Les Rosières actuelles en France

La fête de la Rosière existe toujours dans une vingtaine de villages de différentes régions françaises :

- Faremoutiers, au cœur de la Brie : le dimanche de la Fête Patronale, la Rosière est tirée au sort depuis 1664 parmi treize jeunes filles ; une seule condition était stipulée par le donateur : "l'élue doit être de mœurs pures". Le texte du billet contenu dans une olive de bois, désignant la Rosière, dénote l'origine religieuse de la fête : "Dieu m'a élue". Un défilé dans les rues du village passe par le domicile de la nouvelle Rosière où la fanfare donne une aubade à ses parents.

- Ferrières en Gâtinais, dans le Loiret : dans le Gâtinais, la tradition a été très vivante et se perpétue, de nos jours, dans quelques localités, dont celle-ci depuis 1933 à la Pentecôte et la suivante.

- Montargis (Loiret) : chaque année y est récompensée "la plus laborieuse et la plus méritante des orphelines ou une jeune ouvrière de la ville".

- Riom-ès-Montagnes, situé dans le Cantal, au cœur du Parc Naturel Régional des Volcans d'Auvergne : pendant le week-end de la mi-août, une jeune fille est élue pour représenter la jeunesse riomoise tout au long de l'année.

- Saint Sauves, également en Auvergne : la tradition perdure depuis 1914 et, chaque année, le maire et deux de ses conseillers désignent la nouvelle Rosière parmi les jeunes filles méritantes. La fête qui a lieu, en août, se termine par un feu d'artifice et un bal.

- Saulgond, en Haute Vienne (Limousin) : la fête de la Rosière, instituée en 1934, y a lieu tous les ans, le jeudi de l'Ascension. Elle permet de récompenser la jeune fille la plus méritante, élue par le Conseil Municipal.

La Gironde compte six communes qui perpétuent cette tradition : Salleboeuf et Créon en Entre-deux-Mers, Saint-Trélody et Grayan en Médoc, Pessac et La Brède dans les Graves.

- Salleboeuf : depuis 1913, une "jeune fille de plus de 20 ans et de moins de 26 ans, domiciliée dans la commune depuis plus de trois ans, et qui se fera remarquer par sa moralité, sa bonne conduite, ou par les soins qu'elle aura pu donner à sa famille ...", reçoit tous les ans un prix de vertu, lors de la fête locale, le premier dimanche de juillet. Depuis 1965, la Rosière est élue par le Comité des Fêtes.

- Créon : la fête a donné lieu, en 2006, à un spectacle son et lumière.

- Pessac : la première Rosière y a été élue en 1896 ; devenue, au fil des années, une fête de la jeunesse, celle-ci couronne, au début du mois de juin, une jeune pessacaise présentant un projet digne d'intérêt, motivée et porteuse d'une véritable vocation.

- La Brède, la ville de Montesquieu : depuis presque deux siècles, est élue chaque année en juin une jolie fille de 18 ans native de la commune par un comité composé de représentants de tous les corps de métiers de la ville. Après la célébration d'une messe, le cortège de la Rosière fait le tour du village avec la fanfare. Le dépôt d'une gerbe au monument au morts est suivi d'un discours du maire et d'un lancer de ballons. Dans l'après-midi, une grande fête se tient.

- Vinay, en Isère : on y célèbre, depuis 1885, "une jeune fille honnête, laborieuse, respectueuse de ses père et mère, jouissant d'une bonne santé et digne à tous égards de l'estime publique".

- Pontcharra, également en Isère : dans ce village alpin, 2007 marque la célébration de sa 100ème Rosière.

- Beaumont-les-Autels, dans le Parc Naturel Régional du Perche : l'élection de la Rosière y a lieu le 1er mai.

La Mothe-Saint-Héray, dans le Marais Poitevin : chaque année, plusieurs Rosières sont honorées, en costume traditionnel, depuis 1821 ; ce sont des futures mariées "sages et vertueuses".

Salles-sur-Mer, en Charente Maritime : depuis 1881, tous les ans, ce village proche de La Rochelle fête sa Rosière, fin juin.

- Montreuil le Gast, village breton proche de Rennes : la fête de la Rosière y a lieu chaque année, en septembre, depuis 1930. Après le couronnement de la Rosière au moyen de fleurs blanches, un discours retrace le parcours familial et professionnel ou universitaire de l'élue. Ensuite, vient le dépôt de gerbes au cimetière et place de l'église sur la tombe des donatrices. Une messe est célébrée et un vin d'honneur est servi à l'ensemble des habitants de la commune. Un rosier est planté ans la Roseraie du village, avant le repas offert à la population. L'après-midi, un défilé composé de chars, de musiques et d'animations sillonne les rues du village.

Cette fête traditionnelle a lieu également, en juillet, au Lamentin en Guadeloupe ...

Plus près de Villennes, à Meulan, le maire qui avait sérieusement l’intention d’enterrer la tradition de la Rosière avec le passage à l’an 2000 est revenu sur sa décision. Cette année, les anciennes rosières de Meulan et celles des autres communes de France étaient conviées à la fête. Elle y était célébrée en mai depuis 128 ans.


