Les loisirs villennois de l'été 1914
La pêche
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Un concours de
pêche a eu lieu en juin. Les participants ont défilé derrière la bannière de l'association des pêcheurs. |
Après la fête nationale, la fête communale
Fin juillet 1914 : Villennes prépare sa fête du 9 août.
M. Simon ne sera pas disponible pour installer, comme d'habitude, son manège de chevaux de bois. Le maire s'adresse à un autre propriétaire de manège de Saint Germain-en-Laye puis à celui qui doit venir à la fête de Vernouillet. M. Sarrazin des Mureaux est déjà arrivé pour installer son "tir de salon" ; il reçoit un avertissement pour avoir mis sa voiture, contenant le matériel nécessaire, sur la place de la gare au lieu de la stationner sur le terrain communal situé en face. |
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La fête vénitienne que souhaitait organiser la Société Sportive et Nautique, fin juillet, est remise à une date ultérieure. Nous ne savons pas si la fête communale, qui se tenait traditionnellement le premier dimanche du mois d'août, a pu se dérouler en 1914 ; il n'en sera plus question pendant quelques années ... |
Développement de la circulation automobile
Les automobiles sont de plus en plus nombreuses dans la commune, comme dans toute la France (où leur nombre est passé de 3 000 à 108 000 depuis le début du siècle). Le maire intervient, à la demande de l'Administration, à propos des déclarations obligatoires de voitures automobiles.
Le propriétaire d'un véhicule a quitté la commune, en le laissant, sans toutefois avoir payé l'impôt sur les automobiles ; un autre doit compléter sa déclaration, en indiquant ses prénoms, la date d'acquisition ainsi que la marque des pneus... Un automobiliste conteste la contravention qui lui a été dressée, en avril, à Neuilly à l'heure où il se trouvait au casino de Courbevoie pour la répétition d'une pièce de théâtre (des témoignages écrits le prouvent) ; de plus sa voiture est rouge et non marron comme il est précisé dans la contravention ... La vitesse des automobiles a été limitée
à 15 kilomètres à l'heure dans Villennes
par un récent arrêté municipal. Le maire a
fait réaliser des plaques de tôle
émaillée pour faire connaître cette
décision et a demandé à des habitants de la
commune l'autorisation de les apposer sur leur maison. |
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Sur les conseils du directeur de l'Automobile-Club, le maire s'est adressé à MM. Solvay et Cie pour leur demander un produit permettant d'abattre la poussière (il ne sait pas s'il s'agit de chlorure de calcium ou de sodium; en fait c'est le premier, dont il commandera 200 kilos pour faire un essai).
La solution du goudronnage est choisie pour l'avenue du Président : la commune n'en paie que le quart, le reste du financement étant apporté par des riverains et par le Syndicat d'Initiative, qui est à l'origine de la demande.
Il s'agit d'une organisation très active, qui intervient notamment pour payer un deuxième garde-champêtre et pour faire améliorer l'état des chemins et des rues.
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Il contribue notamment à l'embellissement du « pittoresque » chemin du Raidillon, au sommet duquel un banc sera installé pour se reposer en contemplant le panorama sur Villennes et la Seine. Il intervient également pour la défense des intérêts des villennois (prix et qualité du gaz, délais téléphoniques, ...). Son président, Léon Francq, qui a joué un rôle éminent dans le développement des tramways et la construction des chemins de fer métropolitains, créera en 1922 la Société d'Electricité de Villennes. |
M. Alfred Laumonier, maire
Un courrier du maire, en date du 3 août, est le premier qui fait
référence à l'état de guerre.
Il demande l'autorisation de conserver son automobile, déclarée à Paris, au cas où elle serait réquisitionnée ; il en a besoin pour continuer à assurer les communications entre la commune et Versailles ainsi qu'avec les communes environnantes. Il s'agit d'une limousine de tourisme Renault (6 places, 16 chevaux, 4 cylindres). |
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Les lettres, écrites par Alfred Laumonier ou par le secrétaire de mairie, nous donnent des informations très précises sur la vie de Villennes pendant cette période troublée.
Alors qu'il est un propriétaire d'hôtel parisien puis maître d'hôtel, passant la belle saison à Villennes dans la villa qu'il y a fait construire, l'adjoint du maire, M. Lamiraux, qui le remplace pendant ses rares absences, est par contre issu d'une famille ancienne d'agriculteurs villennois.
Les armées à Villennes
Les G.V.C.
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Dès le début de la guerre, un cantonnement des Gardes des Voies de Communication est établi à Villennes pour la surveillance des voies ferrées. Il comprend 25 hommes qu'il faut nourrir. |
A plusieurs reprises, les restaurateurs de la commune seront réquisitionnés pour fournir 3 repas par jour : tasse de café et pain, déjeuner, dîner.Les menus et les rations du déjeuner de 11 h et du dîner sont invariablement les mêmes : 400 g de pain, 100 g de viande cuite avec le bouillon ou en ragoût, légumes assaisonnés, ¼ litre de vin.
En octobre 1914, les restaurateurs réquisitionnés pour les repas des G. V. C. ne peuvent plus s'approvisionner ; le maire réquisitionne le boucher, M. Seguin, le boulanger, M. Ouroux, et un agriculteur, M. Lamiraux, pour fournir respectivement de la viande de bœuf et de la graisse, du pain, des pommes de terre.
Ce n'est qu'en juillet de l'année suivante qu'ils pourront être payés ; les 6 restaurateurs refuseront la somme insuffisante de 2 F par jour qui leur sera proposée ; le maire écrira au juge de paix et à l'Intendant Militaire Adjoint du Camp Retranché pour obtenir le paiement des sommes dues.
En novembre 1914, des appartements sont mis à leur disposition, la commune payant le loyer et le chauffage. Un an plus tard, la commune ne pouvant plus financer le chauffage, le maire demandera à un propriétaire de l'île de mettre sa récolte de bois mort à la disposition des G.V.C.
Carte postale portant le tampon des
Gardes des Voies de Communication, cantonnés à Villennes :
Secteur B, Section L, Groupe 2, Poste 1
Le régiment d'infanterie
La première et la deuxième compagnie du 286ème régiment d'infanterie sont en cantonnement à Villennes à partir de juillet 1915. Le général est logé au château d'Acqueville mais les soldats doivent dormir sur de la paille chez des habitants ou dans deux maisons inhabitées réquisitionnées. Plusieurs fois, des bottes de paille de blé sont l'objet de réquisitions pour leur couchage ; selon une loi de 1877, les habitants qui les logent doivent fournir 850 g de bois par homme et par jour pour la cuisson des aliments. |
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Une conséquence de la présence de ce régiment sera bientôt le surmenage de plusieurs villennois, les porteuses de dépêches et le boulanger.
Mme Lepesant et sa fille sont malades par suite des fatigues éprouvées par le grand nombre de télégrammes à remettre à domicile. Le maire demande alors au colonel commandant du régiment de mettre un militaire cycliste à la disposition de la poste pour faire la distribution des dépêches. Il refuse la démission de la porteuse de dépêches, qui doit 6 semaines de préavis.
Quand le boulanger sera, à son tour, malade par suite de surmenage, le maire demandera un ouvrier-boulanger au préfet afin qu'il ne soit pas obligé de fermer sa boulangerie.
Au cours de l'été 1915, des villennois doivent également aider au transport des militaires.
Quatre bateaux de M. Maréchal, restaurateur, sont réquisitionnés. Trois cultivateurs doivent mettre une voiture à deux chevaux et un charretier à la disposition du colonel.
En septembre, l'officier d'approvisionnement du régiment reçoit une grande quantité d'équipements de couchage (845 paillasses, 863 sacs de couchage, 856 enveloppes de traversins, 2 229 grandes couvertures et 61 petites) ; 3 fournitures complètes d'infirmerie avec planches et tréteaux sont également livrées sous le préau de l'école des garçons. Ces fournitures sont certainement destinées à l'ensemble du régiment et n'ont pas pour but d'améliorer le confort nocturne des soldats logés chez les villennois, car une semaine plus tard ils auront quitté notre commune.
