Constant Hellstern, chausseur des célébrités
(1851 - 1929)
Ce portrait, peint vers 1899 par Alexis Axilette (1860-1931), et conservé par le Musée des Beaux-Arts d'Angers, nous montre le bottier de la Place Vendôme, alors qu'il avait environ 48 ans. Louis Constant Hellstern était, en effet, né à Paris en 1851. Son entreprise familiale avait été fondée à Paris (1er) au 6 rue du 29 juillet, où habitaient ses parents Jacob Hellstern et Louise Marie Anne Josèphe Collinet. |
![]() Cliché Musées d’Angers ©Pierre David |
Voici le résumé de ses services, adressé à la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur, après sa nomination en 1908.
Il s'y déclare fabricant de chaussures (23 Place Vendôme). Maison fondée en 1846 occupant 150 ouvriers & ouvrières. Succursales : Londres, Bruxelles. |
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Après son décès en 1929, ses 3 fils ont continué à développer la Maison Hellstern.
Ses maisons de Villennes
Constant Hellstern a été propriétaire de plusieurs maisons à Villennes, où il résidait, en particulier de deux villas remarquables, situées face à face dans l'actuelle rue Gallieni.
Il a d'abord acquis, en 1883, la villa "Reva-Reva Cottage", qui a été agrandie au début du siècle suivant : son "pavillon mauresque" était une salle de spectacles, comprenant une scène de théâtre. |
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Vers 1919, il a fait construire "La Trianette" sur la hauteur, en face. Cette villa a appartenu à sa fille Marthe à partir de 1926. |
Constant Hellstern a également fait construire une maison du chemin de Seine (actuel sentier du Bord de l'eau), en 1916.
Le bottier
Le Musée International de la Chaussure de Romans, qui possède une importante collection des chaussures produites par la maison Hellstern, nous fait connaître son histoire :
La Maison Hellstern, dont la vocation première était la chaussure d'homme, a été fondée vers 1870 à Paris, rue du 29 juillet, puis transférée place Vendôme vers 1900. Les trois fils (Maurice, Charles et Henri) Hellstern coopèrent activement pour le développement de la Maison qui comptera à son apogée (1920-1925) plus de cent ouvriers, effectif important pour l'époque. De nombreux façonniers assurent à domicile des productions de haut de gamme : dans la Loire, où l'Ecole de cavalerie a suscité l'existence d'une main-d'œuvre qualifiée en botterie, dans le Midi, où sont établis des ouvriers italiens de grand talent. Le rayonnement de la Maison est très important pour l'époque : une succursale à Bruxelles se maintient jusqu'en 1949, une autre à Londres fermera ses portes en 1965 ; enfin, à Cannes, une boutique de diffusion orientée vers le prêt-à-porter durera jusqu'en 1970. Mais la renommée d'Hellstern est essentiellement parisienne. La Maison participe aux défilés de haute couture, ce qui lui attire une clientèle française et étrangère consommatrice de produits de luxe. Elle chausse les pieds célèbres de son temps : princes et princesses des cours européennes, grandes vedettes du spectacle, etc... |
![]() Cliché Musées d’Angers ©Pierre David |
Voici quelques exemples de sa production :
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D'autres souliers de femmes, fabriqués par la société Hellstern & Sons entre 1917 et 1925, acquis par le Musée des Arts Décoratifs, peuvent être vus sur son site Internet.
Le patron moderne
Son fils Henri, dont le livre de souvenirs est transcrit ci-après, nous donne de très nombreux détails sur le magasin de la place Vendôme, sur ses nombreux clients célèbres ainsi que sur les innovations du patron.
Les premiers congés payés
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En 1908, il organise un séjour à Trouville pour l'ensemble de ses employés. 4 jours ! Louant un wagon entier, il transporte une quarantaine de personnes de la gare Saint-Lazare jusqu'à cette station balnéaire de la côte normande et les loge dans un hôtel cossu. |
Les cours d'anglais
Afin de permettre à ses vendeuses de converser facilement avec la clientèle étrangère très importante, il leur fait donner, le dimanche matin, des cours d'anglais par un vieux professeur. Les méthodes sont très scolaires et la discipline est rigoureuse mais l'objectif est rapidement atteint. |
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La vision du monde des affaires
Constant Hellstern a été nommé conseiller du commerce extérieur en 1904.
Sa réussite, notamment pour faire connaître la mode française dans le monde entier, a été récompensée en mars 1908 par la Légion d'Honneur, avec le grade de Chevalier. |
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Le propriétaire d'un théâtre
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Il utilise une partie de sa fortune pour acquérir, en 1919, le théâtre des Bouffes Parisiens, qui avait été fondé par Jacques Offenbach ; il en confie la gestion au directeur du théâtre du Palais Royal, Gustave Quinson. Il y fait jouer deux opérettes d'Henri Christiné : Phi-Phi avec Alice Cocea et André Urban, puis Dédé avec la même actrice et Maurice Chevalier. |
Souvenirs d'Henri Hellstern, l'un de ses fils et successeurs
Les trois fils de Constant Hellstern ont travaillé très tôt avec leur père, qui les a associés à ses affaires, leur société s'appelant "Hellstern & Sons". |
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Le petit livre
de souvenirs, publié à compte d'auteur, par Henri est très
intéressant, nous donnant de nombreux détails sur le magasin
de la Place Vendôme, sur les divers clients et sur l'ambiance de
l'époque.
Nous avons transcrit la quarantaine de ses pages, y compris celles relatives à la poursuite des activités après le décès du père. Nous reproduisons intégralement ce texte, complété par des illustrations, avec ses quelques fautes d'orthographe et sa ponctuation parfois étonnante ... |
LA BELLE ÉPOQUE 1900
Après mes études au Lycée Condorcet, à 15 ans, j'entrai cher mon père comme comptable à la caisse (scribouillard plutôt) pour aider à l'inscription des commandes de la journée. Les plus belles princesses défilaient et les commandes de 8 ou 10 paires n'étaient pas rares. Je jurais et je tempêtais avec des crampes dans les doigts en finissant parfois à 8 heures du soir. Le goût inné des Princesses Ourouzoff, Gortchakoff, Galitzine, Youssoupoff, Bariatinsky, Poniatowsky, Obolensky, Troubetzkoy, Ibrahim, Orloff, Esterhazy, Hatvany, Radziwill, Gagarine, Morosov. Un bon vieil ami de la maison me demandait la permission de voir le frou-frou de ces dames, à l'entrée du magasin, au bas de l'escalier : « Pour me rincer l'œil ! disait-il ». J'avoue qu'il était le plus heureux des hommes devant le raffinement et le luxe des toilettes.
C'est l'époque aimable par excellence ou la bienséance et la douceur de vivre étaient goûtées de tous ! 1903 A Paris, l'aristocratie est toujours très représentée. Quel plaisir de converser avec ces élites qui vous apprennent la diplomatie et vous font apprécier leur intelligence. Les belles dames vont se parer dans les grandes maisons de couture de la place, Worth, Paquin, Callot sœurs, Lanvin, Patou, Vionnet, Doucet, Jenny, Heim-Molyneux, Chanel, Jacques Fath, Lelong, Balenciaga, Dior, Ricci, etc. Les réceptions dans les demeures princières se mêlent aux premières de théâtre ou le goût raffiné s'épanouit pour le régal des yeux.
C'est dans cette ambiance que je pris mon courage à deux mains et quittai momentanément les affaires pour un très long stage à l'Ecole professionnelle de la Chaussure. « Sur le tabouret » Mais quel apprentissage ! j'ai commencé par les travaux les plus simples, puis les plus compliqués, pour avoir la prétention ensuite de diriger et de créer les modèles, savoir surtout la technique de la fabrication. Mon père, très sévère ne m'épargnait même pas les livraisons en retard du dimanche matin. En taxi à cheval, naturellement, j'avais à subir dans les hôtels particuliers du Faubourg Saint-Germain ou de l'avenue du Bois-de-Boulogne ce grand majordome arrogant en habit bleu marine à boutons d'or, qui me toisait et me disait avec le plus grand mépris marqué au bout des lèvres : « L'escalier B au fond de la cour au 2e étage. » Vivant dans l'ambiance que je viens de vous décrire, étant légèrement snob, cet ordre retentissait comme une gifle en plein visage ! Puis, je pars à Bonn, en Allemagne, me parfaire dans la langue allemande, puis en Angleterre. Je suis invité par le Maire de Windsor, pendant un grand week-end. Sir Shipley, Lady et Miss Shipley changeaient de robes tous les soirs. J'étais dans l'étonnement et j'ai appris que la Grande-Bretagne avait conquis le monde en smoking. Je cite aussi la famille Gladwell de Slough avec qui j'ai passé des moments délicieux. 1905
J'ai été le témoin du renvoi de son valet de pied place Vendôme, qui, en attente sur son siège, avait osé tourner la tète vers le magasin : « Son compte est bon ! quelle audace ! dit-il ! » Il le renvoya sur-le-champ ! 1907 Je ne peux passer sous silence les grands noms de la noblesse française. Les Sagan, La Tour d'Auvergne, Amodio, de Broglie, de Luyne, Rohan, Decaze, de Croy, Rohan Chabot, La Rochefoucauld, Faucigny-Lucinge, de l'Espée, de Noailles, Dreux Brézé, Dampierre, de Casteja de Brissac, de Castellane, de Rothschild, de Fels, de Montesquiou, de Polignac, Princesse Bibesco. La princesse Baratoff avec le chevalier Vincent Florio de Palerme, des plus connus pour leurs dépenses somptueuses.
