Cette famille a été propriétaire du domaine d'Acqueville de 1801 jusqu'aux années 1980.

Le Général de Latour de Foissac et ses fils

Le Général François Philippe de Latour de Foissac et ses deux fils ont procédé à la reconstruction du château et des divers bâtiments du domaine.

Voici les principaux faits de leur vie, notamment de leur carrière militaire.

 

François Philippe de Latour de Foissac

Général, il naquit le 11 juillet 1750 à Minfelden (diocèse de Spire), dans une famille de soldats :
- son arrière-grand-père avait été tué à la déroute de Trèves (1675) comme commandant du 2ème bataillon du régiment de Normandie,
- son grand-père avait été lieutenant-colonel à Phalsbourg,
- son père, Jean François, successivement capitaine au régiment de Bassigny, puis au régiment d'Alsace, avait été retraité avec une commission de lieutenant-colonel.

Sorti de l'école du Génie de Mézières, François Philippe devint lieutenant de l'armée le 1er janvier 1770. Pendant plusieurs années, il leva le cours du Rhin, rédigeant des mémoires d'attaque et de défense pour les rives de ce fleuve frontière.

Promu capitaine le 1er janvier 1777, il participa à la guerre d'indépendance américaine. Nommé, à son retour, chef du Génie à Phalsbourg, il construisit la fontaine royale, ouvrage hydraulique qui fut alors considéré comme un chef-d'œuvre, et rédigea pour l'instruction des jeunes officiers trois volumes sur la guerre de sièges.

Au moment de la Révolution, capitaine de la Garde Nationale du canton de Phalsbourg, il devint membre du directoire du département de Meurthe. Tout en se montrant favorable aux idées nouvelles, il eut un rôle modérateur et protégea notamment les membres de la colonie israélite locale. Les hostilités contre l'Autriche et la Prusse le rendirent à la vie militaire et accélérèrent son avancement, puisqu'il devint successivement adjudant-général lieutenant-colonel (février 1792), adjudant-général colonel (août 1792) chef de brigade (mars 1793), général de brigade provisoire (mars 1793).

Pendant la terreur, il fut suspendu, arrêté à deux reprises et subit 16 mois d'emprisonnement. Le 18 novembre 1794, le comité de Salut Public le réintégra comme chef de bataillon, mais il finit par obtenir l'homologation de sa nomination au grade de général de brigade, en mai 1795. Il servit ensuite comme général de division à Paris, à l'armée des côtes de Cherbourg, à la tête de la 15ème division militaire à Rouen. Le fait qu'il avait eu un beau-frère émigré le fit suspecter par le directoire et il ne put ni suivre Aubert-Dubayet comme ambassadeur à Constantinople, ni partir lui-même comme ambassadeur en Suède. Nommé, en octobre 1797, à l'armée d'Allemagne, il prit prétexte de ses mauvais rapports avec Augereau pour demander son affectation à l'armée d'Italie.

Gouverneur de Mantoue lors de l'invasion de la péninsule par les Austro-Russes en 1799, il dut défendre, dans des conditions très difficiles, la place contre Kray, car il avait 2 000 hommes aux hôpitaux, et devait lutter contre l'hostilité des habitants. Le 30 juillet 1799, il capitula, conformément à l'opinion de la grande majorité des membres du conseil de défense de la place, et obtint les honneurs de la guerre.

La reddition de Mantoue, représentée sur un tableau d'Hyppolyte Lecomte, atterra l'opinion publique française, sensibilisée par toute une série de défaites, et Foissac Latour fut soupçonné de trahison. Un arrêté des Consuls le destitua et lui interdit le port de l'uniforme (24 juillet 1800).

 

C'est à cette époque qu'il acheta le château d'Acqueville ; il y décéda le 11 février 1804 quelque mois après sa femme. Ils furent inhumés dans la chapelle du château. Il avait eu deux fils, de son mariage avec Rosalie Elisabeth Mathis : Antoine et François.

Antoine Henri Armand Jules Elisabeth de Latour de Foissac

Baron puis vicomte, général, né à Molsheim (Bas-Rhin) le 3 février 1782, il était le fils de François Philippe et de Rosalie Elisabeth Mathis.

Il entra, comme soldat, au 21ème chasseurs à cheval, le 16 novembre 1795, et devint, quelques semaines plus tard, sous lieutenant au 9ème hussards et aide de camp de son père, qu'il suivit jusqu'à sa destitution, avec le grade de lieutenant, puis capitaine.