L'origine des fêtes de la Rosière

Le site Internet, qui est consacré à la fête de Montreuil le Gast, nous apprend l'origine de ces festivités, au cours desquelles est élue "la plus vertueuse" des jeunes filles du village ; le point fort de la cérémonie était la pose d'une couronne de roses sur sa tête, d'où le nom qui lui restera de "Rosière".

On attribue l'origine des "rosières" à Saint Médard, Evêque de Noyon (Oise) et seigneur du village de Salency, près de Compiègne, c'est vers 525 qu'il couronna de roses sa propre sœur. Un tableau provenant du retable de la chapelle de St Médard, où se faisait le couronnement de la Rosière, les représentent. Saint Médard détacha de sa terre douze arpents dont il affecta les revenus au paiement de 25 livres versées à la jeune fille la plus vertueuse.  

L'institution dura après sa mort, le seigneur de Salency, choisissant la "rosière" parmi les jeunes filles du village. Le 8 juin, jour de la saint Médard, vers deux heures de l'après-midi, la rosière vêtue de blanc, se rendait au château accompagnée de tout le village. Après l'avoir couronnée, le seigneur la reconduisait jusqu'à l'église paroissiale où l'on chantait un Te Deum.

Au cours du XIIIème siècle, cette cérémonie reçut un nouveau lustre. L'agriculture, les plaisirs du village étaient remis à la mode. Il fut de bon ton dans la noblesse de jouer au gentilhomme campagnard. Un grand nombre de fondations analogues à celles de Salency virent le jour. En 1775, à Lanon, près de Caen, Madame Elie de Beaumont fonda une fête de la rosière. En 1778 un curé lorrain suivit cet exemple à Richecourt. Vers 1875, c'est Nanterre qui a le privilège d'avoir la fête la plus réputée ; elle attire un grand nombre de parisiens.

A l'origine donc, cette fête organisée par les notables et le clergé vise surtout à encourager le progrès des mœurs. Aujourd'hui, cette fête est surtout le prétexte à réjouissance.

Un site relatif à l'histoire de Ferrières apporte un complément.

Au XIXe siècle, l'institution devient une affaire d'état : pour fêter son accession au trône puis la victoire d'Austerlitz, Napoléon décrète que des jeunes filles pauvres et vertueuses seront dotées par l'Etat et mariées. En 1810, pour fêter ses noces avec Marie-Louise d'Autriche, l'empereur ordonne que, dans tout le pays, 6 000 militaires soient mariés avec ces jeunes filles de bonne moralité.

Dans la la plupart des cas, on trouve à l'origine de la fête de la Rosière le legs d'un habitant de la commune.

Les fêtes de la Rosière de Villennes

La fête de 1928

 

Cette année n'est peut-être pas celle de la première fête de la Rosière à Villennes mais elle a donné lieu aux festivités les plus importantes, dont des photographies sont conservées par d'anciennes familles du village.

Dans ses souvenirs, Jean Barbier a évoqué la fête de la Rosière, qui a marqué ses débuts dans l'animation artitisque et musicale de Villennes :

Jean Péheu organisa une grande cavalcade avec des chars fleuris, qui fut agrémentée par l'élection de la Rosière de VILLENNES, les trompettes à cheval de St-GERMAIN-EN-LAYE, une batterie de cors de chasse honorait le char de la Rosière ; venaient ensuite les chars de la chanson, de la fanfare, des jardiniers, des enfants des écoles ; tout le monde était costumé. Le cortège se groupait aux écoles de Breteuil et défilait dans les rues de Breteuil et Villennes. Quelle joie ! Quelle ambiance ! On avait eu beaucoup de mal pour organiser tout ça mais quel résultat !

 

 

 

 

 

 

Journal de Poissy, Meulan, St-Germain-en-Laye, Rueil, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, 17/5/1928


Le 20 mai, après le couronnement d'Adrienne Yard, des "chars fleuris" ont parcouru les rues du village.

La Rosière avait pris place dans le premier avec ses demoiselles d'honneur.

 

 

 

Le Villennois chanceux qui a gagné un âne disposait-il d'un terrain ou d'un grand jardin ?

Les électrices de la Rosière étaient d'autres jeunes filles, dont certaines familles sont encore bien connues : Henriette Bellugeon, Andrée Binet, Yvonne Borné, Marie Bouin, Simonne Bourgeois, Jeanne Bourreau, Aimée Chalmas, Geneviève Conté, Raymonde Conté, Louise Delpierre, Andrée Deshayes, Louise François, Marcelle Lalès, Jeanne Lesieur, Paulette Marlow, Denise Menecker, Denise Meunier, Simonne Meunier, Christiane Mirgon, Fernande Paris, Léontine Pelgas, Yvonne Poignant, Georgette Rivière, Elise Tiphaine, Irène Truet, Reine Vignaux, Louise Voyer.