LES GRANDES DEMI-MONDAINES
Les plus célèbres : Liane de Lancy, Gaby Delys, Polaire, la Belle Otero, Liane de Pougy, Emilienne d'Alençon, dont les comptes devenaient quelquefois très dangereux. J'étais préposé, en fin diplomate, pour me rendre chez elles, avec un relevé de compte très tapageur. Mais quelle insolence ! présenter une facture, oser réclamer de l'argent à une belle Otéro ? Dans son charmant petit hôtel particulier de la rue Fortuny elle éclatait de colère ! en me disant «j'y penserai ». Je ne savais plus où me mettre et disparaissais aussitôt sans mot dire. Je vais vous avouer, qu'elles me recevaient en petit déshabillé et étaient si belles ! si belles ! que tremblant et intimidé au plus haut point, je balbutiais des phrases incompréhensibles en prenant tout mon courage pour m'échapper au plus vite. Inutile de vous dire que j'étais bien mal reçu en rentrant par la vendeuse qui ne me trouvait aucune capacité à ce point de vue ! « Voire ! » Je finis par croire que l'on avait raison, car un autre jour, passant par surprise dans le rayon de bas, j'aperçois l'une d'elle, fort connue, jupe relevée, attachant, sans aucune gêne, à ses jarretelles d'or une paire de bas de dentelles. Je tourne naturellement la tête, par politesse, et quelle ne fut pas ma surprise... de l'entendre dire à la vendeuse sur un ton de reproche « bien quoi çà le dégoûte ? ». Toujours à propos de factures, Polaire n'admettait pas les réclamations «c'était, disait-elle, inimaginable ! » Le receveur passant le matin chez elle, elle le met brusquement à la porte, passe au magasin, l'après-midi, avise la bonne vieille caissière et la traite de « vieille relique ». La pauvre s'est mise à pleurer et est allée se plaindre au bureau du patron.
Reconnus encore, la Grande Simone, Yvonne de Bray, Arletty, Gaby Deslys, aimée d'un Roi. 1908 INNOVATIONS On organise pour le magasin et les cadres des vacances au bord de la mer. « 4 jours de congés payés », c'était une innovation à cette époque, car il n'en avait jamais été question en Europe.
Dans un hôtel assez cossu de Trouville-sur-Mer, chacun pouvait assister aux repas, mais liberté entière pour ceux qui préféraient faire une excursion, ils n'avaient qu'à s'excuser. L'ambiance était joyeuse et agréable et combien gentille qui nous laissait de biens bons souvenirs. Autre trouvaille ! la leçon d'anglais le dimanche matin dans le magasin. Un vieux professeur, le père Belcour, 80 ans réunissait les 6 vendeuses pour leur apprendre à converser avec notre clientèle étrangère alors très importante. On lui faisait des farces à ce pauvre père Belcour, aussi distribuait-il des punitions à ces demoiselles. Elles étaient de 2 sortes. Première réprimande ! « Allez de suite au coin » ce qui provoquait des rires de toute cette petite classe ! L'on se croyait revenu en enfance et si par malheur, au coin on tournait la tête, alors ! l'on présentait les deux mains et l'on recevait un coup sec de règle sur les doigts. Résultat encourageant, certaines ont pu parler correctement et répondre aux demandes d'une façon très convenable ! 1909 Je dois aussi vous parler des grandes actrices de la Comédie Française. Julia Bartet, Cécile Sorel, Marie Marquet, Marie Lecomte, Huguette Duflos, Dussane, Robinne, Berthe Bovy, la grande Sarah Bernhard en son hôtel du boulevard Péreire, rempli de petits coussins odorants posés délicatement sur les bouches de chaleur, parfum délicieusement choisi ! Yvonne Printemps, Rubinstein, de l'Opéra, la belle Réjane, célèbre par ses calèches superbes attelées de mules fringantes, Marthe Régnier, célèbre sur les grands théâtres du boulevard, Jane Marnac, la reine du Music-Hall Parysis, Mistinguett et son Maurice Chevalier.
Le luxe était alors à son apogée et les commandes se succédaient à un rythme inimaginable ! 40 à 50 paires par jour ! 3 à 4 louis d'or la paire de petits souliers. Le prêt à porter du dehors (cousu machine) à un 1/2 louis d'or. Certains grands de ce monde se ruinaient pour leurs maîtresses et se faisaient quelquefois sauter la cervelle. La grande bourgeoisie ! elle ! était plutôt sérieuse et vivait avec un budget bien établi ! Ainsi une grande dame très riche cliente commandait toujours 6 paires de chaussures par an et refusait à sa vendeuse la 7e paire, qu'elle essayait de lui arracher avec son plus beau sourire. Irrévocablement la réponse était toujours la même « Non Mademoiselle ! il faut être sérieuse. » Le lendemain, nous recevions avec empressement la maîtresse de son mari qui, elle, en commandait 20 paires ! Monsieur payait rubis sur l'ongle ! « Simple rencontre. » Deux actrices de la Comédie Française, l'une sortant du magasin se rencontrent dans le grand escalier. « Ah ! comme je suis heureuse de vous revoir ! » L'autre lui répond « Quelle joie de vous rencontrer » « depuis si longtemps toujours aussi jeune ». Celle-ci sort et disparaît. L'autre pénètre dans les salons et dit à sa vendeuse « Quel vieux chameau ».
LA GRANDE GUERRE 1914
Que de misères ! Jusqu'en 1915, déclaré inapte à faire campagne, je participe au ravitaillement des troupes au front, par camions. Arras-Saint-Foi en Ternoise. Puis nommé avec une estafette pour communiquer au grand quartier général auprès du Général Foch, au château de Frévent près d'Amiens. Affecté ensuite à l'aviation anglaise, je pars avec un jeune capitaine porter des ordres importants à Verdun où sévissait ta plus grande bataille de tous les temps. Le jeune officier me laissa dans uns caserne du centre de Verdun pendant 3 jours sans nourriture « un bidon d'eau seulement pour me désaltérer ». II m'avait simplement oublié en cette caserne bombardée jour et nuit. Quand il revint, il ne restait que la moitié des bâtiments. Il me vit émerger des ruines et me dit simplement « excusez, rentrez à Amiens ». Je traversai et longeai la grande route de ravitaillement du front où l'on enfonçait dans une énorme boue noirâtre, les vitres de la voiture en étaient remplies et je devais les gratter tous les kilomètres avec un grand couteau ne pouvant continuer ma route. Voiture fantôme ! Je passe forcément par Paris et un attroupement m'empêche de continuer place de l'Opéra, je m'en dégage avec difficulté, mais quelle tristesse, quelle anxiété, que de chagrins dans cette foule. L'ARMISTICE Réformé en 1918 pour maladie contractée aux Armées, j'ai eu la joie d'assister à une journée inoubliable après tant de misères à cet Armistice ou sur les boulevards tout le monde s'embrassait et pleurait de joie, s'extériorisant en ce 11 novembre 1918 devant la Victoire de la Grande Guerre que le Maréchal Pétain à Verdun, et le Maréchal Foch chef des armées alliées ont remportée. Encore affaibli je me marie avec une jeune fille (adorable) qui a fait : « le bonheur de ma Vie ». Je me suis demandé comment j'avais pu lui plaire « aussi détérioré ». L'ENTRE-DEUX GUERRE 1919
On fredonne toujours « c'est une gamine charmante qui répond au joli nom d'Aspasie » etc., etc. Deux années de succès. Encouragés ces Messieurs se faisaient des blagues entre eux. On vit ensuite Maurice Chevalier dans « Dédé » pétillant d'entrain et d'esprit. « Pour réussir dans la chaussure.» Deux ans encore de plein succès. Dans le monde des affaires la révolution russe fut terrible. La nôtre ne fut que peu de chose comparée à ce grand bouleversement qui se prolonge encore de nos jours. Notre bon sens a triomphé de ces principes immuables dans la vie. « Viser à ce qu'il y a de plus précieux et de plus juste. » « Liberté — Egalité — Fraternité » qui ne se conçoit que dans la bonté, la compréhension mutuelle, et la recherche continue de ces 3 principes.