Nous ne connaissons pas la destination du régiment mais son origine, grâce au perruquier "Léon", qui a oublié sa boîte ; rapportée à la mairie, elle sera envoyée à son dépôt de Quimper.
Lorsque les habitants, ayant hébergé des soldats, recevront des indemnités en mai 1916, l'un d'eux demandera un supplément pour les dégâts occasionnés dans son logement.
Autres présences militaires
Deux villennois, dont le fermier de Marolles, déclarent en avril 1915 que des dommages ont été causés dans leur propriété par des travaux de défense exécutés par l'armée.
En septembre 1918, le maire réquisitionne le local dans la cour de la propriété de M. Richardierre, au château, pour y installer un poste militaire. Il sera supprimé au début du mois de novembre.
Agriculture et réquisitions
L'agriculture reste l'une des principales ressources de Villennes qui compte près d'une vingtaine de cultivateurs, dont le plus important est le propriétaire de la ferme de Marolles, M. Henri Cauchoix, qui a été le maire précédent. Il y a également un maraîcher, M. Derain, et un horticulteur, M. Van Oostenryck. Plusieurs autres villennois cultivent des parcelles, en particulier Madame Parvery et un restaurateur, M. Dellerie, qui exploite plusieurs hectares dans l'île. |
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Premières réquisitions
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Dés le début de la guerre, et pendant toute sa durée, Villennes devra participer à l'alimentation des armées (hommes et chevaux), notamment à l'approvisionnement du camp retranché de Paris. Le maire tente d'abord de s'opposer aux réquisitions, écrivant que "les productions de la seule ferme et des petits cultivateurs sont à peine suffisantes pour faire face aux besoins de la population, très nombreuse en été" et que "les 4 petits épiciers n'ont plus rien dans leur boutique et se ravitaillent au jour le jour dans les environs, très péniblement". |
M. Cauchoix reçoit, en août 1914, la réquisition de conserver à disposition les 4 vaches et les 2 taurillons qu'il possède. Il en est de même pour 7 autres agriculteurs, l'un pour ses 6 moutons, les autres pour leurs vaches (14 au total).
Quelques jours plus tard, quatre d'entre eux doivent livrer leur paille et leur avoine à Poissy. Le mauvais temps et le manque de main d'œuvre, les hommes du village étant mobilisés, retardent les moissons.
Henri Cauchoix est mobilisé à Mantes comme garde des voies de communication ; le maire demande à son Commandant de le rendre disponible, afin qu'il puisse faire face aux réquisitions. Puis il réquisitionne lui-même, pour lui permettre de faire sa récolte, la batteuse à vapeur d'un exploitant de machines à battre des Alluets-le-Roi ainsi que le tonneau d'arrosage d'un entrepreneur.
Les réquisitions de paille, de céréales (orge, avoine, blé) et de pommes de terre se multiplient. M. Laumonier organise les transports, réquisitionnant les chevaux et les voitures, avec conducteur ou charretier, de certains agriculteurs pour les mettre à la disposition de ceux qui doivent effectuer les livraisons à la Commission de Réquisition à Poissy. S'adressant à son président, il lui fait part de son calcul : les fermiers et cultivateurs de la commune ayant environ 45 000 gerbes de blé en meules, une voiture à un collier pouvant transporter 100 gerbes par voyage, il faudrait 400 voitures pour enlever le tout en une fois !
Manque de personnel agricole
La pénurie de main d'œuvre ne permet pas à M. Cauchoix, comme le demande le Comité Départemental de Ravitaillement, de recueillir dans ses prés des bestiaux provenant du camp retranché de Paris, car il n'aurait personne pour les soigner.
Pour faire face à ce manque de main d'œuvre, le maire agira souvent :
- il demandera des permissions pour les agriculteurs de la commune, des prolongations de permission agricole pour eux-mêmes ou leurs fils,
- il fera venir des soldats ouvriers agricoles pour les semailles et les plantations, pour les moissons et l'arrachage des pommes de terres et des betteraves. On leur demande parfois une qualification particulière : savoir faucher à la faux ordinaire, savoir labourer à la charrue et conduire les chevaux. Une vingtaine de soldats est nécessaire dans la commune pour la moisson, en août 1915.
Pénurie d'avoine
L'avoine, qui constitue la principale culture de la commune, juste avant le blé, pose un problème particulier : lorsque toute l'avoine détenue par le fermier de Marolles sera réquisitionnée, il devra obtenir l'autorisation de se faire livrer de l'avoine par un autre agriculteur villennois et par un fournisseur de Saint Germain-en-Laye pour l'ensemencement de ses champs et pour la nourriture de ses chevaux.
En avril 1916, l'avoine de 16 cultivateurs est réquisitionnée : les quantités varient de 79 quintaux pour M. Cauchoix à 50 Kilos. N'ayant à peine de quoi suffire à leurs semailles et à la nourriture de leurs chevaux, il décident, si les réquisitions étaient maintenues, de ne pas semer d'avoine cette année.
Les propriétaires du château de Fauveau, M. Bertera, et de celui d'Acqueville, M. de Lassuchette, possèdent également des chevaux. Une nouvelle pénurie d'avoine nécessite, de leur part, en novembre 1917, une déclaration sur leurs besoins en avoine. Il y a alors à Villennes 26 chevaux de trait léger, 45 chevaux de gros trait et 2 ânes.
En octobre 1918, lorsque 10 propriétaires et commerçants de la commune ne peuvent plus obtenir d'avoine de leur grainetier pour la nourriture des chevaux, le maire demande l'autorisation de fourniture par M. Cauchoix ou de prélèvement sur la quantité due au boulanger. Il protestera, quelques jours plus tard, contre une nouvelle réquisition d'avoine, alors que la commune ne peut pas en obtenir.
Les agriculteurs villennois s'organisent
Un Comité d'action agricole, composé de 7 membres, est constitué en février 1916.
Le maire demande alors à un cultivateur de Marsinval et à la propriétaire du château de Médan de mettre à la disposition de ce comité les terres leur appartenant et incultes, situées à Villennes, afin qu'il les fasse exploiter, s'ils ne déclarent pas leur intention de les mettre immédiatement en culture.
A l'automne suivant, le Comité se réunit pour répartir les réquisitions imposées pour les besoins de l'armée :
- il demande l'augmentation des prix, inférieurs de 10 % aux prix commerciaux, en raison de l'accroissement des prix des graines et plants, des engrais chimiques et fumiers, des machines et outillages agricoles et de la main d'œuvre,
- il demande une réduction d'un tiers sur toutes les réquisitions faites jusqu'à ce jour,
- il constate une diminution du rendement des pommes de terres, qui pourrissent à cause du mauvais temps.
En effet, les quantités de blé et d'avoine demandées sont toujours "hors de proportion avec les facultés de production de la commune".
Il en est de même pour le foin naturel et la luzerne réquisitionnés en juillet 1916, alors que la production de M. Cauchoix a déjà été livrée pour les besoins des troupes stationnées à St Germain et pour ses pommes de terres, le mois suivant : il a déjà vendu la totalité de sa récolte à un fournisseur de l'Intendance, qui fait arracher les pommes de terre au fur et à mesure des besoins.
En septembre, il est le seul cultivateur ayant des haricots à vendre, mais il ne pourra pas fournir de haricots verts, car sa récolte pourrit par suite de l'humidité.
Pendant cette période de nombreuses intempéries réduisent les récoltes : en 1917, des gelées font souffrir les blés. A Noël de cette année, le verglas empêche la livraison de grains par les agriculteurs, surtout pour ceux de Breteuil.
Les corbeaux ravagent également les blés nouvellement semés ; le maire demande alors 5 Kg de poudre pour le garde-champêtre afin de les détruire.