La fête de la Rosière organisée par les sociétés locales, sous le patronage de la Municipalité, a obtenu Dimanche dernier un franc succès.
Un joli cortège fleuri composé de superbes chars parcourut dans l'après-midi les environs et la localité.
A 18 heures, la dislocation eut lieu sur la place de l'Eglise, ou Mlle Adrienne Yard (Rosière de Villennes) reçut de M. Peheu le don de 500 francs offert parles organisateurs. Elle fut vivement félicitée par MM. Charles Reibel Député, Caffin Conseiller Général, et Lamiraux, Maire de Villennes. Le soir un feu d'artifice suivi d'un grand Bal de nuit termina cette joyeuse journée à laquelle seul le soleil fît défaut.

Journal de Poissy, Meulan, St-Germain-en-Laye, Rueil, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, 24/5/1928

La chanson de la Rosière

Cette œuvre a été composée le 27 avril 1928 par Jean Péheu, célèbre "chansonnier" de l'époque qui possédait plusieurs maisons à Villennes, dont celle où il résidait ruelle de la Lombarde, et participait à l'animation du village.

   

Premier Couplet

Il paraît qu' vers l'année 800
Des pirat's remontant la Seine
Cachèr'nt dans un trou, un grand trou Normand
Un trésor à Villennes,
Et depuis ce temps dans l' Pays
Tout le mond' selon la légende
Cherche l'endroit où les Pirat's ont mis
L' trésor que chacun d'mande
Mais maint'nant c'est fini, laissant argent et or
Nous avons pu trouver le plus pur des trésors

—   Refrain

Et ce trésor sans plus d'mystère
C'est la Rosière (bis)
Pour la voir on vient de partout
Elle est gentill' comm' tout
Ell' s'ra couronnée par M'sieu l'Maire
Notre Rosière (bis)
A Villenn's tout l' mond' l'aim' beaucoup
Elle est gentill' comm' tout !

Deuxième Couplet

Grâce à ell' tous les habitants
Ont continuell'ment le sourire
Ils se sent'nt heureux, ils ont l' cœur content
Et ne pens'nt plus qu'à rire
Bref maint'nant ici tout va bien
Pour nous la vie chèr' n'est qu'un leurre
On s' fîch' de tout mêm' des politiciens
Et d' leur assiette au beurre,
Si bien qu' pour nos impôts l' jour de la Perception
En présentant nos feuilles très gaîment nous chantons :

—   Refrain  

Et ce trésor sans plus d' mystère
C'est la Rosière (bis)
Pour la voir on vient de partout
Elle est gentill' comm' tout
Ell' s'ra couronnée par M'sieu l' Maire
Notre Rosière (bis)
A Villenn's tout l' mond' l'aim' beaucoup
Elle est gentill' comm' tout !

Troisième Couplet

Bref d'ici 2 ou 3000 ans
En lisant l' histoir' de Villennes
Les p'tits d' nos p'tits des p'tits d' nos p'tits enfants
Constateront sans peine
Qu' si leurs ancêtr's aimaient l' Progrès
La T.S.F., l'automobile,
Ils savaient aussi comm' tout bon Français
Parfois se rendr' utiles
Afin que bien  plus tard beaucoup d' petits rosiers
Pour fêter leur Rosièr' puissent encor' chanter.

—   Refrain   —

Et ce trésor sans plus d' mystère
C'est la Rosière (bis)
Pour la voir on vient de partout
Elle est gentill' comm' tout
Ell' s'ra couronnée par M'sieu l' Maire
Notre Rosière (bis)
A Villenn's tout l' mond' l'aim' beaucoup
Elle est gentill' comm' tout !

   

Nous n'avons pas encore retrouvé la musique que Jean Péheu avait choisie : un air de fox-trot de la chanson populaire Eléonore, créée au THÉÂTRE DU BOULEVARD, dans l'opérette Au Béguin des Dames, de MM. Chantrier et Nazelles. Il est à noter qu'un ancien directeur de ce théâtre, Louis Emile Havez, avait acquis en 1891 une maison à Villennes, la villa "Beau Séjour" rue du Président (devenue l'avenue Georges Clémenceau) ; il a été maire du village de 1897 à 1899.

Autres fêtes de la Rosière

 

Une autre année, la Rosière et ses demoiselles d'honneur sont assises au sommet d'un char, décoré d'une lyre et de roses.

Sur la photo ci-contre, il passe entre l'entrée de la terrasse de l'hôtel-restaurant "Le Sophora" et le magasin du cordonnier, B. Deshayes.


Dans un lieu boisé non identifié, le maire, accompagné de conseillers municipaux, ne couronne pas la Rosière, Raymonde Conté, mais lui remet un bouquet de roses.

Elle est entourée par les deux demoiselles d'honneur, sa cousine Geneviève Conté et Irène Truet.

 

On peut reconnaître sur la photo d'autres figures de Villennes : le Docteur Fauvel, Jean Gabirou (maçon), Roger Petitjacques (menuisier) et le secrétaire de mairie, Paul Cazanave.

Certaines fêtes se sont terminées par un bal costumé, parfois organisé par l'Amicale des Commerçants et Entrepreneurs.