1920 La vie reprend timidement, les trônes sont secoués. A cette époque nous servions le Shah Ahmed, dynastie des Kajar, mort à Neuilly en 1930, chassé de son trône par le shah Reza Pahlevi, père du Shah actuel. Vieux client, le Shah Ahmed me demande un grand service que je ne pouvais lui refuser. Il me fit part d'un courrier qui serait adressé chaque semaine à mon nom, qu'il se permettrait de venir chercher, que j'obtiendrai toute sa reconnaissance. « Allais-je être impliqué dans un vaste complot ? » Il n'en a rien été... Il fallait être philosophe. Trouvera-t-on un jour le bonheur suprême, la représentation idéale, la direction dans la communion de nos pensées. Un client c'est sacré et les grands de la terre ont toujours trouvé chez moi, une admiration sans borne, et un dévouement naturel, non intéressé. Toujours le luxe à l'honneur ! Quelques anecdotes On se ruine pour une jolie femme !!! J'ai assisté à un cadeau royal. Un de mes clients « au comble de l'amour » offre à sa petite amie « un carnet de 50 chèques signés en blanc! » 3 mois après ! il était ruiné. La belle dame pour donner plus d'efficacité à tous ces chèques me dit : « je vous donne un seul chèque pour vous et Paquin ». La somme était rondelette surtout pour Paquin pour qui le chèque a finalement été fait — grosse différence — la facture de la grande couturière étant 5 fois plus importante. » Une reine de l'Or, dont je taierai le nom, cliente de longue date, arrive à Paris avec un nouveau gigolo, beau comme un Dieu. Parfaite grande Dame ! une nouvelle jeunesse s'empare d'elle et pour lui plaire (tenez-vous bien) commande 100 paires de petits souliers. Tout le personnel est ébahi, mais quelque temps plus tard, il y a eu sans doute quelque brouille avec le joli Monsieur car elle a supprimé 20 paires. La vendeuse était quand même très satisfaite. Une américaine cette fois commande 25 paires. A l'essayage, une de nos gentilles clientes Madame Sylviac rentre dans nos salons et regarde les chaussures étalées sur le tapis. N'ayant pas aperçu l'américaine avec son face à main, elle inspecte ces jolies choses « qu'est-ce que c'est que ça ? » Mademoiselle dit-elle à sa vendeuse, c'est pour la même cliente ? On lui répond « c'est en effet pour une américaine ». Ce n'est pas possible, toutes ces chaussures ? Alors ça doit être la « Reine du Fer Blanc ». La cliente a légèrement souri. LE 20 JANVIER 1920 Grand déjeuner en l'honneur de la grande actrice, Sociétaire de la Comédie Française, « Madame Julia Bartet ». Ce banquet sous la Présidence de Deschanel a lieu à l'hôtel Continental. Elle vient d'être nommée « Chevalier de la Légion d'honneur ». Une grande récompense qui la consacre à cette date comme une des plus grandes dames de Théâtre de l'après-guerre. J'ai conservé de ce banquet un délicieux souvenir ! 1921
La présentation a lieu dans le magasin devant nos 8 vendeuses qui regardent mais n'osent rien dire sur leur préférence et pour cause ! On met alors en circulation, toutes les commandes venaient de ma présentation. Mon père grand Seigneur dit alors gentiment : « Tu as gagné. » 1922 Nouvelle ambiance. Un gros client américain me demande personnellement. Je m'empresse et lui présente les modèles. Généralement ce genre de client ne reste que très peu de temps. Il regarde le premier modèle présenté et me dit « How much ! » 200 francs « Expensif » make me 2 pairs. And this one « How much » ? 220 francs « Expensif » make me 2 pairs. And this one « How much ? » agacé je réponds « Dont look this one !! too expensive for you ! » « too expensive for me » « how much » 260 F « make me 4 pairs » . « Un beau mariage. » J'assiste Place Vendôme aux fiançailles du comte de la Rochefoucauld avec la ravissante et grande actrice de « Phi-Phi » aux bouffes parisiens (Alice Cocéa). Mon père la reçoit dans son bureau. Peu après je retiens le comte venu dans nos salons, puis le fais entrer chez le grand patron. Ils ressortent elle et lui quelques instants plus tard bras ! dessus ! bras ! dessous ! et tout souriants !!! Ils étaient fiancés. Me voilà donc en contact avec les grands couturiers. Madame Lanvin, Madame Paquin, Callot, Worth, Jacques Heim, Vionnet, Jenny, Paul Poiret, Chanel, Patou, Cheruit, Jacques Fath, etc. Je fais 2 collections par an, je les montre toujours aux deux dames les plus élégantes de Paris, l'une après l'autre ! Il se trouve que toutes deux ne retiennent pas les mêmes modèles (comme par hasard). Le goût étant inné chez ces deux dames ce sont naturellement les moins réussis qu'elles refusent. Je les enlève de la circulation. Madame Gerber de chez Callot sœurs et Madame Lanvin sont celles avec qui j'ai le mieux travaillé pendant longtemps. J'ai pris des ordres pour Paul Poiret dont les idées osées et modernes ont révolutionné la mode et la couture parisienne. 1923
Dès le début faisant, la paye moi-même, les ouvriers venaient en faux col et cravate pour le boss (le patron). A un de mes amis anglais — à qui je disais mon étonnement devant tant de civisme — me répondit : « Voyez-vous, mon cher, l'Angleterre n'est pas la France, Vous ! Vous avez un sol très riche. Vous avez du blé, de l'orge, de l'avoine, du seigle, du maïs, des fruits, des légumes à profusion, du vin, du Champagne, des parfums, etc., etc.... Nous il nous faut les meilleurs produits car c'est « Exporter ou mourir », et si nous faisions ce que vous faites, il n'y aurait plus d'Angleterre ! » Je l'ai remercié chaleureusement ! Toute l'aristocratie anglaise m'a accueilli avec grande gentillesse éprise du beau, de tout ce qui est la mode de Paris, cette grande noblesse de Cour, m'a laissé un délicieux souvenir de leur courtoisie et de leur maintien et me sont restées fidèles. 1925 Je rappellerai l'Exposition remarquable des Arts Décoratifs le comble du chic, de la recherche et surtout de la qualité. Dans nos magasins l'après-midi, affluence énorme, je remarque la Duchesse d'Albe, je la salue respectueusement, elle me dit à l'oreille « La Reine d'Espagne est ici. » Je regarde et je vois sa Majesté assise sur un petit tabouret de bois, servant à monter au rayon de chaussures. Je bondis d'un grand fauteuil de mon bureau a réparé (sic) l'outrage ! « Simplicité royale ! » La Reine m'a très gentiment fait un gracieux sourire. Pour la dernière fois je revois le Comte Boni de Castellane, très malade, piqué par un insecte en déployant des tapis d'Orient. Je ne devais pas le revoir. 1925 mauvaise année Je désire partir à New York fonder une succursale. J'en informe mon père qui penche pour un essai avec une grande maison de Fifth avenue. « Je le lui déconseille immédiatement. » 1928 Une cliente nous apprend qu'une maison Hellstern nous a remplacé à New York. J'écrivis alors à un grand bijoutier Cartier en Amérique qui me répondit par une lettre autographe, m'expliquant que c'était normal, que la maison Worth en avait fait aussi l'expérience, qu'un procès ne servirait à rien, car je n'étais pas citoyen américain, et j'y perdrais des millions sans aucun résultat ! Charmant ! y a-t-il une évolution à ce propos ! j'ose l'espérer. 1929 La mort de mon Papa en mai 1929. Il nous avait prévenus un an à l'avance de la grande crise mondiale de 1930 où la ruine de certains fut un désastre. « N'achetez rien ! absolument rien ! » avait-il dit avant de disparaître, pas un gramme de cuir, de peausserie en stock, vous seriez dans la misère ! Nous avons obéi et je m'incline une dernière fois devant son savoir et sa valeur ! « Mon Père avait raison » a dit Sacha GUITRY. Il avait toujours raison. 1930-1939
DEUXIEME GUERRE MONDIALE 1939 Après 1918 on répétait sans cesse « c'est la dernière guerre » la der des der et dès 1938 on apercevait les germes de la prochaine, de la drôle de guerre qui devait durer encore 5 longues années. Pour nous plus de cuir, chaussures avec bon dès 1940, remis par l'occupant. Je réquisitionnais tous les feutres des chapeaux de dames et mis en vente ou en fabrication sur commande, un petit soulier en cette matière avec une semelle de bois articulée, cloutée d'or qui n'avait peut-être pas l'élasticité du cuir, mais qui fit fureur. « SANS BON » On a bien essayé de m'attendrir. J'ai vu une fermière arrivant avec une dinde splendide sous son bras. Je veux des souliers en cuir ! qu'auriez-vous fait à ma place, j'en avais assez du rutabaga ! Nouveau bouleversement de notre Société, fort triste ! Pendant cette période il ne restait qu'une Reine mais quelle Reine. En 1942-43-44 je me rendais au Château de Laeken à Bruxelles auprès de sa Majesté la Reine Elisabeth. Sa grande bonté était proverbiale, elle me fit présenter à une de mes visites un petit mineur, elle en invitait chaque année à tour de rôle à Laeken. J'en ai conservé un pieux souvenir. LA VICTOIRE ALLIÉE 1944 Chez moi, j'entends à la T.S.F. le fameux Yalta, occupation de l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest. Un nouveau Dantzig ! « L'expérience n'a donc pas appris l'erreur à ne pas commettre. » La vie est donc un éternel recommencement, on va réveiller les susceptibilités, le nationalisme, en supprimant tout bon sens. Espérons en une Europe européenne pour corriger et réunir les intérêts de ces Nations. Nous allons assister maintenant à un renouveau. Le goût subsiste bien sûr, mais hélas ! la bourse est moins bien garnie et ne nous apporte pas de commandes comme jadis. Je fais du prêt à porter cousu main à notre succursale de Cannes et en Angleterre conservant toujours la mesure qui est incomparable, pour que Paris donne l'exemple. Dans le cousu main, la tenue de la chaussure de dames est parfaite et cela ne se déforme pas comme la semelle emboutie ou collée. On reconnaît un homme chic à sa chaussure et à sa cravate. Ceci est vrai aussi pour les petits souliers de ces dames. Témoin, cette petite histoire. Un jour sur les boulevards, je croise une péripatéticienne, elle regarde mes chaussures et me sourit. Une deuxième me croise encore et regarde mes chaussures et sourit. Etonné, le l'accoste et lui en demande la raison. Elle me répond : « Dans notre métier, on regarde d'abord le pied, on voit alors à qui on a affaire et l'on est sûr du portefeuille, bien garni. » INTERMEDE