Les pouvoirs publics s'organisent
A partir de 1917, le Ministère du Commerce et de l'Agriculture et la Préfecture commencent à organiser la production agricole :
- les commandes de pommes de terre destinées
à la plantation sont centralisées.
M. Cauchoix rendra, à la récolte, le poids de chaque
variété qu'il aura obtenu ; les autres cultivateurs
achèteront les tubercules et les paieront à leur
arrivée (des plants originaires du Finistère ou de la
Sarthe sont demandés, "ceux provenant du Centre ne
réussissant plus dans la contrée"). En avril, les
tubercules seront toujours attendus et le maire écrira au
député, M. Tardieu, pour faire activer leur envoi par le
Ministère de l'Agriculture. Lorsque les cultivateurs devront les
payer en janvier 1918, certains protesteront contre le prix
demandé, presque deux fois supérieur au prix de la
réquisition de même nature fournie en octobre ...
- les commandes d'engrais destinés à fertiliser les sols, qui seront cultivés en pommes de terre, sont également regroupées au niveau départemental. M. Cauchoix en souhaite 5 000 Kg.
- des appareils de culture mécanique, requis par l'Etat, sont mis à la disposition des agriculteurs cultivant de grandes exploitations. M. Cauchoix exploitant 180 ha d'un seul tenant désire vivement obtenir l'envoi d'un tracteur pour labourer, afin de compenser le défaut de main d'œuvre agricole. Un mois plus tard, il sera toujours attendu ...
Mécanisation
En avril 1917, toutes les quantités de blé qui sont en
réserve chez les cultivateurs de la commune sont à nouveau
réquisitionnées ainsi que toutes celles qui seront
récoltées, au fur et à mesure du battage. M.
Cauchoix devra attendre pour livrer son blé (environ 20 000
petites gerbes) que l'Administration lui procure les moyens de le
battre.
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Il disposera bientôt d'une batteuse mécanique, mais il ne pourra plus continuer à battre son blé, lorsque celle-ci endommagée ne fonctionnera plus. M. Laumonier demande alors des moyens au président du Centre de Ravitaillement et les agriculteurs de la commune font une pétition pour la mise en sursis d'appel d'un mécanicien agricole, détaché à la Compagnie Française des Métaux à St Denis. |
En janvier 1918, le maire prend un arrêté sur la circulation d'un tracteur à pétrole. En février, M. Cauchoix installe un moteur de 5 HP pour achever ses battages. |
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Battage municipal
En août 1918, un nouveau contingent de céréales est à fournir (50 quintaux par semaine). Le maire organise les moyens : il réquisitionne la batteuse mécanique dont Madame Veuve Godfrin s'est équipée, ainsi qu'un mécanicien agricole, et demande 300 litres d'essence au préfet. Il fait également assurer la batteuse (moteur de 3 HP) ainsi que les personnels qui l'utiliseront. Ensuite il réquisitionne le cantonnier vicinal pour remplir les fonctions d'engreneur de la batteuse et 3 autres personnes pour conduire le moteur à essence de la machine et aider à son fonctionnement. Il fait établir un permis de circulation sur route pour les cultivateurs et les fermiers.
20 agriculteurs participent au battage communal ; il nécessite 550 litres d'essence et produit 21 quintaux de seigle, 237 de blé, 121 d'orge et 201 d'avoine.
L'approvisionnement des villennois
Pénuries
Lait
L'une des premières décisions du maire après la déclaration de la guerre, est la réquisition de la production de lait de 4 agriculteurs pour la nourriture des enfants en bas âge.
20 vaches laitières sont recensées dans la commune en 1915.
Viande
En juillet 1915, le seul boucher de la commune, M. Hippolyte Gustave Seguin, vient d'être mobilisé : le maire demande un sursis, "en raison du fait que la fermeture de sa maison priverait tous les habitants de Villennes et des environs de viande de boucherie". Le mois suivant, son commerce est toujours ouvert : le maire lui fait une visite inopinée, suite à une plainte anonyme ; il ne rencontre aucun problème d'hygiène ou d'odeur.
Lorsqu'au début de l'année 1916, M. Seguin reçoit une convocation à Laval, le maire demande aussitôt son maintien dans ses foyers, le boucher "alimentant également Orgeval, Morainvilliers et Médan, dépourvues de boucherie". Il rejoindra toutefois bientôt le 13ème régiment d'infanterie territoriale et M. Laumonier écrira, deux fois sans succès, à son colonel, pour demander une permission, en affirmant que sa femme éprouve de nombreuses difficultés et va se trouver dans l'obligation de fermer la boucherie.
Légumes
En mai 1916, le directeur des Services Agricoles de Seine-et-Oise fait une enquête sur la "cultivation" des jardins : il n'y a à Villennes aucun terrain utilisable inculte.
Cependant, en février 1917, un propriétaire offrira de mettre son jardin de la Nourée à la disposition de la mairie ; M. Laumonier proposera de le prêter à 3 ou 4 familles pour y planter des légumes. Lui-même demandera ensuite à un propriétaire de terrains dans l'île de les concéder, gratuitement ou moyennant une minime redevance, à plusieurs personnes pour y cultiver des pommes de terre.
Pain
Plus aucun villennois ne cuit lui-même son pain mais c'est toujours, à cette époque, un aliment de base qu'on achète chez l'unique boulanger de la commune. Le maire interviendra à de multiples reprises pour maintenir l'ouverture de la boulangerie.
En février 1915, le boulanger, M. Ouroux, ne trouve personne pour remplacer son employé qui l'a quitté sans motif. Le maire s'adresse d'abord au préfet pour lui demander l'envoi d'un ouvrier boulanger puis au général gouverneur militaire de Paris, pour obtenir un soldat boulanger. Il fait valoir le risque que la situation de la commune devienne critique au point de vue de l'alimentation : M. Ouroux, souffrant de varices, est très fatigué, pétrissant et cuisant seul depuis plus de 8 jours ses 4 fournées de pain par jour. Le maire se rend à la Place de Paris, où un officier lui déclare que le gouverneur n'a pas à intervenir dans ce cas, Villennes relevant à ce sujet de la Préfecture de Versailles.
En juillet 1916, M. Ouroux, se plaint de la concurrence déloyale des boulangers de Vernouillet, qui fournissent, comme dans le passé, un pain fait avec de la farine blanche. Le maire demande à l'Inspecteur Départemental "de s'entourer de tous les renseignements utiles avant d'engager des poursuites contre les personnes incriminées ; il se pourrait que le pain de notre boulanger fût moins bon que celui de ses concurrents par suite d'une fabrication défectueuse, ce qui expliquerait la préférence de sa clientèle".
A partir de septembre 1917, l'Office départemental des Céréales de Versailles désigne le fournisseur de farine du boulanger : d'abord le Moulin Carriere de Pontoise, puis des meuniers de Nézel et de Beynes.
Pour faire face à la pénurie, la Maison Centrale de Poissy prête 2 quintaux de farine à la commune en décembre 1917 et 6 autres quintaux, le mois suivant.
En décembre 1917, le maire demande au commissaire de police de venir se renseigner chez une habitante de la rue du Parc "soi-disant réfugiée" qui possède, dit-on, 14 chiens alors qu'elle n'en a déclaré que 7, avec le commentaire suivant : "Ce n'est pas au moment où le pain devient rare qu'il faut le donner à un si grand nombre de chiens de luxe".
Le rationnement du pain est organisé au moyens de tickets, répartis par une commission de manière compliquée (500 g par personne jusqu'à 60 ans, 300 g au dessus) et non étendue à toute la France : dans le canton de Meulan, la vente du pain n'est pas limitée et il est même donné aux animaux ... En février 1918, des cultivateurs et des ouvriers agricoles font une pétition, transmise au préfet, pour demander l'augmentation du poids de la ration de pain en faveur des travailleurs des champs. A partir de février 1918, le boulanger doit envoyer à la Préfecture les tickets de pain recueillis pour obtenir de la farine.
