement son père, jardinier au château d'Acqueville, où ils se succédaient de père en fils.

Propriété Parvery

Les 3 précédents propriétaires des parcelles appartenant à Jean Louis Denis Parvery et à son épouse, née Martin, étaient également issus de la famille Martin : Sophie Suzanne Eléonore, Constance Léonie et Geneviève Augustine Duteil (fille de Marie Suzanne Martin).

Jean Louis Denis Parvery, qui a été maire de Villennes de 1861 à 1866, était carrier comme son père ; son fils a également exploité les carrières à Villennes puis à Médan. Cliquez ci-après pour consulter l'histoire de la famille Parvery, les carriers et plâtriers de Villennes.

Les précédents propriétaires étaient cultivateurs à Villennes ou à Vernouillet.

Propriété Henry

Victor Henry et son épouse étaient des parisiens, qui demeuraient rue Jean-Jacques Rousseau. Après le décès de son époux, maître d'hôtel, Madame Henry a habité Place Dauphine. Leur terrain se situait au lieudit "Les Closeaux".

Quel était l'objectif de leur acquisition de 7 parcelles de terre entre mars 1867 et octobre 1878 ?

Parmi les précédents propriétaires, plusieurs étaient cultivateurs à Villennes ou à Médan. L'un était maçon.

On peut noter également que :

- Théodore Auguste Conté avait une tante, épouse de François Simon, percepteur et maire de Villennes.

- Pierre Claude Gaury était un fils de Marie Adélaïde Martin.

 

La famille Martin

Les propriétaires

Martin est le nom de famille le plus porté en France. A Villennes 234 personnes ayant ce patronyme ont fait l'objet d'un ou de plusieurs actes d'état-civil jusqu'au XXe siècle ; les Duteil, avec 267 personnes, étaient toutefois plus nombreux (27 filles Duteil ont épousé des Martin).

A part 10 d'entre eux décédés au 17ème siècle, dont la date de naissance n'est pas connue, voici comment se répartissent leurs dates de naissance dans le temps :

siècle
XVIe
XVIIe
XVIIIe
XIXe
nombre
1
48
118
58

Les Martin représentent près de 5 % des 4820 personnes connues grâce aux registres des naissances (ou baptêmes), des mariages et des décès de ces époques. Ce nombre ne suffit pas à expliquer qu'une ou plusieurs personnes nommées Martin aient été propriétaires de chacune des parcelles traversées par la rue de la Ravine.

Sans établir la généalogie assez complexe de tous les Martin de Villennes, nous pouvons supposer qu'un seul M. Martin possédait tous les terrains concernés au XVIIe ou au XVIIIe siècle et que ceux-ci ont été, au cours du temps, de plus en plus divisés lors des partages entre les enfants et des successions.

Les dates de naissance des trois Martin les plus anciens (une femme et deux hommes) décédés à Villennes, n'étaient pas connues précisément. Voici leur année de naissance, estimée d'après leur âge à leur mort, le nom de leur conjoint et le nombre de leurs enfants.

- Gillotte : 1580, Marin Pion, ou ou deux enfants,
- Philippe : 1606, Gervaise Duteil, 6 enfants dont 3 garçons sans prénom, vraisemblablement décédés à la naissance ou peu après,
- Raimond : 1618, Marie Caudon, 4 enfants.

Les Martin dans l'administration de la commune

Plusieurs Martin ont été conseillers municipaux. L'un d'eux, Pierre Auguste, a été maire en 1883 et 1884, mais ce n'est pas lui dont une petite rue perpétue le souvenir.

Bien qu'il n'était pas né ni décédé à Villennes, Léon, qui était entrepreneur, a donné son nom à la rue qui longeait sa maison. A-t-il fait don à la commune du terrain, où elle a construite, ou ses activités au conseil municipal ont-elles justifié cet honneur ?

Il a fait partie de diverses commissions :

- commissions administratives des établissements charitables (il a été responsable du Bureau de bienfaisance),

- commission municipale scolaire.

Il a été, pendant quelques années, chargé de la révision des listes électorales consulaires, pour l'élection des juges du Tribunal de Commerce de Versailles.

Emile, qui était entrepreneur de travaux publics et a réalisé des travaux de terrassement de nouveaux chemins, surveillait, ainsi que Victor, les travaux des chemins vicinaux et assistaient à leur réception.

Emile Martin était le locataire du grenier de l'ancienne maison presbytérale, où a été créé le logement du facteur boîtier en 1881.

Victor et Emile ont également été membres de la commission de jugement des réclamations relatives à la révision de la liste électorale.

Pierre Auguste (le futur maire) a prêté de l'argent, en mai 1867, à la commune ainsi qu'un autre conseiller municipal, Lucien Gaury, pour la réparation des chemins vicinaux.

Jean Philippe a été nommé garde messier surveillant. Le Dictionnaire de l'administration française (Maurice Block, 1995) définit ainsi la fonction de garde messier :

A l'époque des moissons, les communes ou les propriétaires donnent aux gardes champêtres des aides qu'on nomme gardes messiers ou gardes champêtres adjoints. Leurs fonctions consistent à surveiller les moissons pendant qu'elles se font ; elles cessent lorsque celles-ci sont finies. Ils sont rétribués par les propriétaires ou par les communes.

Querelles et faits divers

D'autres Martin ont laissé leur nom dans les archives municipales :

- Lucile, femme de Marin, a déclaré, en mars 1840, le vol d'une chaudière un peu fêlée, d'une assiette et d'un couloir à passer du lait, qui étaient dans sa cour ; en octobre 1745, ce sont 9 chemises d'homme et 11 chemises de femme qu'on lui a volées.

- l'épouse de Jean Charles, a porté plainte, en août 1840, contre son voisin (vraisemblablement l'un des propriétaires cités ci-dessus, dont l'épouse était née Martin ...), qui avait tiré un coup de fusil sur son chien ; le maire a demandé au préfet son internement dans une maison de santé.

- Charlotte, l'épouse de cette personne irascible, a dénoncé, en mars 1844, une femme et sa fille qu'elle avait vues voler un paquet de bois sur la place de l'église, alors qu'elle était prête à se mettre au lit chez Louis Paul Martin.

- Eléonie, a porté plainte contre une demoiselle qui l'avait injuriée et menacée de mort, alors qu'elle allait payer ses impositions.

- La commune a dû payer un dixième de la dépense relative à l'internement de Félicité, veuve d'un Martin, dans la maison d'aliénés de Clermont (Oise), où elle est décédée.

- M. Bodin, marchand de vins, a porté une réclamation contre Emile, qui aurait ouvert sans autorisation une porte "accédant sur la place de Villennes".