L'on s'empresse, on place toute une rangée des dernières créations autour de lui. Il semble distant, détaché puis se penche sur cette présentation, et de sa canne, montrant deux modèles différents, me dit « Mon cher Hellstern, cela sera celui-ci, et cela sera celui-là! ». 1950-1959 Le Roi Mohamed V nous demande à la Cour du Maroc, il commande ses bottes d'équitation et nous a toujours été fidèle. Mon fils Max qui dirige nos ateliers de Paris a été reçu à Rabat par sa Majesté Hassan II à qui il propose chaque année ses dernières créations. Pour la première fois nous voyons une des plus grandes actrices du siècle Greta Garbo. 1960 Autre signe des temps. Une milliardaire USA de passage à Paris nous commande chaque année ce qu'elle aime pour la nouvelle saison. Sa fille Dorothée l'accompagne. « Maintenant lui dit sa mère, tu as 18 ans, je le permets de commander tes chaussures chez Hellstern ». C'était une vieille coutume et généralement la jeune fille battait des mains et embrassait sa maman pour la remercier. A la surprise générale, Dorothy répond : « Ah ! maman je ne suis pas difficile comme toi, j'ai 30 paires de chaussures dans mon armoire. « J'achète ! je jette. » « J'achète ! je jette. » La milliardaire lui en fait le reproche : « Mais ! c'est bien pour cela, ma petite fille que tu es toujours si mal chaussée. » Comme c'est triste pour nous, quel régal que le bon goût, les charmants caprices des jolies femmes ! Actuellement ce n'est plus la femme chic qui lance la mode, c'est toutes les petites filles. J'aime ces petites filles à partir de 16-18 ans, elles achètent tout ce qui est nouveau, elles vous disent, si cela n'a pas le don de vous plaire ! « Çà fait jeune. » Ceci est définitif, sans réplique. Ne se parent-elles pas pour notre plus grande joie de jupes collantes laissant voir les genoux, avec des bottes qui représentent sans doute le comble de l'élégance où des pantalons très étroits pas très féminins. Je donnerais la préférence à la botte russe, jupe évasée, toque de fourrure, cela ferait peut-être un peu music-hall mais qu'importe ! ce serait mieux. Une de mes petites nièces me rend visite. Je regarde négligemment ses souliers. 44 pointures au lieu de 37. Bout relevant de terre et tout frisé, ses doigts de pied visibles comme des touches de piano. « Tu n'es pas honteuse lui dis-je de porter cela ?. » voir les doigts de pied. « Veux-tu fiche le camp ! tout de suite, tu es trop bête lui dis-je. Elle s'enfuit en murmurant : « On est bien dedans. » « Tu n'es même pas dedans ma pauvre petite » a clos la conversation. LES ARTISTES Certainement le cinéma a diffusé le talent de nos meilleurs acteurs. Devant l'écran, certains se trouvent dépaysés, comme isolés. Mais une chose est certaine on peut y lancer sa petite amie. En lui faisant recommencer 4 ou 5 fois la même scène on a une chance, que les grands pontifs choisissent dans la série la projection 3 ou 5 qui donne un bon résultat. Au théâtre ! rien de semblable, mais l'acteur est devant son public, il est en communion à tout instant avec la salle, il la sent vibrer et donne alors le meilleur de lui-même. LES IDOLES Oui nous avons maintenant les idoles, cette très grande jeunesse de la chanson qui brûle toutes les étapes à une vitesse folle et remportent les succès les plus extraordinaires. LE GÉNIE « Le génie apparaît à 15 ans. » Cette facilité d'apprendre est le véritable don des jeunes. Ils retiennent, ils s'adaptent avec une facilité extraordinaire. Le pays doit profiter de cette période de leur vie pour les diriger vers ce qui leur plaît pour qu'ils puissent acquérir avec facilité les qualités nécessaires à leur succès à venir. Une formation professionnelle qui leur donne accès ensuite aux commandes du pays. Un cadre bien formé, dirigera ensuite nos usines, améliorera la fabrication, recherchera, cette qualité plus que jamais indispensable pour conquérir les marchés extérieurs. « Exporter ou mourir ». « On n'exporte pas n'importe quoi. » Ce fameux diplôme, cher à certains parents, n'est pas valable pour tous. Ces jeunes de 20 ans doivent être instruits avant leur service militaire, de la vie économique du pays, prêt à la lutte pour l'avenir de la France. Monsieur Louis Armand de l'Académie Française a fait une conférence au Rotary Club de Paris au sujet du bachot. « Messieurs, moi j'ai eu tous les diplômes de la terre, mais cela ne m'a jamais servi à rien ! » Etait-ce une plaisanterie, quant à moi j'ai bien peur que ce soit une vérité. De même pour les langues étrangères, on apprend à un gosse de 13 ans avec une facilité extraordinaire à parler couramment avec 3 mois seulement dans le pays intéressé. Passé cet âge toutes ces bonnes dispositions sont évanouies ! Voici les souvenirs d'un demi-siècle de splendeur, mais ce passé vécu qu'on voudrait ne pas quitter, est révolu ! Espérons que la vie moderne apportera un mieux être à tous. La douceur de vivre en paix de continent à continent dam une réconciliation universelle. En résumé. — On peut toujours juger les gens à leurs chaussures — ceux qui cherchent à vous impressionner portent des vêtements fabuleux — mais ils n'ont pas l'habitude de dépenser gros pour se chausser. Un véritable gentleman porte des chaussures de toute première qualité. Les petits détails aussi font la grande élégance !
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Souliers, mule et sandale Hellstern de 1914
Modèles
de souliers Hellstern de 1926
Chaussures Hellstern de 1930
Jeanne Paquin, première
femme de la haute couture
(1869 - 1936)
Paris, capitale de la mode
Jusqu'au 18ème siècle, les tailleurs et les couturières travaillent en fonction des demandes de la Cour. La Révolution puis le développement industriel ouvrent à la bourgeoisie les portes de la mode. C'est l'Anglais Charles Frédéric Worth, arrivé à Paris en 1847, qui est l'initiateur de la haute couture française. Il ne se contente pas de réaliser les toilettes désirées par ses clientes, mais propose et impose ses créations, qu'il présente sur des femmes mannequins. Il pose les bases de la haute couture, proposant à ses clientes des modèles fabriqués sur mesure.
D'autres couturiers qui laisseront leur nom dans l'histoire de la mode, tels que Jacques Doucet et Paul Poiret, le rejoignent, suivis de Jeanne Paquin. Toutes installées à Paris, leurs maisons de couture disparaîtront entre 1929 et 1950, pour laisser la place à Coco Chanel et à Jeanne Lanvin puis à Balenciaga, Nina Ricci et, après la deuxième guerre mondiale, à Christian Dior, Pierre Balmain, Hubert de Givenchy, Carven, ...
Ses débuts
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Jeanne Marie Charlotte Beckers nait en 1869 à Saint Denis. Elle devient couturière, effectuant son apprentissage chez Rouff, où elle prit rapidement la responsabilité de l'atelier. |
ll s'honore d'avoir une clientèle des plus élégantes qui lui témoigne
toujours son entière confiance. Il fait d'ailleurs tous ses efforts
pour continuer à mériter sa faveur et son approbation. La Ville Lumière, 1909 |
En 1889, elle est engagée comme modéliste dans une nouvelle
maison de couture, Paquin, Lalanne et Cie.
Sa famille Son demi-frère Henri Joire, également couturier, jouera un rôle important, à côté d'elle, à partir de 1911. Ci-contre, son épouse Suzanne, portant un manteau de ville, dessiné par Jeanne Paquin en 1915. En 1891, elle se marie avec Isidore René Jacob (1862-1907). Il prendra une partie du nom de la maison de couture Paquin, Lalanne et Cie, dont il était l'un des associés ; elle était issue d'un magasin de confection pour hommes Paquin Frères, installé à Caen dans les années 1840. Après avoir acheté les parts de Madame Lalanne, transformant ainsi la société en Paquin et Cie, huit ans plus tard, Isidore Jacob est autorisé à ajouter Paquin à son patronyme. La maison de couture devient celle d'Isidore et de Jeanne Paquin. Elle est la créatrice tandis qu'il se charge de la gestion. |
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Lorsque Isidore Paquin sera nommé Chevalier
de la Légion d'honneur en février 1900, la notice suivante
sera publiée : |
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Chef de la maison de la rue de la Paix qui emploie huit cent cinquante ouvriers et ouvrières. A créé une maison très importante à Londres, où deux cent cinquante Français et Françaises sont employés. A été l'un des instigateurs des Fêtes du commerce et de l'industrie lors du retour de Russie du Président de la République. De hautes et nombreuses récompenses lui ont été décernées aux Expositions de Moscou, Saint-Pétersbourg, Anvers, Amsterdam, Bruxelles et Lyon. A contribué pour une large part à relever l'industrie française de la broderie.
Il sera, toutefois, l'objet d'une controverse, le siège de sa société étant à Londres et de nombreuses contraventions lui ayant été dressées pour violation de la loi de 1900, limitant le travail des femmes, et des enfants. M. Millerand, interpellé, devra s'expliquer à la Chambre des Députés.