En mai 1918, la meunière de Plaisir ne peut livrer de farine ; le maire prévient le préfet par télégramme que la boulangerie va devoir fermer et que 2 000 habitants, dont de nombreux parisiens ayant fui les bombardements, vont être sans pain. Quelques jours après, il demande le ravitaillement de la commune par un meunier plus proche. Avant qu'un meunier de Montainville soit désigné, la farine reçue ces derniers mois est de qualité si mauvaise qu'elle produit un pain absolument immangeable. Le maire écrit au sénateur afin d'obtenir un peu de farine blanche, non disponible à l'Office des céréales, pour la mélanger.
Sucre
A partir de juillet 1917, des carnets de sucre sont établis à l'usage des soldats permissionnaires ainsi que des débitants et des restaurateurs.
Essence et pétrole
L'essence vient à manquer à partir de mai 1917 ; elle est encore principalement utilisée pour actionner divers types de moteurs autres que ceux des automobiles.
En particulier, le pétrin mécanique du boulanger utilise un litre d'essence par jour ; son épicier en gros ayant refusé de continuer à l'approvisionner, le maire demande, deux fois, au préfet un bon d'essence supplémentaire, car la maison Desmarets de la Garenne-Colombes ne livre pas moins de 50 litres. En raison du nombre de villégiaturants qui augmente chaque jour, le boulanger doit augmenter sa fabrication ; "il y a la plus grande urgence à ne pas laisser la boulangerie sans essence, afin que la population ne soit pas menacée de manquer de pain".
La pompe du réseau de distribution d'eau fonctionne aussi alors à l'essence.
Le maire demandera également de l'essence pour M. Weiss, qui parcourt les campagnes pour acheter des grains et du fourrage qu'il fait compresser sur place au moyen de presses à vapeur. Son automobile Brazier consomme 15 litres d'essence aux 100 Km et le camion automobile, qu'il utilise quand il manque de wagons, 23 litres aux 100 Km.
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La population est mécontente de ne plus pouvoir acheter
d'essence chez l'épicière, Madame Balade, qui n'a
pas obtenu la quantité qu'elle avait demandée pour
la détailler à sa clientèle. |
En avril 1918, des bons de pétrole sont distribués (150 litres), mais il en faudrait deux fois plus pour faire face aux besoins des familles qui n'ont pas le gaz. Quelques semaines plus tard, les épiciers ont du pétrole mais ne peuvent pas le distribuer car la préfecture n'a pas envoyé les bons demandés.
Charbon
Le charbon est le principal moyen de cuisson des aliments et de chauffage des habitants de Villennes, quel que soit le type de leur logement. En 1918, 21 immeubles seront pourvus du chauffage central.
Les poêles des écoles ne brûlent que du coke, qui est fourni par l'usine à gaz de Poissy. Ce combustible est également utilisé par les blanchisseuses (7 à Villennes, une à Breteuil).
La mairie regroupe les commandes
A partir de l'été 1916, l'approvisionnement en charbon, aussi bien pour assurer le chauffage de la mairie et des écoles que pour répondre aux besoins des particuliers, devient une préoccupation constante de M. Laumonier. Il s'adressera à des directeurs de mines du Pas-de-Calais (Bruay et Blanzy) et à la Compagnie de Vicoigne et Noeux ainsi qu'à des fournisseurs de charbon d'Angleterre (Compagnie Anglaise Commerciale et Financière, Syndicat des Importateurs de Charbon Anglais). Le charbon sera réparti entre des familles peu fortunées et des femmes de mobilisés.
Les difficultés de transport de la gare de Poissy à Villennes limitent les quantités (pour 30 tonnes, 60 livraisons de 500 Kg étant nécessaires, 3 wagons doivent arriver, un par un, à 3 ou 4 jours d'intervalle).
En septembre 1916, le maire demande aux instituteurs d'économiser le coke, en le réservant au chauffage des salles de classes. Quelques semaines plus tard, il commande des margotins dans ce but, estimant que "60 hl seront suffisants s'il n'en est pas distrait par d'autres personnes pour un usage personnel". En janvier suivant, "la température est très rigoureuse" ; le maire exige de l'institutrice qu'elle allume le poêle de l'école des garçons avant 7 heures chaque matin, sinon il faudra le faire faire par une personne de service dont le paiement serait prélevé sur sa gratification accordée par la commune.
Les pouvoirs publics s'organisent
Conformément à des instructions ministérielles, les habitants de la commune sont expressément invités à se présenter, le 16 mai 1917, à la mairie pour déclarer la quantité de charbon nécessaire dans chaque famille. Les personnes qui ne feront pas de déclaration seront déclarées comme n'en ayant pas besoin.
La consommation mensuelle de charbon sera ainsi estimée :
- services municipaux : 1 tonne d'anthracite et 50 hl de coke,
- cuisson des aliments : 53 tonnes,
- chauffage : 55 tonnes.
En juin, le Groupement Charbonnier de Seine et Oise accorde un wagon de charbon, qui sera distribué aux femmes de mobilisés et aux familles peu fortunées. Des demandes supplémentaires adressées à l'Office Départemental des Charbons de Seine et Oise nécessiteront des relances et ne seront pas entièrement satisfaites.
Le maire fait imprimer 500 cartes de charbon. 50 Kg de charbon seront distribués par mois aux habitants de Villennes y résidant toute l'année. M. de Lassuchette, propriétaire du château d'Acqueville, ne pourra pas en obtenir car il est jugé qu'il peut assurer au moyen du bois tant la cuisson des aliments que le chauffage de sa famille. L'hiver suivant, plusieurs personnes ne sont plus fournies en charbon sur le stock de la commune, deux parce qu'elles sont pourvues par l'Economat des Chemins de fer de l'Etat, une autre car elle n'habite pas constamment à Villennes.
En août 1917, Mademoiselle Fréval, marchande de charbon à Poissy, est chargée de transporter le charbon attribué par l'Etat à la commune ; elle effectuera la manutention à la satisfaction générale (avec une rétribution de 25 F par tonne). Toutefois, Madame Flahaut, qui n'a pas été choisie, porte plainte : alors que son mari fait le commerce de charbon près d'Amiens, elle est restée à Villennes et approvisionne difficilement en charbon la clientèle qu'elle s'est créée ; "elle ne possède, néanmoins, ni personnel, ni matériel, ni chevaux, ni chantier et ne présente pas les garanties nécessaires".
En octobre, le préfet reçoit une lettre dénonçant le maire : il répond que les 3 000 Kg d'anthracite, qu'il possède, sont destinés au chauffage de la garderie d'enfants qu'il a créée et entretient entièrement à ses frais.
En novembre 1917, la moitié de la population est sans charbon, le wagon d'anthracite annoncé de Fécamp n'arrivant pas. En mars, le maire écrit au préfet pour réclamer le charbon non livré : "la commune qui compte en plus de sa population fixe quantité de réfugiés et de Parisiens en villégiature se trouve dans une situation intolérable".
A défaut de charbon, le maire demande, en avril 1918, un devis de fourniture de bois à brûler, provenant du bois de Verneuil, au régisseur du château de cette localité et fait une demande de même nature à un cultivateur de Morainvilliers ainsi qu'à un marchand de bois de Chambourcy.
Les services municipaux
L'administration communale
Une demande de devis, en août 1916, pour l'assurance contre les accidents des fonctionnaires et employés municipaux nous permet de connaître ceux-ci ainsi que leur traitement annuel :
- secrétaire de mairie :
- garde-champêtre : - deux cantonniers : - porteuse de dépêches : - deux femmes de ménage des écoles : |
1 500
F, 1 200 F, 1 200 F chacun, 500 F, 317 F et 163 F. |
En mars 1918, on comptera en plus :
- un cantonnier auxiliaire,
employé irrégulièrement : - un fossoyeur sonneur : - deux femmes de service (remplaçant les femmes de ménage) : |
300 F, 250 F, 500 F et 300 F. |
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Les bâtiments communaux, à assurer également, comprennent la mairie et l'école de garçons, l'école de filles, l'école mixte de Breteuil, l'église et la sacristie, le presbytère. |
Ecoles
La construction d'une nouvelle école de filles est prévue sur le terrain, récemment acquis par la commune, sur l'emplacement de l'ancien château.
