Le plan d'alignement des rues de Villennes, établi en 1862, nous permet de savoir qui était alors propriétaire de chaque maison, située en bordure d'une des rues concernées.

Nous nous intéressons particulièrement ici aux habitants des maisons qui ont disparu en 1869, lors de l'incorporation de leur terrains au parc du château, à l'occasion du raccordement de la rue Parvery et de la rue de l'école.

Leurs noms figurent sur l'extrait annoté, ci-après, du plan d'alignement de ce quartier (avec l'orthographe, parfois erronée, du plan). Nombreux d'entre eux et de leurs prédécesseurs font partie d'anciennes familles de Villennes (Duteil, Rivière, Beaugrand, Giraux, Lamirault, ...), dont plusieurs ont participé à la gestion de la commune, des conseillers municipaux et des maires en ayant été issus (Rivierre, Gaury, Parvery, Redaux, Martin).

Le contrat entre la commune et Marie Henriette Paradis, relatif à l'échange entre la nouvelle rue créée et les anciennes intégrées au parc, contient les origines des propriétés qui avaient été acquises par son père, Jean Baptiste Paradis.

Nous avons ainsi des informations sur leurs propriétaires successifs, complétées par celles issues des actes d'état-civil, et nous connaissons notamment la profession de quelques uns d'entre eux (en cas de différence sur les noms ou les prénoms entre ce contrat, dans lequel sont recopiés d'autres actes notariés avec des erreurs, et les actes d'état-civil, nous retenons les données de ces derniers).

Propriété Lenôtre

Cette maison, située rue de l'Eglise ou place de la ruelle n'appartenait pas, contrairement aux autres, à des personnes ayant passé toute leur vie à Villennes et la transmettant à leurs enfants. Elle a changé fréquemment de propriétaires ; notamment deux d'entre eux, l'un de Poissy, l'autre de Paris, vivaient de leur patrimoine immobilier. Le premier, Nicolas Armand Souhard, a été propriétaire de 1805 à 1811 de l'ancien presbytère. Il se peut qu'il ait été le frère du meunier de Villennes, Jean Baptiste Souhard, né le 23/2/1763 à Poissy.

Les derniers propriétaires étaient cultivateur et journalier. Après la vente de la maison, Joseph Lenôtre est devenu marchand de vins.

L'un des propriétaires, Pierre Marcel, était perruquier. Quel crime l'a conduit au bagne de Toulon ? Des recherches nous sont encore nécessaires pour le savoir. Son épouse s'est alors séparée de lui de corps et de biens ...

Propriété Pottier-Beaugrand

Un immeuble sis au lieu dit "Le Coulet", composé de bâtiments d'habitation, d'une grange, d'une écurie, d'une cour et d'un jardin, a eu les propriétaires suivants :

Dans ces familles qui comprenaient de nombreux cultivateurs, on n'allait pas très loin pour trouver un conjoint : à Médan ou à Vernouillet, si ce n'était pas à Villennes même.

L'un des Martin (dont la mère avait également le même nom) s'est installé comme tonnelier à Saint Germain en Laye ; à cette époque, il y avait encore de nombreuses vignes dans la région, y compris à Villennes.  

Propriété Thuret

La famille Thuret possédait une maison avec cour et jardin, située au lieu dit "La place de la Ruelle". Elle est issue, par alliance, de la famille Rivierre, dont des descendants habitent toujours le même quartier de Villennes.

On trouve également des tonneliers dans la famille Thuret : ce sont deux frères, l'un établi également à Saint Germain en Laye, l'autre étant resté à Villennes.

Contrairement à la plupart des habitants du village du 19ème siècle, qui y passaient toute leur vie, deux autres de leurs frères ont eu une profession les faisant résider à quelques dizaines de kilomètres :

- Jean Charles Ambroise habitait à Boulogne, car il travaillait à Auteuil : il était contrôleur des omnibus, dont le siège s'y trouvait "voie ferrée, Bureau des fortifications de Paris". Il s'agit vraisemblablement de la Compagnie Générale des Omnibus, créée en 1855, ancêtre de la RATP, qui faisait alors circuler sur des voies ferrées des tramways tirés par des chevaux.  
- François (selon la copie de l'acte notarié) ou Firmin (selon l'état-civil) était cocher d'un médecin de Maisons Laffitte, M. Tavelle.  
  Le plus jeune des 5 frères, propriétaire avec sa mère de la maison, au moment de sa vente, travaillait alors comme tailleur de pierres.