La réussite, avec son mari
C'est à l'Université de Harvard, aux Etats-Unis, que cette Ligue [Les Culottes] a pris naissance, en vue d'interdire aux femmes de porter le vêtement viril qu'elles ambitionnent, et la Société arbore pour emblème une prosaïque culotte portant cette inscription : « Pour les hommes seulement ! ». Voici donc le sexe en guerre des deux côtés de l'Océan, et c'est une lutte curieuse et intéressante à suivre, mais dans laquelle, en dépit de premières victoires, je n'oserais prédire le succès définitif au sexe aimable qui me paraît, comme le personnage biblique, trop enclin à échanger son beau droit d'aînesse contre un maigre plat de lentilles. Ce ne sont pas des lentilles que M. Paquin, le grand couturier de la rue de la Paix, a fait servir aux huit cents ouvrières de sa maison, pour célébrer sa croix de la Légion d'honneur, mais un banquet des plus somptueux dans les salons du palais d'Orsay. Au dessert, l'artiste en couture a prononcé, sans perdre le fil, un discours ému, auquel a répondu le caissier en termes attendris, – autant que des caissiers peuvent s'attendrir ; – après quoi, la fête a continué par un concert, un bal et une tombola, toute la lyre ! La tombola ménageait aux participants une surprise princière. – La maison Paquin comprend dix-huit ateliers, entre lesquels se partagent les différentes parties du costume féminin, jupe, corsage, boléro, manches, rubans, passementerie, etc., et le sultan généreux de ces phalanstères avait attribué, entre autres lots, à chaque atelier, un gros billet de banque. Dix-huit ateliers, dix-huit billets de mille francs ! On juge de l'attente fiévreuse de l'assistance et des scènes pathétiques du tirage. A chaque tour de roue, c'étaient des cris de joie ou de déception, et quelques-unes des heureuses gagnantes, succombant à l'émotion, se sont évanouies... Bien entendu, cette fête de couturières s'est terminée par un cotillon, et si l'ami de Millerand veut bien renouveler de temps à autre cet aimable divertissement, il aura enseigné à son ministre le meilleur préservatif contre la grève ! Le Correspondant, 1900 |
La boutique de la maison Paquin se trouve à Paris, 3 rue de la Paix, juste à côté du magasin ouvert en 1858 par Charles Worth.
que les vingt-deux millions de mètres de fil qui passent entre
les mains des petites ouvrières pourraient relier les deux pôles
de la terre, que les essayeuses usent bon an mal an plus de mille kilogrammes
d'épingles, qu'il est fait une consommation de trois cent soixante
kilogrammes de fil de soie, cent cinquante kilogrammes de baleines,
trois cents kilogrammes d'agrafes et de portes, nous ne donnerons peut-être
encore qu'une faible idée du nombre incalculable des fournitures
utilisées par la maison Paquin, et nous n'avons pas la place
de compléter cette énumération fantastique.
D'étages en étages, nous arrivons à la section
de pelleterie admirablement organisée ; la maison Paquin a des
acheteurs qui parcourent chaque année les grands marchés
du monde, tels que Londres, Leipzig, Nijni-Novgorod. La Ville Lumière, 1909 |
L'enseigne de la boutique "Robes et manteaux confectionnés" est devenue : A la Rose de France ![]() L'une des toilettes exposées dans la boutique |
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L'espionnage et la contrefaçon commencent dans la mode avant le XXe siècle :
CONCURRENCE DÉLOYALE Ainsi que notre collaboratrice Claire de Chancenay l'expliquait il
y a quelque temps dans un de ses courriers de Mode, la création des
modèles au commencement d'une saison est la préoccupation capitale des
grands couturiers. C'est comme le scénario d'un roman ou d'un drame,
comme l'ébauche d'un tableau. On discute, on cherche, on fait et refait
vingt fois avant d'arriver au chef-d'œuvre qui doit faire pâmer d'aise
nos élégantes. Une tentative de ce genre a été découverte avant-hier. Vers deux heures, deux dames fort élégantes se présentaient dans les salons de M. Paquin, 3, rue de la Paix, et demandaient à voir les modèles de la saison prochaine. Elles étaient, disaient-elles, américaine, Mmes Nonny sœurs, demeurant 18, rue Neuve, à New-York. Descendues pour quelques jours à l'Hôtel Continental, chambre n°18, elles allaient repartir et ne pouvaient attendre la sortie des modes. Il n'y avait, du reste, aucun inconvénient à leur montrer les modèles préparés, puisqu'elles étaient sur le point de quitter Paris. Mais M. Paquin se défia : la rue Neuve, à New-York, surtout, lui parut suspecte. De plus, il constata vite que les deux Américaines, qui affectaient de parler le français avec un accent fort yankee, ne savaient pas un mot d'anglais. Il n'hésita pas à les faire arrêter. Chez le commissaire de police, elles firent des aveux complets. C'étaient bien les deux sœurs, mais l'une se nomme Marguerite D. l'autre Jeanne D. femme Le R. Elles habitent non pas New-York, mais la rue Malher. Elles avaient été envoyées par un grand couturier du quartier de la Bourse pour surprendre les modèles de la maison Paquin. Elles ont été laissées en liberté, mais une action civile va être intentée par M. Paquin à son déloyal concurrent. Le Figaro, 19/8/1892 |
A partir de 1897, ils installent des succursales dans divers autres pays : à Londres, puis à Buenos Aires et à Madrid.
UNE PREMIÈRE A LONDRES Tout ce que Londres compte de mondain, d'élégant, toute la fashion, en un mot, s'était donné rendez-vous hier, de trois à cinq heures, à Dover Street, pour l'inauguration de la nouvelle maison Paquin (Limited). C'était en effet un gros événement que cette prise de possession de la capitale de l'Angleterre par la toute-puissante souveraine qui s'appelle la Mode française. Et de fait, on ne se serait pas cru à Londres, mais bien plutôt à Paris, rue da la Paix ; car toutes ces jolies ladies parlaient le français ; mais le français avec cet accent britannique qui a une si originale saveur. Nous procéderons, si vous le voulez bien, à un rapide examen de cette grandiose installation. L'aspect de la maison, à l'extérieur, est celui des hôtels de la rue de l'Elysée. A l'entrée, nous sommes reçus par deux laquais — les door-keepers, comme on les appelle ici — en habit à la française et culotte courte. Le vestibule est d'une décoration très sobre, avec ses murs blancs à panneaux et frises à bas-reliefs. L'escalier est du plus pur style Régence, avec sa décoration en glaces et trumeaux, rappelant la décoration de l'hôtel de Soubise. Au premier étage — first floor — nous trouvons une série de salons du plus pur Louis XVI, avec jardin d'hiver. Ce sont les salons de vente et d'exposition, dont la décoration blanc et vert d'eau est des plus heureuses. Par un escalier de quatre marches, qui est bien comme conception ce que j'ai vu de plus réussi jusqu'à présent, nous parvenons à la galerie d'essayage. Sur cette galerie s'ouvrent une vingtaine de salons coquets, variés et d'une richesse tout à fait artistique. Je n'entreprendrai pas de décrire l'aspect que donne à ces salons le va-et-vient des visiteurs, des essayeuses et des jeunes filles, toutes jolies et surtout admirablement faites, auxquelles, dans la langue spéciale du métier, on donne le nom de « mannequins ». C'est un frou-frou ravissant qu'il faut voir pour se rendre compte de son charme. — Mais, disons-nous à Paquin, que nous réussissons à aborder au milieu
du mouvement que lui occasionne cette véritable cérémonie d'inauguration,
mais comment avez-vous pu arriver en si peu de temps à créer une merveille
pareille ? Si j'ai bonne mémoire, au mois de décembre dernier vous n'étiez
pas encore décidé sur le choix de l'hôtel où vous vous installeriez.
Et Paquin me demande la permission de me quitter, car il a encore beaucoup à faire. A huit heures, en effet, la Compagnie Paquin (Limited) offrait à la Presse, ainsi qu'aux représentants du haut commerce londonnien un banquet comme seul le Savoy Hotel sait les organiser. Parmi les nombreux toasts qui ont été portés à ce banquet, à la prospérité et au succès de la Société Paquin, il faut citer surtout celui de M. Barker, le président de la Compagnie, porté « à l'absente », c'est-à-dire à Mme Paquin qui, retenue à Paris par les soins de sa clientèle qu'elle ne veut pas abandonner un seul instant, n'avait pu se rendre à Londres pour cette fête. C'est une belle « première », dont la fashion française et anglaise à Londres conservera longtemps le souvenir. Harry Finney. |
Le magasin de la rue de la Paix s'agrandit en avril 1900 : sept nouveaux salons d'essayage s'ajoutent à ceux qui existent déjà ; ils sont reliés les uns aux autres par une superbe galerie vitrée. La foule élégante, qui se presse chez les Paquin, pourra s'y mouvoir plus à son aise.
La boutique ouverte sur la 5ème avenue à New York, en 1912, consacré à la fourrure, est confié au demi-frère de Jeanne, Henri Joire.
Jeanne Paquin est choisie, en 1900, pour présider la section de la mode de l'Exposition Universelle de Paris.
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Contrairement à Worth et aux autres couturiers, qui sélectionnent leurs clientes, le couple Paquin accueille lui-même les visiteuses avec simplicité. |
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Aucun lien de parenté !