En mai 1915, la classe de garçons est fermée car l'instituteur, M. Huan, est mobilisé.
Le maire s'adresse à l'inspecteur de l'Académie pour le faire remplacer. Cette année, la distribution des prix est annulée. A partir de la prochaine rentrée scolaire, la Caisse des Ecoles ne pourra payer les fournitures qu'aux enfants de familles indigentes.
Le cours d'adultes, qui a lieu habituellement pendant l'hiver, est supprimé en 1915, les élèves étant trop peu nombreux.
A la rentrée scolaire de 1916, la commune paie les livres classiques des élèves des écoles dont les familles sont indigentes. Mais, en novembre suivant, le maire considère que l'instituteur demande trop de livres pour l'instruction des 3 enfants d'une veuve d'un militaire, venue récemment d'Orgeval et pouvant quitter subitement la commune, la dépense devenant inutile pour les contribuables. Il demande à l'Inspecteur d'Académie d'examiner la liste des ouvrages demandés.
Travaux
En mai 1915, ont commencé les travaux du Chemin du Raidillon. La propriétaire d'un terrain riverain accepte d'en céder une petite bande pour placer un banc au point de vue ; il sera ainsi possible de se reposer, après avoir gravi la côte, et de contempler le panorama sur la Seine.
En août, le nivellement de la Place de l'Eglise est réalisé devant l'épicerie de Mme Balade (mais elle ne devra plus y faire stationner aucune voiture). Le mois suivant, les ruisseaux du parc d'Acqueville sont envasés ; seul le premier ponceau est déblayé, la commune n'ayant pas les moyens d'entreprendre les travaux dans l'immédiat.
La démolition des vestiges du château par M. Bourdillon de Vernouillet était terminée en 1913 mais il a laissé son matériel (on peut penser qu'il a été mobilisé) ; en mai 1916, le maire demande à son épouse d'enlever les rails, les wagonnets, les boulins et les tréteaux qui lui appartiennent, afin de faire nettoyer le terrain communal. La grille qui le clôture ne sera terminée et mise en peinture qu'un an plus tard.
Les forces de l'ordre et de secours
Dès le mois d'août 1914, une garde civile est constituée dans la commune. Le maire demande au préfet de police de Paris l'autorisation d'acheter 4 ou 6 revolvers à barillet (et une cinquantaine de cartouches saisies chez les armuriers) pour l'armement des chefs de patrouille.
A la place de l'appariteur prévu au budget, un deuxième garde-champêtre est engagé. Sa mission est de surveiller les champs et d'aider son collègue devant rester dans l'agglomération, pour le maintien de l'ordre les dimanches et jours de fête. Ce poste sera supprimé en janvier 1917, par mesure d'économie.
En mai 1917, la subdivision des sapeurs-pompiers de Villennes est réactivée ; elle avait été créée en 1888 et virtuellement dissoute en 1900. Elle comprend 17 pompiers, tous âgés, qui accepteraient un engagement pour la durée de la guerre. La commune possède une pompe à incendie et tous les accessoires nécessaires. M. Rivierre Damas, nommé sous-lieutenant en 1890, est proposé pour la fonction de commandant qu'il a déjà occupée.
L'année suivante, le maire demande la fourniture de 15 casques en acier, modèle de l'armée, à l'usage des sapeurs-pompiers, avec la remarque suivante : "Les casques habituels en cuivre doivent être trop coûteux en ce moment et ils ont l'inconvénient dans une localité où ils ne servent pas souvent d'exiger beaucoup trop d'entretien".
Les "services publics"
Distribution du gaz
La commune est alimentée en gaz depuis 1894 par la société Eclairage et Chauffage par le Gaz de Poissy (Ch. Foucart & Cie), devenue en 1913 la Société d'Eclairage de Poissy et Extensions, qui dessert également Poissy, Chambourcy, Orgeval et Aigremont (son usine est située 2 boulevard Gambetta à Poissy). Le gaz est utilisé pour l'éclairage public, au moyen d'une soixantaine de lampadaires, et celui des bâtiments communaux ainsi que pour les besoins domestiques des particuliers, situés à proximité des canalisations, qui désirent s'abonner. Le projet de distribution d'électricité, étudié depuis 1908 et établi en mai 1914, ne se concrétisera qu'en 1922.
En janvier 1915, l'augmentation des prix du charbon entraîne une hausse du prix de vente du gaz, à laquelle le conseil municipal ne peut pas s'opposer. Le maire informe toutefois la société que de nombreuses plaintes, reconnues fondées après enquête, lui sont parvenues quant à la mauvaise qualité du gaz :"Même quand les becs ne sont pas allumés, il dégage une odeur tellement désagréable que plusieurs personnes s'en sont trouvées incommodées. De plus, ces émanations qui ne sont pas, sans doute, sans présenter un certain danger ont l'inconvénient d'altérer les objets en cuivre, batteries de cuisine, etc."
La société reconnaît que pendant quelques jours, la qualité du gaz a laissé à désirer par suite de l'obligation, pour ne pas manquer de charbon, d'accepter de distiller celui qui avait été livré et qui était de très mauvaise qualité.
Une nouvelle augmentation de prix, annoncée en avril aux abonnés, sera annulée après deux protestations du maire à la Compagnie du gaz de Poissy et une sommation par huissier ; le président du Syndicat d'Initiative a également alerté le préfet, qualifiant cette augmentation de "scandale, puisque la société profite de la hausse des charbons pour améliorer le dividende de ses actionnaires, au préjudice de beaucoup de gens qui ont tant de peine à assurer leur existence matérielle".
Un avenant à la convention est difficilement négocié : la commune admet la clause d'augmentation des prix acceptée par la ville de Poissy, en contrepartie de l'alignement des prix, qui étaient supérieurs à Villennes en raison de l'amortissement de la longue canalisation qui relie la commune à l'usine et de la perte de gaz qui est la conséquence de cette distance.
En 1916, nouvelle augmentation du prix du gaz, toujours de mauvaise qualité, et menace du Syndicat d'Initiative de faire appel à la juridiction compétente si le concessionnaire ne respecte pas ses obligations, précisées dans la convention : "Le titre de gaz à livrer à la commune sera de sept bougies de l'étoile ; le gaz fourni devra être bien épuré et de bonne qualité".
Au début de l'année 1917, le prix du charbon augmente encore suite aux difficultés d'importation de charbon d'Angleterre et de transport ; de plus, la crue de la Seine, l'encombrement du port de Rouen puis le froid, qui arrête complètement la navigation, bloquent des péniches entre Rouen et Poissy.
Après une autre augmentation de prix, la distribution de gaz est supprimée pour les particuliers, en avril, afin de permettre d'alimenter aussi longtemps que possible les usines travaillant à la défense nationale. En juin, 39 usines à gaz sont arrêtées et 71 autres sont sur le point de s'arrêter ; le Ministre du Ravitaillement, M. Violette, ayant fait établir un programme d'alimentation en charbon pour toutes les usines, le maire écrit au directeur de l'usine à gaz de Poissy pour qu'il fasse toutes les démarches utiles pour obtenir le charbon nécessaire.
Après l'arrivage d'une péniche, la distribution est rétablie en juillet, 3 heures par jour, mais à un prix supérieur. Deux mois plus tard, la pression du gaz est tellement insuffisante qu'il n'est plus d'aucune utilité pour la plupart des abonnés.
En juin 1918, le prix du gaz diminue enfin, suite au jeu de péréquation entre les prix des charbons anglais et ceux des houilles françaises.