Propriété Lesieur-Grappin

Madame Grappin, née Lesieur, possédait une maison avec cour et jardin. Après le décès de son premier mari villennois, elle a épousé un cultivateur d'Ecquevilly, où elle s'est installée.

Propriété Rivierre

L'immeuble de M. Etienne Vincent Rivierre et de sa deuxième épouse, contenant un are quarante centiares, était composé de bâtiments d'habitation, d'une grange, d'une cour et d'un jardin.

Il en avait hérité de son père qui l'avait acheté, lors d'une vente aux enchères, des frères Lamirault. Deux d'entre eux habitaient à Paris (rue du bon marché Boulainvilliers et rue de la Madeleine), où ils travaillaient comme bouchers.

Le troisième, alors mineur, avait comme tuteur Jean Charles Thuillier, cultivateur à Villennes.

 

Propriété Blouin

La maison de M. Jean Marie Blouin et de son épouse était située au lieu dit "Le rû" ; le terrain avait une superficie d'environ 3,57 ares. Ils les avaient acquis de la famille Duteil-Brière, qui comprenait de nombreux cultivateurs.

Jean Marie Blouin était un ouvrier agricole qui, comme quelques autres nouveaux habitants du village, avait quitté le nord de la Bretagne pour travailler dans l'une des fermes de Villennes.

Propriété Parvery

Cette maison sise au lieu dit "La croix boisée" comprenait une écurie, une cour et un jardin.

L'ancien maire de Villennes, ancien carrier et maître plâtrier, Jean Louis Denis Parvery, l'avait acquise presque 6 ans avant de la céder à M. Paradis. Elle n'avait pas changé fréquemment de propriétaire.

Elle avait appartenu à deux familles de cultivateurs : Redaux et Lesieur. La fille de M. et Mme Lesieur, née et décédée à Villennes, a passé une partie de sa vie à Saint Germain en Laye, où elle habitait avec son mari, entrepreneur de maçonnerie.

Cliquez ci-après pour consulter l'histoire de la famille Parvery, les carriers et plâtriers de Villennes.

Propriété Giraux

La maison d'habitation de la famille Giraux, en mauvais état, était également située au lieu dit "La croix boisée" ; sur son terrain, se trouvaient une grange, un hangar et une écurie. Elle a eu les propriétaires suivants :

Les membres des familles Duteil et Giraux étaient cultivateurs comme leurs voisins.

Un marchand fruitier est à noter au 18ème siècle.

 

Ils quittaient volontiers Villennes pour trouver leur conjoint (Orgeval, Feucherolles) ou même pour travailler la terre (Montfort Lamaury). La consultation des archives municipales de Vernouillet devrait nous renseigner sur leur lien avec la famille Bouffard, qui vivait également de l'agriculture dans cette commune.

Propriété Lesieur

La nouvelle voie reliant la rue Parvery et la rue de l'école a été construite sur le terrain de Madame Geneviève Lesieur et de son fils, François Aimé Lesieur. En échange des 300 m2 qu'ils ont cédés, ils ont obtenu une portion de terrain à l'angle de la nouvelle rue et de la rue du Rû, de même contenance, provenant de la propriété Rivierre.

Les petits-enfants d'Henry Martin, cultivateur, se sont établis hors de Villennes :

- l'une des filles a épousé un concierge, travaillant et demeurant à Paris,

- l'autre y a été employée comme femme de chambre.

- leur frère est devenu meunier à Jambville, dans le canton de Limay, près de Mantes.

 

Une famille de maçons leur a succédé. Le père, maître maçon, est décédé accidentellement, peut-être sur l'un de ses chantiers. Le fils a épousé la fille d'un plâtrier de Beaulieu.