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Le
Petit Matelot au Salon L'exposition de la grande maison, de tailleur et d'habillement du Petit
Matelot vaut la peine que l'on monte à la galerie du premier
dont c'est l'une des principales attractions. La Presse, 15/12/1903 |
La maison Paquin favorise le repos estival de ses ouvrières :
Une généreuse initiative La maison Paquin, réalisant un projet depuis longtemps caressé, va offrir, à partir de cette année, de belles vacances à la petite armée d'ouvrières qu'elle occupe dans ses ateliers. Elle a loué, à Paris-Plage, trois jolis châlets où se succéderont ses 800 ouvrières, qui s'y rendront chaque semaine par groupe de 30 — sans avoir bien entendu à se préoccuper d'aucuns frais de voyage, de séjour, ni de nourriture. Voilà, n'est-il pas vrai, d'heureuses midinettes et un grand couturier bien inspiré. Le Figaro, 13/5/1905 |
L'espionnage et la contrefaçon continuent :
LA CHASSE AU MODÈLE Au moment où s'ouvre la saison d'hiver, on sait combien les couturiers ont besoin de monter une garde vigilante autour de leurs modèles. M. Paquin vient d'en faire une fois de plus l'expérience dans des circonstances assez curieuses et que le grand couturier de la rue de la Paix a tenu à tirer au clair. Un de ses ouvriers était récemment abordé par M. Max Steiner, représentant d'une grande maison de couture londonienne de Mayfair, lequel lui proposa une bonne affaire, qui consistait à s'emparer chez son patron de quatre « mousselines » — modèles de robes inédits — et de les lui remettre contre une bonne indemnité : 20 francs par « mousseline ». L'affaire fut conclue, l'argent était encaissé et les « mousselines » livrées, lorsque deux agents de police vinrent interrompre cette honnête opération et conduisirent au poste l'acheteur indélicat et l'ouvrier. Procès-verbal a été dressé au commissariat de police du quartier Gaillon. Et c'est ainsi que, pour une fois, l'adroit courtier devra se passer de ces modèles qui valent, à trop bon compte, à ses clients, la réputation d'avoir le « chic de Paris ». Jean de Paris. Le Figaro, 8/8/1905 |
La gloire de la Maison Paquin
Après une maladir l'ayant tnu à l'écart des affires pendant deux ans, Isidore Paquin décède en 1907 ; il laisse Jeanne seule à la tête de son empire de la mode. Son demi-frère Henri Joire et Suzanne, l'épouse de celui-ci, la rejoignent en 1911.
En 1910, Jeanne est la première à organiser de véritables défilés de mode pour promouvoir ses nouveaux modèles, apparaissant entourée de ses mannequins à l'Opéra et les jours de Grand Prix, à Chantilly et à Longchamp. Elle organise également une tournée de 12 de ses mannequins dans les principales villes américaines.
Elle collabore avec divers artistes de son époque :
- elle édite, en 1911, un album de vêtements et d'accessoires conçus par les artistes George Barbier, Paul Iribe et Georges Lepape,
- en 1912, elle crée une cinquantaine de costumes Modern style, dessinés par Iribe pour la pièce La rue de la Paix de MM. de Toledo et Abel Hermant, jouée au Vaudeville. Le premier acte représente un grand salon rue de la Paix, un essayage, des vendeuses, des mannequins, des essayeuses, les clientes, enfin tout ce mouvement d'un grand costumier, ces coulisses de la haute mode que tout Paris rêve d'apercevoir, de connaître. (André Nède. Le Figaro, 20/1/1912).
- elle utilise des modèles de Léon Bakst et d'Etienne Drian dans ses créations,
- elle participe, notamment avec Léon Bakst, à la création de costumes de théâtre. Tous deux imaginèrent la mode de 1925 pour le ballet Jeux de Claude Debussy, présenté en mai 1913 au Théâtre des Champs-Elysées, récemment ouvert.
Costume, ornement, décor [...] Il y avait dans cette nécessité de l'ornement — qui me faisait songer à la plus féconde étape de l'époque romane — et dans ce principe d'éléments géométraux pour constituer cet ornement ce qui est l'antithèse du décor au dix-huitième siècle, où toute synthèse à caractère scientifique était implacablement effacée sous un arrangement d'éléments à signification réelle, — il y avait là une idée maîtresse que Léon Bakst a la très grande joie de voir réalisée, grâce à Mme Paquin, en des costumes exécutés comme elle seule pouvait le faire, et en ce moment exposés chez elle, rue de la Paix ; et cette idée, Bakst ne pouvait pas ne pas l'essayer, car elle est intimement liée à celle qui se révèle dans ses décors. Quels seront donc les décors pour le ballet de M. Debussy ? On le saura bientôt : ce qu'il faut retenir de la doctrine de Léon Bakst, c'est que pour lui le décor, doit, être essentiellement un leitmotiv euchromatique organisé par le peintre autour de la pensée du dramaturge ou du musicien : il ne doit pas être localisé d'un façon concrète, mais nous aider à placer l'action et les personnages dans leur ambiance propre. [...] L. Roger-Milès. |
Ses ateliers réalisent, en 1917, ceux dessinés, ainsi que les décors, par Picasso pour le ballet Parade des Ballets Russes de Diaghilev (sur un thème de Jean Cocteau et la musique d'Erik Satie),
- elle réalise également des robes pour le cinéma, notamment celles portées par Josette Day dans le film "La Belle et la Bête" et par Arletty dans "Les enfants du Paradis",
- elle décore ses salons et ses résidences privées, avec l'aide de Robert
Mallet-Stevens et de Louis Süe.
Elle ne s'intéresse, toutefois, pas beaucoup à la politique (voir ci-contre).
Elle préside la Société d'enseignement moderne, fondée par le président du Conseil municipal, qui a pour objet "de développer l'instruction populaire des adultes dans toutes ses branches : enseignement commercial, technique, professionnel, artistique, ménager, etc.". A cet effet, elle a établi des cours publics et gratuits, professés gratuitement. Pour venir en aide aux professeurs de l'œuvre, elle leur assure une retraite après vingt années de dévouement, grâce aux profits d'une fête de charité. |
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Mesdames,
voterez-vous Le Matin, 30/8/1913
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La façade des établissements Paquin,
décorée à l'occasion de la visite des souverains
anglais
Agence Rol |
Le coût de la vie, aussi bien dans les pays belligérants que chez les neutres, a subi des augmentations considérables. [...] Certains employeurs ont gratifié spontanément leur personnel de l'indemnité dite de vie chère : d'autres, au contraire, ne se sont résignés à le faire que devant des réclamations comminatoires et même à la suite de grèves plus bruyantes qu'inquiétantes. C'est ainsi que vers le milieu du mois de mai 1917, les « midinettes » parisiennes, c'est-à-dire tout le petit monde de la couture, de la lingerie et de la mode, sont entrées soudainement en ébullition. Déjà, on leur avait imposé des salaires de guerre fort réduits qu'elles avaient acceptés sans trop rechigner, faisant contre fortune bon coeur ; mais les temps devenant de plus en plus durs, des plaintes se sont fait entendre, soulignées bientôt par des réclamations franchement formulées. Le 11 mai, le mouvement se déclencha dans une maison de couture des Champs-Elysées, dont 70 ouvrières cessèrent le travail. De porte en porte, d'atelier en atelier, le chômage gagna rapidement ; au bout d'une semaine, les grévistes étaient 10.000 ; plus de cinquante maisons étaient touchées, et non des moindres. Les principales revendications consistaient en une indemnité de vie chère de un franc par jour et la semaine anglaise, c'est-à-dire le repos du samedi après midi payé, comme cela se passe en Angleterre. La Chambre syndicale patronale des couturiers ne pouvait rester indifférente. Son président, M. Aine-Montaillé, comprit ce que ces revendications avaient de légitime et proposa au comité de grève un contrat accordant satisfaction aux couturières, sauf pour la semaine anglaise, qu'il conviendrait de soumettre sans retard au Corps législatif. Mais, devant l'intransigeance des midi- nettes, on accepta
de faire un essai loyal immédiat de la semaine anglaise ; par contre,
l'indemnité de un franc fut réduite à 0 fr. 75.
Enfin, le ministre du Travail et le ministre de l'Intérieur prirent la cause en main, déposèrent un projet de loi instituant la semaine anglaise et firent entendre raison aux patrons, qui acceptèrenl enfin les conditions des couturières [...]. Mais l'exemple donné et la victoire acquise par les couturières avaient mis en goût les autres midinettes et, à leur tour, les modistes, les corsetières, les fourreuses, les confectionneuses, les ouvrières en parapluies, les ouvrières du caoutchouc, les employées de certains grands magasins de nouveautés, les plumassières, les employées de banque, d'équipements militaires, les lingères, etc.. ont suivi le mouvement. Pour toutes, mêmes réclamations : indemnité de vie chère etl semaine anglaise. Comme les couturières, elles eurent satisfaction, et tout rentra bientôt dans l'ordre, à la satisfaction générale. [...]
Almanach illustré du Petit Parisien, 1918 |
Au service de la couture, de Paris et de son
second époux
Après à cet épisode, suite au décès du
président de la chambre syndicale de la couture, Jeanne Paquin est
élue à la présidence, qu'elle assura jusqu'en 1919.
[...] Madame Paquin [...] vient d'être élue, à l'unanimité, présidente
de la Chambre syndicale de la Couture parisienne. En la choisissant, la
Chambre syndicale a rendu un nouvel hommage à sa haute compétence et a
fait un grand pas vers le féminisme, progrès qui se comprend d'autant
mieux qu'il s'agit d'une industrie où les femmes occupent la plus grande
place.