Eclairage public
A partir du premier novembre 1914, seuls 11 becs de gaz sont allumés la nuit pour l'éclairage des rues ; en mars, à la demande du préfet, ils seront éteints après 10 heures du soir et l'éclairage municipal sera complètement suspendu à partir du premier juin. L'année suivante, quelques becs de gaz seront, à nouveau allumés la nuit, sauf pendant l'été.
Assez souvent, l'éclairage des rues fonctionne mal. Le maire intervient pour demander la disponibilité d'un soldat du 319ème régiment d'infanterie, employé de la Compagnie du Gaz de Poissy, afin qu'il puisse faire les réparations nécessaires et assurer le service d'éclairage public de la commune.
Distribution d'eau
Un service de distribution d'eau est établi dans la commune depuis 1910 et assuré par MM. Chanoit Frères (Gaston Henri et Jean Léon, tous deux ingénieurs des Arts et Manufactures et habitant à Villeneuve Saint Georges)
Le réseau comprend deux parties distinctes :
- la "basse pression", qui dessert la moitié du "pays", dans laquelle l'eau venant de la source coule naturellement,
- la "haute pression", qui dessert la partie haute au moyen d'un réservoir dans lequel il faut refouler l'eau de source. L'eau y est montée pendant tout l'hiver et même pendant la plus grande partie de l'année, par un bélier hydraulique ; pendant les mois d'été, lorsque le débit du bélier devient insuffisant, on utilise une pompe actionnée par un moteur à gaz.
En mars, le maire intervient auprès de la société concessionnaire du service en faveur "de petits propriétaires qui ont payé leur abonnement d'eau mais ne viendront pas louer cette année".
Les eaux du lavoir de la Fontaine et du puits de la rue du Regard étant fréquemment contaminées, le conseil municipal considère qu'il est de toute nécessité au point de vue de l'hygiène et de la santé publique de pourvoir d'eau de source le quartier de la Fontaine habité en général par des familles peu fortunées. Il décide, en juillet 1916, de placer une borne-fontaine dans ce quartier, dont les habitants vont parfois chercher l'eau nécessaire aux besoins du ménage au grand lavoir ou à la borne-fontaine du Sophora.
Il est demandé aux Frères Chanoit de l'alimenter en eau, en échange de l'abandon des 180 m qu'ils doivent fournir gratuitement chaque année pour l'arrosage des rues ; " ils ne devraient pas subir de préjudice, le quartier étant habité par des familles peu fortunées qui ne prendront jamais de concession d'eau". La commune, devant prévoir exactement la dépense à son budget, n'accepte pas de payer l'eau selon la consommation mesurée par compteur ; un accord sera trouvé pour un abonnement forfaitaire, sur la base de 2 m3 par jour. Un écriteau interdira, sous peine de contravention, tout usage de l'eau autre que la boisson et la cuisine, les autres besoins étant couverts par le lavoir de la Fontaine voisin. Dès son installation, la nouvelle borne-fontaine se montrera difficile à faire fonctionner et à arrêter.
En novembre 1916, l'augmentation du prix du gaz, utilisé pour le moteur de la pompe, est prétexte à une augmentation de celui de l'eau. Considérant que le service des eaux reste rémunérateur, le conseil municipal n'accepte pas les prétentions des concessionnaires et s'oppose à l'augmentation : "En effet, ceux-ci bénéficient de la totalité des abonnements qui leur sont acquis même lorsque les abonnés ne consomment pas d'eau pendant la majeure partie de l'année comme c'est le cas dans la commune. Le moteur à gaz ne fonctionnant que peu de temps au cours de l'année, l'augmentation du prix du gaz ne peut occasionner aux concessionnaires qu'une légère diminution de bénéfice".
Suite au manque de gaz, ce moteur de 12 chevaux est transformé, en 1918, pour fonctionner à l'essence.
Téléphone
Un réseau téléphonique a été construit dans la commune depuis 1896. Le téléphone a été installé à la mairie, en 1912, pour permettre au maire d'être rapidement en rapport avec la Gendarmerie et le Parquet, dans les cas urgents, ainsi qu'avec la Préfecture. On peut remarquer, à travers ses divers courriers, qu'il continue à utiliser le plus souvent la communication postale, même dans le cas d'une urgence médicale ; ses correspondants, tel que l'hôpital, ne sont peut-être pas abonnés ...
Malgré 3 lignes téléphoniques entre Poissy et Paris, il est souvent difficile d'y joindre des correspondants en l'absence d'un circuit direct entre la Villennes et la capitale. En 1914, trois abonnés, possédant une propriété dans la commune, acceptent de supporter des frais pour l'établissement d'un fil supplémentaire pour téléphoner à Paris.
Enlèvement des ordures
Le service municipal d'enlèvement des ordures ménagères a été établi en 1899, mais ce n'est que depuis mars 1914 qu'elles doivent être déposées dans des boîtes spéciales.
Les boîtes en fer galvanisé présentent seules des garanties suffisantes au point de vue de l'hygiène, le poids de la boîte devant être tel qu'un homme seul puisse la manipuler sans difficulté ; les contrevenants seront passibles de contraventions.
L'adjudicataire du service d'enlèvement est autorisé à refuser les ordures contenues dans des récipients autres que des boîtes, tels que tonneaux, paniers, cartons, etc. ; le service ne comprend pas l'enlèvement des immondices et détritus provenant des jardins.
En avril 1915, l'enlèvement des boues et ordures ménagères est adjugé, pour 5 ans, à Joseph Pédron de Morainvilliers, en remplacement de Maurice Derain qui assurait le service depuis 1910 : il a lieu 3 fois par semaine (dimanche, mardi et vendredi) de mai à octobre et seulement le dimanche et le jeudi pendant le reste de l'année.
Bientôt, M. Pédron sera mobilisé dans les Côtes-du-Nord ; en janvier 1916, son épouse ne trouvant plus d'ouvrier pour assurer le service, le maire s'adressera au colonel du 132ème régiment d'infanterie de Saint Brieuc pour qu'il bénéficie d'une permission aussi longue que possible, puis pour le faire affecter à la Garde des Voies de Communication, à Villennes ou au voisinage, afin qu'il puisse assurer son service. C'est sa jeune fille qui assure péniblement l'enlèvement des ordures ; les conditions étant défectueuses, le maire rappelle à M. Pédron ses obligations, notamment le transport des tas de boue déposés en différents endroits par les cantonniers.
Santé
Le docteur Gruel s'est fixé dans la commune peu de temps avant la guerre. Il n'y a plus de médecin après sa mobilisation, en août 1914, comme médecin major-chef du service de santé du Centre de Brionne (Eure). Les habitants ont alors l'habitude de s'adresser aux médecins de Poissy et de Triel. En janvier 1918, le maire demandera le retour du Dr Gruel au directeur du Service de Santé du Gouvernement Militaire de Paris : "il pourrait, en plus des soins à sa clientèle, être attaché à l'hôpital temporaire de Médan ou à l'un des hôpitaux de Poissy".
En 1916, M. Laumonier intervient pour des problèmes de santé de femmes de soldats. Il écrit au directeur de l'hôpital civil de Saint Germain pour lui demander s'il peut accepter une femme qui doit être opérée de l'appendicite puis pour le prier d'envoyer une ambulance. Il place les enfants de la malade chez une personne de Breteuil et prévient son mari mobilisé, en lui adressant un certificat afin qu'il obtienne une permission.
Quelques mois plus tard, le maire prévient un soldat de l'indisposition de sa femme, causée par son état de grossesse, afin de lui permettre de demander une permission extraordinaire. La mairie lui est venue en aide en lui procurant du bois et de la viande.
Ce même mois, un cas de gale est déclaré : le Docteur Cailleret de Poissy est joint par courrier pour visiter les écoles et la famille atteinte. Le Docteur Clément, également de Poissy, fait des visites pour le Bureau de Bienfaisance.
Malgré la vaccination gratuite de 20 personnes à la mairie, un an plus tôt, la rougeole sévit dans la commune pendant l'été 1918 ; le maire fait désinfecter les 3 écoles, puis en octobre, d'autres épidémies sévissant partout, il demande la vidange de fosses d'aisances.