La disgrâce paternelle ne semble pas lui avoir nui, puisque, successivement, les généraux Meyer et Léopold Berthier le choisirent comme aide de camp. C'était d'ailleurs un rude sabreur : le 17 juin 1807, en avant de Stakfaken, il chargea l'ennemi, avec succès, à la tête de son escadron, qui formait l'avant garde de la division Lasalle ; à Eckmühl (1809), il fut blessé d'un coup de sabre et, à Wagram d'un coup de feu à l'épaule gauche ; dans les rencontres de l'époque, il eut trois chevaux tués sous lui.

Il partit ensuite (1811) pour l'Espagne et le Portugal, comme major, et fut promu colonel du 16ème régiment de chasseurs à cheval (26 février 1813). Avec son unité, il fit la campagne de Saxe (1813), puis celle de France, à l'issue de laquelle, quelques jours avant la première abdication de Napoléon, il fut promu général de brigade (15 mars 1814). La 1ère Restauration fit de lui un lieutenant aux gardes du corps.

Pendant les cents jours, il excipa de son état de santé et de l'urgence d'une cure à Bourbonne pour ne pas répondre à deux convocations successives. Louis XVIII, revenu, récompensa cette réserve et le nomma successivement commandant du département de la Gironde (juillet 1815), chef d'état major de la 2ème division de Cavalerie de la garde royale (septembre 1815), baron (1816), vicomte (1817), chef du personnel au ministère de la guerre (1820 - 1821).

Il commanda la cavalerie de la garde royale à l'armée des Pyrénées, servit en Espagne (1823 - 1825) et se signala particulièrement à Tarifa. Revenu de la péninsule comme lieutenant général, il devint membre du conseil supérieur de la guerre (11 mai 1827), commandant de la 2ème division de cavalerie de la garde (5 août 1826), commandant par intérim de la 14ème division militaire (mai 1830).

La monarchie de juillet le mit en disponibilité (août 1830), puis à la retraite (1832). Il mourut à Rouge Maison, commune de Vailly (Aisne), le 25 mars 1855. Avec lui s'éteignit la descendance mâle des Latour Foissac. Le nom du général de Latour de Foissac est inscrit sur l'arc de Triomphe.

François Marie Louis Victor de Latour de Foissac

Colonel, né à Phalsbourg (Moselle) le 6 décembre 1784 fils de François Philippe, alors capitaine et de Rosalie Elisabeth Mathis.

Il s'engagea, le 1er avril 1799 au 7ème régiment de dragons et devint, le mois suivant, sous lieutenant et aide de camp de son père. A ce titre, il participa à la défense de Mantoue, assiégée par les Autrichiens.

Guide du Maréchal Bernadotte (4 janvier 1805), il passa, deux mois plus tard, à la légion hanovrienne puis, comme sous lieutenant, au 13ème dragons qui combattait en Prusse et en Pologne. Le 14 avril 1807, il devint lieutenant, aide de camp du général Dumoustier. Il suivit son chef en Espagne, participa au siège de Saragosse puis, après une campagne en Autriche (1809), retourna dans la péninsule ibérique.

Tout en restant aide de camp, il fut successivement promu capitaine (20 avril 1809), puis chef d'escadron (6 avril 1813) et chef d'état major de la 9ème division militaire (9 juillet) ; il eut ensuite les mêmes fonctions à la 3ème division de réserve à Montpellier (décembre).

Lors de la 1ère Restauration, Foissac Latour fut fait sous lieutenant aux mousquetaires de la Garde et chevalier de Saint Louis. Après les Cents jours, il fut promu lieutenant colonel au 2ème régiment cuirassiers de la Garde (12 octobre 1815). Breveté colonel dans la ligne (1er juillet 1818), il reçut, le 8 août 1820, le commandement du 1er régiment de cuirassiers de la Reine.

Il se retira du service vers 1828 et mourut le 19 août 1851 au château d'Acqueville. Il a eu avec Marie Augustine Louise Berger deux filles : Marie Julie Esther a hérité du domaine d'Acqueville ; Victoire Marie Adélaïde Marthe, née le 29 juillet 1832, a épousé Jean Camille Eugène du Courthial de Lassuchette, le 31 mai 1852. Des démarches furent faites en 1878 par les Courthial de Lassuchette, pour reprendre le nom de leurs ancêtres maternels.

Généalogie

Le tableau suivant montre, en particulier, les propriétaires successifs du domaine ainsi que le lien entre les de Latour de Foissac et les du Courthial de Lassuchette. Il indique également les 13 membres de la famille, qui reposent dans la crypte de la chapelle du domaine d'Acqueville.



D'autres personnes de la famille du Courthial de Lassuchette ou apparentées sont inhumées dans deux caveaux du cimetière de Villennes.