A ce propos, une anecdote caractéristique : Pour l'après-guerre on recommande aux commerçants français de donner à leur industrie le plus d'extention possible à l'étranger pour contrebalancer la concurrence allemande qui avait fini par nous écraser et qui, on peut s'y attendre, fera des efforts surhumains pour reprendre son influence au détriment de la nôtre. Madame Paquin n'avait pas attendu que la guerre soit finie pour entretenir à l'étranger notre renommée. Depuis plusieurs années elle avait monté à Buenos Aires une succursale, grâce à laquelle les modes françaises faisaient fureur. Cette succursale était placée sous la direction d'une des meilleures « premières » de la maison, Madame M..., une jeune femme qui la tenait en compagnie de son mari. Revue Les Modes, 1917 |
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LA
CRISE DANS L'INDUSTRIE DU VETEMENT La commission mixte instituée sur l'initiative de l'office départemental de placement en vue de rechercher les mesures à prendre pour atténuer la crise qui sévit s'est réunie à l'annexe de l'Hôtel de ville [...]. De la discussion un peu confuse, il ressort une incontestable bonne volonté de la part de la grande couture pour épargner aux ouvrières les douleurs d'un long chômage et une certaine inquiétude chez les confectionneurs devant les projets élaborés. Mme Paquin a déclaré qu'elle et beaucoup de ses collègues étant disposés à transformer leurs ateliers et, si on leur fournissait le matériel nécessaire, à organiser la fabrication des chemises, culottes et tuniques de soldats américains, là où naguère de mains mignonnes et fines cousaient légères robes du soir et coquettes robes de ville. — Vos ouvrières, intervint un confectionneur, habituées à manier les
mousselines fragiles et les riches soieries, ne sauront pas travailler
les tissus grossiers des troupiers ; à cette besogne, elle ne gagneront
pas leur pain sec ! Le Petit Parisien, 24/4/1918 |
DU
FEMINISME EFFECTIF [...] Dorénavant, aux côtés de MM. Maringer, président de Section au Conseil d'Etat et Lalou, conseiller municipal, ancien président du Conseil Municipal, Mme Paquin occupera un des postes de la vice-présidence, dans lequel elle succède au regretté Professeur Gariel, de l'Académie de Médecine. Déjà, Mme Paquin siégeait au Conseil d'Administration de ce groupement dont l'action ne saurait être trop louée et qui est appelée à rendre à Paris les services les plus grands. D'ailleurs, ce n'est point un début puisque, présidente de la Chambre
syndicale de la Couture parisienne, Mme Paquin se trouvait ainsi la
première femme qui ait été appelée à la présidence d'un Syndicat
patronal. Si l'on veut bien songer à l'exceptionnelle importance,
pour Paris, de tout ce qui concerne la Mode dont notre ville a, en quelque
sorte, le privilège, on se rend aisément compte de l'importance du poste
où la confiance de ses collègues appelait Mme Paquin. Elle le remplit
avec autant d'intelligence que de tact et fut, quand elle se retira,
acclamée présidente honoraire. Elle est, d'autre part, chevalier de
la Légion d'honneur. Fondatrice avec son mari de la maison, illustre
dans l'Univers entier, — maison qu'elle a remise en excellentes mains,
— Mme Paquin connaissait à merveille les besoins d'une industrie
où elle avait, en tant que productrice, joué un rôle primordial. Ch. PRÉVOST. |
Jeanne Paquin se retire en 1920, confiant la création de ses collections à sa collaboratrice Madeleine Wallis et l'administration de la société à Henri Joire.
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L'immeuble du 3 rue la Paix, en 1923 |
Elle nommée, en 1924, vice-présidente du Syndicat d'Initiative de Paris.
En 1930, elle épouse un homme politique et diplomate, Joseph Noulens.
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Joseph Noulens (1864-1944) |
En septembre 1936, la presse annonce le décès de Jeanne
Paquin et publie sa nécrologie.
Mme Joseph Noulens, femme de S. Exc. M. Joseph Noulens, ancien ministre des finances, ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg lorsque éclata la révolution russe, et dont nous avons récemment annoncé le décès, n'était autre que Mme Paquin dont la notoriété n'était pas seulement, due à l'influence qu'elle exerçait sur la mode parisienne. Mme Paquin, retirée depuis de longues années de l'activité commerciale, avait dépensé sans compter ses efforts charitables pendant la guerre. Elle avait été nommée marraine de la 74e division dont elle avait, par sa constante sollicitude, adouci les épreuves elle avait également fondé l'ambulance 44 à Saint-Cloud dont elle assurait entièrement l'entretien. Au lendemain de la paix, elle organisait enfin les expositions à l'étranger afin de contribuer à la reprise de notre actilvité industrielle. Le Figaro, 14/9/1936 |
Les journaux ont appris récemment sous une forme très laconique et
bien peu documentée la mort de Mme Noulens. La Femme de France, novembre 1936 |
Sa maison de couture reste active, sous la direction d'Ana de Pombo, puis d'Antonio Canovas del Castillo qui, de 1942 à 1944, apporte aux collections un style espagnol élégant. Colette Massignac puis Lou Claverie dirigent ensuite la maison Paquin. Pendant la guerre, elle se développe en Amérique du Sud.
LA MODE FRANÇAISE à Buenos-Aires Nous sommes heureux d'enregistrer un nouveau succès pour la grande couture parisienne à Buenos-Aires, dû à l'effort de la Maison Paquin. Pour marquer l'inauguration de l'agrandissement de ses nouveaux salons, Paquin a donné une réception d'un éclat particulier en présentant sa nouvelle collection, réception donnée au profit des œuvres françaises. Double et même triple succès pour le rayonnement du goût français au delà des mers, dans un domaine où la Maison Paquin, en luttant pour l'élégance parisienne, soutient une de nos plus belles industries de luxe. Le Figaro, 15/5/1940 |
La maison Paquin rachète, en 1953, la succursale française de la maison créée par son prédécesseur, Charles Worth. Les difficultés financières de la société lui font toutefois mettre fin à ses activités, trois ans plus tard.
Le style Paquin
Jeanne Paquin prend en compte, encore plus que ses confrères, les besoins de ses clientes, qu'elle leur fait exprimer pour toute une saison. Elles adapte ses modèles aux contraintes du nouveau siècle, telles que celles des déplacements en Métropolitain. Elle fait preuve de grandes qualités de dessinatrice ; les couleurs vives, qu'elle emploie, alors que les autres couturiers utilisent des tons pastels, sont soulignées par l'adjonction de noir. |
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Pour les robes du soir, elle s'inspire de motifs du 18ème siècle, les ornant de fourrure ou d'incrustations de dentelle. Peu après le début du siècle, elle relance une ligne Empire puis elle introduit des motifs japonisants, alors très en vogue. Tout en puisant largement dans le passé, elle suit les évolutions de son temps : elle réalise, en particulier, un modèle de tailleur avec une jupe plissée puis, en 1914, une robe intermédiaire entre un tailleur et un costume flou, que les femmes actives peuvent porter l'après-midi puis le soir. |
Sa lingerie et ses robes Tango sont également très connues. Pour orner ses tailleurs, elle utilise la fourrure qui prend une place importante dans l'image de la maison Paquin. |
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La
France à l'exposition de Gand [...] Avant tout nous célébrerons ce joyau précieux qu'est l'exposition de Mme Paquin. Elle prouve, une fois de plus, combien Mme Paquin et son frère, M. Joire, possèdent à fond la science de la couleur et avec quelle ingéniosité ils savent utiliser les ressources de l'art français. Les robes se tiennent dans une tonalité blanche et noire, sauf celle d'une jeune femme habillée à l'orientale, et qui met une tache très violente de lilas, de rouge et de bleu, avec une coiffure émeraude, apportant une note vigoureuse, violente même, qui, s'harmonisant avec le fond, met en valeur le modernisme sobre et original du décor nouveau et très réussi. C'est une remarquable manifestation d'art ! [...] Le Petit Parisien, 14/5/1913 |
Ce
que les grands couturiers pensent Mme Paquin, chère madame, ne pourra pas être à vous avant un long moment,
mais si je puis vous être utile ?
Le Matin, 27/9/1913 |
Revue Les Modes, |
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Revue Les Modes, |
Sa résidence de Villennes
Jeanne Paquin achète, en décembre 1908, un grand terrain au Bois des Falaises, en même temps que son demi-frère Henri Joire ainsi que, vraisemblablement, sa sur et son beau-frère, suivant de quelques mois une autre couturière.
Elle y fera construire une maison en bois et acquerra le lot central situé en face ; elle rachètera, en 1923, la villa et le terrain de sa sur, qu'elle conservera jusqu'en 1926, après avoir vendu, l'année précédente, sa première propriété.
Un arrêt du Conseil d'Etat de 1924, relatif aurecours de Jeanne Paquin contre le classement de ses villas en première catégorie, nous apprend qu'elle louait alors les six villas, dont elle était propriétaire à Saint-Cloud, à Deauville et à Villennes.
VU LES REQUÊTES présentées pour la dame Paquin, demeurant à Paris,
78, rue de l'Université..., tendant à ce qu'il plaise au Conseil annuler,
pour excès de pouvoir et violation de la loi, six décisions, en date
du 14 nov. 1922, par lesquelles la commission supérieure de classement
a rejeté ses recours contre six décisions des commissions départementales
de Seine-et-Oise et du Calvados classant en 1re catégorie les villas
meublées les Coccinelles, la Bérangère, le Mirador,
les Treillages, les Chênes et les Abeilles qu'elle
possède à Saint-Cloud, Villennes-sur-Seine et Deauville ; CONSIDÉRANT que la commission supérieure, instituée par l'art. 64 de
la loi du 25 juin 1920, est une véritable juridiction devant laquelle
doivent être observées toutes les règles générales de procédure dont
l'application n'a pas été écartée par une disposition législative formelle
ou n'est pas inconciliable avec l'organisation même de la commission;
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Souvenirs de Jeanne Paquin Elle est aujourd'hui un peu oubliée. Son souvenir persiste touteois : - par une chanson de P. Marinier et L. Lelièvre, popularisée par Annie Cordy et Marie-Paule Belle : "La Biaiseuse de chez Paquin", - par l'une des 4 dalles à la mémoire de grands couturiers que vous pouvez trouver, non pas rue de la Paix mais aux angles du carrefour de l'avenue Montaigne et de la rue François 1er. |
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Blanche Arvoy, parfumeuse romantique
Blanche Arvoy est née le 21 décembre 1892 à Montreuil sur Mer (Pas de Calais). Sa villégiature de Villennes Blanche Antoinette Rose Reneaux a fait construire vers 1932, avec son époux britannique, Bertie Istvan Arvoy, la villa "L'Heure Romantique", où ils ont habité dans l'île de Villennes. |
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Jovoy et Corday
Ses sociétés Corday et Jovoy sont moins célèbres aujourd'hui que celles de certains de ses concurrents tels que Guerlain, Coty ou Lubin et celles des couturiers (Paul Poiret, Gabrielle Chanel, Jeanne Lanvin, ...) ; elles étaient néanmoins bien connues à leur époque par leur fragrances et par les formes de leurs flacons.