Crues de la Seine
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En janvier 1915, la Seine est en crue : le maire sollicite une
permission pour le restaurateur Louis Jallabert afin d'aider sa
femme à débarrasser leur cave, envahie par l'eau. |
En mars, l'eau a envahi le pont du chemin de fer. Les portillons du passage à niveau, habituellement ouverts en pareil cas, sont fermés ; les grandes portes sont lourdes et incommodes à manier. Devant la nécessité absolue de faciliter les communications par la voie, le maire se plaint au directeur de la Compagnie Ouest-Etat que le préposé aux signaux met une mauvaise volonté évidente à laisser passer les voitures et les piétons et même insulte ces derniers. A l'annonce d'une nouvelle crue importante, au début de 1917, il demande au chef de district de la Compagnie des Chemins de Fer d'autoriser les piétons à traverser la voie en face des restaurateurs Perche et Guillaume.
Faits divers
Noyades
Fin mars 1915, un noyé est découvert dans la Seine ; le maire réquisitionne M. Maréchal, restaurateur et batelier, de mettre à disposition un ouvrier batelier avec un bateau pour le transporter puis prie, et au besoin requiert, M. Daumont, menuisier, de confectionner un cercueil très ordinaire en bois de sapin pour son inhumation.
En janvier 1917, un jardinier retire du petit bras de la Seine des objets tombées de la yole "Suzon" restée en travers du pont, en face de la gare ; l'homme qui se trouvait dans le bateau, dont le corps n'a pas été retrouvé, a du être jeté à l'eau par la secousse du bateau.
Vols et déprédations
En septembre 1915, une parisienne possédant une propriété à Villennes dépose une plainte pour un vol de prunes ; elle sera sans suite : les fruits en question n'avaient pas été cueillis à temps et sont tombés à la suite d'un grand vent.
Plusieurs tronçons de tuyaux de descente en zinc sont volés, une nuit de mai 1916, dans des propriétés de Villennes. En juin, des déprédations sont commises dans la villa "Beau site" (son propriétaire, M. Cartier-Bresson venait de demander l'autorisation d'établir une passerelle entre ses deux propriétés séparées par une sente communale).
En septembre 1917, un marchand de sable de Bures a détérioré plusieurs routes par ses charrois : dans les pentes, ses charretiers se servent des bordures de trottoirs comme frein pour les tombereaux ; les bordures sont soulevées et les caniveaux défoncés.
Atterrissages forcés
Les villennois auront deux fois la surprise de voir un aéroplane atterrir.
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Le premier se pose, en juin 1915, au lieu dit Fauveau, sur la commune d'Orgeval. L'appareil est aussitôt gardé par le garde-champêtre de Villennes ; le maire, qui remet un billet de logement aux 5 aviateurs, demandera à son homologue d'Orgeval de supporter les frais. Trois ans plus tard, un autre aéroplane atterrit dans la plaine de Marolles ; il porte une cocarde française mais son aviateur, anglais ou américain, âgé de 23 ans, parle difficilement notre langue. Celui-ci déclare appartenir au camp d'aviation américain d'Orly/Seine. |
Le garde-champêtre lui apporte 25 litres d'essence, pris sur le stock de Madame Balade, attribué aux besoins domestiques, afin qu'il puisse repartir. Le maire demandera à l'autorité militaire la restitution de l'essence.
Nuisance sonore
En juillet 1917, à la suite de plaintes réitérées, le propriétaire d'une villa est prié de faire supprimer immédiatement l'échappement libre de la motocyclette de son fils et d'exiger de lui qu'il ne circule qu'à une vitesse modérée dans le centre du pays et notamment aux abords de la gare.
Alcoolisme et atteintes aux bonnes mœurs
Débits de boisson
En mai 1915, le maire approuve la mesure que souhaite prendre le Commandant du 8ème secteur du Camp Retranché de Paris à Saint Germain contre le cabaretier de la Clémenterie et propose de l'étendre pendant toute la durée de la guerre, son débit étant une maison mal famée. En septembre 1917, le maire exprimera sa surprise au préfet à propos de la délivrance d'un permis de chasse au fils du cabaretier, âgé de 18 ans, dont la famille se livre d'après lui au braconnage.
En septembre 1915, le maire se déclare favorable au projet d'interdiction de la vente de l'alcool au détail dans les débits de boisson affirmant que "l'alcoolisme est devenu pour notre pays un fléau qu'il importe de combattre avec une persévérante énergie".
Il recommande :
- la suppression du privilège des bouilleurs de cru,
- l'interdiction de la vente des boissons, sauf celles nécessaires pour la nourriture et les boissons hygiéniques (vins, bières, cidres et hydromels),
- la limitation progressive du nombre des débits.
L'épicière de Breteuil, Madame Mansion, exploite également un débit de boissons, situé à 60 mètres de l'école. Elle souhaite le déplacer et l'installer dans le seul local disponible, se trouvant 8 mètres plus loin ; sa demande ne sera pas acceptée car une délibération municipale avait fixé la distance minimale à 100 m et, de plus, une loi de 1880 et un arrêté préfectoral de 1913 imposent une distance de 300 mètres pour les communes de plus de 500 habitants.
En mars 1916, une femme doit fermer la maison de convalescence qu'elle avait mise à la disposition du Ministre de la Guerre, les débits de boisson, malgré l'interdiction et la surveillance des deux gardes-champêtres, continuant à servir à boire aux soldats.
L'alcool qui leur est vendu n'est certainement pas l'eau-de-vie de Villennes : une seule personne s'est faite inscrire pour la distillation d'une pièce (225 litres) de prunes conservées l'an dernier, ne justifiant pas la création d'un centre de distillation des fruits, lies ou marcs. Toutefois, l'atelier public de distillation sera installé sur le port communal, en face du restaurant de M. Marais. En février 1918, 24 personnes déclareront avoir des fruits, surtout des prunes, ou du cidre à distiller pour obtenir de l'alcool.
Inconduites
En 1915, le commissaire de police de Poissy intervient plusieurs fois à propos de l'inconduite de la fille H. Germaine ; le maire envisage de prendre un arrêté pour la contraindre à se soumettre à des visites médicales dans le but de sauvegarder la santé des soldats du régiment d'infanterie coloniale cantonné à Villennes depuis plusieurs mois.
Au cours de l'été, il adresse au préfet une pétition contre 3 argentins, qui font du bruit (chants, tapage et scandale), dans une propriété en bord de Seine, où des femmes se promènent parfois en tenue très indécente ; "il y a un défilé perpétuel d'espagnols et d'argentins dont les allures sont extrêmement louches". M. Laumonier demande s'il est possible de les expulser, Villennes étant un "pays de villégiature actuellement envahi par de trop nombreux étrangers".
"La conduite de la femme L. Q. est déplorable à tous points de vue", déclare-t-il en réponse à une lettre du procureur de la République de mars 1916. "Avant la mobilisation, elle tenait un débit de boissons avec son époux ; après le départ de celui-ci et avant sa mort en janvier 1915, elle a recueilli un individu mal famé avec lequel elle vit dans des conditions si scandaleuses qu'il lui est impossible d'élever convenablement son enfant". Lorsque cet homme réformé fera une demande d'assistance, en mai 1916, le maire émettra un avis négatif avec ce commentaire : "il pourrait se livrer à un travail assez rémunérateur pour faire face à ses besoins ... C'est un individu peu intéressant à cause de son genre d'existence".
Les étrangers de Villennes
Accueil des étrangers
19 déclarations d'étrangers sont enregistrées en 1914. En 1916, des permis de séjour sont délivrés à 18 personnes des nationalités suivantes :
- alliés : 3 anglais, 5 belges, 1 italien,
- neutres : 2 américains, 4 argentins, 1 brésilien, 2 espagnols.
En avril 1917, le maire déclare que Villennes ne peut pas accueillir des habitants des pays reconquis car il y a déjà 22 émigrés venus des pays envahis au début des hostilités, dont la plupart occupent les logements alors disponibles. Il n'y aura plus que 12 étrangers en mai 1918, mais n'ayant pas fait la déclaration pour obtenir une carte d'identité.
Chasse aux ressortissants des pays ennemis
A plusieurs reprises, le maire transmet aux autorités des informations (ou des rumeurs) sur des personnes, originaires d'Allemagne ou d'Autriche, ayant habité à Villennes.
En particulier, la propriété de Beaulieu, acquise par un dentiste parisien, a appartenu de 1888 à 1897 à M. Jules M., qui passait pour être prussien. Un allemand, naturalisé français, qui a vécu avec une française à Villennes, tous les étés, pendant une vingtaine d'années était considéré, à tort ou à raison, par l'opinion publique, comme un espion.
M. Laumonier écrit, en mars 1916, au maire de Neuilly pour vérifier si, comme on le dit, un maître d'hôtel, demeurant dans cette ville, est autrichien ; dans ce cas, plusieurs immeubles qu'il possède à Villennes seraient mis sous séquestre.
Solidarité
Aide aux réfugiés
Dès le premier mois des hostilités, des réfugiés, fuyant les bombardements de l'est de la France, arrivent à Villennes. Le Bureau de bienfaisance étant "surchargé de dépenses", le maire demande une aide au préfet pour cinq dames et deux enfants, originaires de la ville d'Etain, qui se sont logés chez une parente. Il a lui-même personnellement créé une Caisse de secours immédiat, œuvre privée, qui leur a accordé 100 francs.
Une circulaire ministérielle attribue un secours de 1,25 F par jour aux évacués : 7 personnes fixées à Villennes en feront la demande en février 1915.
M. Francq abandonne son projet de loger des réfugiés à Villennes, en raison de la cherté de la vie dans la commune et de la difficulté de se procurer du charbon.
Les réfugiés sont néanmoins au nombre de 15 en janvier 1915 et 21 en avril.
Certains recevront une aide en nature : en novembre 1914, le maire délivre un bon pour 16 paires de bas de laine et autant de galoches, à fournir à 7 femmes par deux commerçants de Villennes, Madame Rebell et Madame Vincent ; en octobre 1918, des réfugiés obtiendront des bons de vêtements, de chaussures et de literie, à prendre chez un marchand de nouveautés à Poissy.
Œuvres de guerre
Entre janvier 1915 et juin 1917, une dizaine de quêtes sont organisées au profit de diverses œuvres, venant en aide aux soldats et à leurs familles : Journées du 75 (Œuvre du Soldat au Front), Journée Française du Secours National, Journée de l'Orphelinat des Armées, Journée des Eprouvés de la Guerre, Journée de Seine-et-Oise, Journée du Poilu, Journée Serbe, Journée Nationale des Orphelins de la Guerre, Journée de l'Armée d'Afrique et des troupes coloniales.
Ces multiples œuvres de guerre seront réglementées par une loi de mai 1916. La Caisse de secours immédiat, créée par le maire au début de la guerre, n'est pas concernée car elle ne sollicite pas la charité publique : réservée aux indigents de la commune et destinée à procurer des secours en espèces ou à faire face à des dépenses qui n'entrent pas dans le cadre du Bureau de Bienfaisance, elle a reçu des dons de "dames généreuses".
La commune participe par des subventions : en janvier 1916, la somme de 150 F, votée pour l'achat de livres de prix pour les élèves des écoles, est attribuée à deux œuvres ; le conseil municipal alloue, pendant le deuxième semestre de 1916, un franc par jour pour l'entretien d'un lit à l'hôpital auxiliaire de Médan ; en 1917 et 1918, il attribue la somme de 75 F à l'Union des Mutilés et Réformés Militaires du Canton de Poissy et la même somme à Œuvre de Secours aux Prisonniers de Guerre.
Allocations
Dès février 1915, des allocations sont versées aux femmes et aux familles nécessiteuses de mobilisés. C'est la fille du garde-champêtre, Madame Debove, munie de 30 procurations, qui touche et distribue les allocations ; à partir d'août 1916, elle s'occupera également des allocations aux réfugiés et aux vieillards, dont elle effectuera le paiement, un jour par mois.
Colis pour les prisonniers de guerre
Des villennois sont prisonniers en Allemagne : selon le maire, "ils appartiennent tous à des familles pauvres ou peu aisées et intéressantes" ; il demande, en décembre 1915, à son homologue de Poissy "qu'ils participent aux envois de biscuits, car il n'existe ici aucune organisation leur venant en aide". Huit prisonniers de guerre villennois seront recensés en janvier 1916, 11 en août 1917. Une œuvre enverra à chacun un paquet de biscuits (excellents) ; le maire lui demandera l'adresse du fabricant pour s'en procurer.
L' Œuvre du Vêtement du Prisonnier de Guerre sera sollicitée à plusieurs reprises à l'approche des hivers de 1916 et 1917 : elle fournira des vêtements à un jeune d'une famille pauvre de la commune, puis des sous-vêtements à un autre prisonnier. Un pantalon de tenue, une capote et des souliers puis des souliers-galoches seront demandés pour deux autres.
Aide morale et matérielle des habitants
Dès l'hiver 1914, six propriétaires proposent d'héberger des blessés en convalescence. Quelques mois plus tard, le préfet l'ayant sollicité pour l'installation d'une "formation de 20 lits" destinée à recevoir et à soigner les soldats blessés convalescents, le maire demande à un habitant de Marsinval de mettre à disposition l'ancienne propriété de M. Martin Léon, lui appartenant.
En août 1916, l'institutrice, Madame Gouget, accepte de devenir la tutrice morale des malheureux soldats qui pourraient être renvoyés dans leurs foyers comme atteints de la tuberculose.
En mars 1918, après les bombardements de la région parisienne, le maire demande à M. Bernardeau, avocat parisien, de mettre le souterrain de sa propriété "Villa Clairefontaine", avenue du Président, constituant un abri solide et vaste, à la disposition des personnes le souhaitant, en cas de nouveaux bombardements ; il juge en effet que "les maisons et les caves des habitants de Villennes ne présentent pas une solidité suffisante".
Les victimes
En novembre 1914, des villennois ont déjà été blessés devant l'ennemi ; le maire adresse un courrier à leurs parents, pour les informer. Une réduction de 50 % sur le prix du voyage par chemin de fer leur sera bientôt accordée afin de se rendre auprès des militaires blessés.
Peu après, le premier avis de décès arrive ; c'est le maire qui prévient à Bordeaux l'épouse d'un soldat qui a été tué au combat de Burboncourt (Meurthe et Moselle). Les veuves de deux villennois, tombés au champ d'honneur, adressent une demande de secours, en août 1915.
En juin 1916, le maire recherche la sépulture d'un soldat, mort à l'automne précédent. Il demande ensuite un piquet du détachement du génie stationné à Poissy, pour assister au convoi d'un autre soldat, décédé dans sa famille à la suite d'une maladie contractée au front.
On apprend, en janvier 1917, le décès de l'un des agriculteurs villennois, un caporal âgé de 30 ans, puis celui d'un adjudant-chef.
Deux des fils d'un cultivateur sont tombés au champ d'honneur ; le maire intervient en juillet 1918 auprès du colonel du 2ème régiment du génie pour affecter le seul fils qui lui reste à un emploi où il paraîtrait moins en danger.
Au total, ce seront 42 villennois qui seront morts pour la
France : il y a, parmi eux, des personnes de familles modestes
mais également l'un des fils du propriétaire du
château d'Acqueville. Un monument sera érigé, en 1919, pour leur rendre hommage. |
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Avant même la fin de la "Grande Guerre", des cartes étaient éditées en souvenir, "pour le droit et la liberté des peuples". Celle-ci porte la photographie de deux jeunes Villennoises. |