Nous empruntons à l'ouvrage "Précieux effluves" (de Jean-Marie Martin-Hattemberg et Freddy Ghozland, Editions Milan), la description de ces deux marques de parfums.
Jovoy (127 rue de Longchamp, Paris)
Créée en 1923 par Blanche Arvoy, la marque Jovoy s'est
plus particulièrement illustrée par le style animalier
de ses flacons et par l'humour qu'elle a manifesté dans le choix
de ses noms de baptême !
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Autre animal pour le parfum Severem (1923) : son flacon en verre blanc moulé, poli, a la forme d'un dromadaire assis, le bouchon sur la bosse représentant un bédouin. |
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Corday (15 rue de la Paix, Paris)
La plupart des flacons qui suivront seront également exécutés par les Cristalleries de Baccarat : Fleur du Jour, La Plus Belle en 1927 sans oublier L'Orchidée Bleue en 1925, dont le cristal épais et limpide laisse chatoyer la couleur ambre-cognac des essences précieuses. Eternité du parfum ou essences furtives, Blanche Arvoy choisira le mode interrogatif pour un parfum qu'elle développe dans les années 1929-1930 : Quand ? un adverbe teinté de mystère que chacun peut adapter à ses désirs ... une interrogation qui prend la forme d'une tabatière à opium dont le verre coloré en noir laisse présager plusieurs réponses ...
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Le flacon du parfum Kai Sang a été conçu par Maurice Depinoix en 1924 : réalisé en verre noir avec émaux et dorures, il a la forme d'un encrier oriental. En 1952, le parfum Rue de la Paix (adresse de la société Corday) était présenté dans un réverbère miniature, dont chaque lanterne contenait un flacon en verre à capsule, empli d'un parfum différent (Jet, Fame, Zigane). |
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Les flacons des parfums Toujours Moi, Trapèze (lancés en 1924 et 1956) et Pois de senteur constituent quelques autres exemples de la collaboration de la société Corday avec des "designers" de différentes époques. | ![]() |
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Elle a également commercialisé, dans les années 1950, des parfums solides, insérés dans des camées. | ![]() |
Les parfums Corday mis en musique
Nous ne pouvons pas encore vous faire sentir, par Internet, les parfums de Blanche Arvoy. Par contre, vous pouvez écouter un extrait musical d'un disque que la société Corday a fait réaliser en 1948 et qui a été récemment réédité par RCA Victor.
Le compositeur américain d'origine britannique, Harry Revel a illustré quelques unes de ses fragrances au moyen d'instruments de musique et de voix humaines, après une rencontre, à la fin de l'année 1936, au bar de l'hôtel Georges V avec une femme séduisante. Les effluves de son parfum Toujours Moi lui ont aussitôt inspiré un thème mélodique.
Avant de quitter Paris, il a rendu visite à la société Corday. Sur la suggestion des personnes auxquelles il a fait part de son expérience, il s'est rendu à Grasse où étaient produites les huiles essentielles des parfums. Dans cette ville, puis à son retour à Paris, il a passé de nombreuses heures à s'imprégner des senteurs et à commencer la composition de ses musiques.
Quelques années plus tard, aux Etats-Unis, il a découvert un nouvel instrument de musique, qui lui permettrait de restituer la nature éthérée des parfums. "Le Theremin est symbole d'effluve, ce qui correspond tout à fait à sa nature filante, à l'éphémère passage des sons toujours uniques qui en émanent". Cet instrument est voisin des Ondes Martenot, créées en 1938 par Maurice Martenot qui avait rencontré, cinq ans plus tôt, Leon Termen, l'ingénieur russe inventeur du Theremin.
L'enregistrement avec un orchestre et un chur placés sous la direction de Leslie Baxter a eu lieu aux studios RCA Victor d'Hollywood. Chacun des thèmes de Perfume Set to Music illustre l'un des 6 parfums Corday : Jet, Toujours Moi, l'Ardente Nuit, Possession, Fame, Tzigane. Si vous avez installé le logiciel Windows Media Player, cliquez sur la photographie de la pochette du disque pour en écouter un extrait, proposé sur le site Teletouch ! |
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Pour aller plus loin dans l'histoire de la parfumerie, nous vous proposons de visiter deux sites Web :
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Victor Armand Roquencourt et Narcisse
Jolibois,
fabricants de fleurs artificielles
Deux propriétaires de villas, situées de part et d'autre de la rue Gallieni, La Bicochette et le Val Sinet, avaient le même métier. L'un des deux a certainement incité l'autre à acquérir une villa en face de la sienne.
Victor Armand Roquencourt
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La Gazette de Londres nous apprend, dans son édition du 19 mars 1872, qu'un Parisien portant ce nom et ces prénoms, habitant alors 9 rue Tracy, avait inventé un appareil perfectionné pour la fabrication de fleurs artificielles. |
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Photo de Da Cunha publiée
dans Le Tsar et la tsarine en France |
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Il s'agirait donc du fabricant de fleurs artificielles qui s'est illustré à l'occasion de la visite du tsar, comme l'a écrit Mathieu Marmouget dans son mémoire de maîtrise (Paris X Nanterre, 1997) : La visite du Tsar Nicolas II à Paris. 5-9 octobre 1896.
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Victor Armand Roquencourt a été propriétaire de 1889
à 1899 du terrain de la future avenue Foch, sur lequel a été
ultérieurement bâtie la villa Marie Isabelle.
Narcisse Jolibois
En choisissant son prénom, ses parents l'avaient destiné à travailler dans l'horticulture ou dans l'industrie artisanale de l'imitation de la nature. Narcisse Jolibois était-il l'un des associés de la maison Jolibois et Ponsard, située 51 rue de Vincennes à Paris, qui dépendait de l'Assistance Paternelle aux Enfants employés dans les Industries des fleurs et plumes ? |
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L'ouvrage "Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international", édité par le Ministère du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes (Imprimerie nationale, 1902-1906) nous fait connaître cette association de formation professionnelle :
La Société pour l'assistance paternelle aux enfants employés dans les industries des fleurs et plumes (patronage industriel), fondée le 8 juin 1866, sous la présidence de M. Ch. Petit, a pour but d'assurer un bon apprentissage professiotnnel et de patronner, assister et moraliser, par tous les moyens qu'elle juge utiles et en particulier par des cours professionnels, les jeunes filles employées comme apprenties dans les deux branches d'industrie ci-dessus. Date d'ouverture des cours : 1er avril ; date de fermeture : 31 mars. Les cours professés sont les suivants : Historique des industries des fleurs artificielles et des plumes pour parures, notions de botanique appliquées à l'industrie florale, origine des matières premières employées dans cette industrie, notions de zoologie sur les oiseaux les plus enmployés dans l'industrie des plumes pour parure ; couleurs, outillage, procédés spéciaux, importations et exportations. Représentation d'après plâtre et d'après nature d'ornements floraux, d'oiseaux ou de parties d'oiseaux (ailes, têtes, pattes, etc.). L'enseignement pratique est donné dans les ateliers où les enfants ont été placées, avec contrat d'apprentissage, par les coins de la Société et où elles sont surveillées par les délégués du patronage. Collections (musée). - Les cours de dessin possèdent une collection de rnodèles en plâtre (fleurs variées, parties d'oiseaux) et d'oiseaux naturalisés. Notes : |
Le début de l'introduction du "Nouveau manuel complet du fleuriste artificiel et du feuillagiste ou L'art d'imiter d'après nature toute espèce de fleurs" nous informe sur l'origine et l'état de cet art en 1901.
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L'art de fabriquer les fleurs artificielles est, maintenant porté en France à un tel degré de perfection, qu'il semble en être originaire ; néanmoins, l'invention en est due aux Italiens qui, les premiers en Europe, se sont occupés de cette agréable fabrication. Ils employèrent d'abord des rubans de diverses couleurs, qu'ils frisaient ou pliaient sur des fils de laiton pour imiter la nature, dont ils étaient loin d'atteindre la vérité. Les plumes, la gaze d'Italie, les cocons du ver à soie leur servirent ensuite. Cette première matière est souple et délicate, mais, pour suppléer aux couleurs qui ne sont point naturelles à nos climats, il fallait la teindre et l'on ne réussissait que bien imparfaitement à obtenir la nuance et la vivacité nécessaires. Aujourd'hui il serait difficile de nommer les fleuristes qui ont acquis une juste réputation ; il le serait également de décrire toutes les matières qu'ils font servir à leurs agréables manipulations, car tout ce qui tombe sous leurs mains les aide à rendre la nature. Les fabriques les plus renommées sont à Paris et à Lyon. Indépendamment des fabricants qui trouvent dans l'art du fleuriste des bénéfices assurés ; indépendamment des nombreuses ouvrières, des enfants auxquels cet art donne des moyens d'existence, il offre encore aux dames un agréable passe-temps. [...] |