Les chasses royales sur notre territoire
La dernière manifestation de l'Hostellerie de la Nourrée (Eden Roc) avant sa prochaine fermeture, a été un Gala de la chasse, qui a eu lieu en octobre 1955, sous le patronage de Madame Coty. Le gérant avait demandé au maire, Léon Mirgon, de lui fournir un texte sur la légende d'une chasse qu'aurait fait à Villennes Louis XIII ou Louis XIV ; il était prévu qu'il soit publié dans Le Figaro, qui patronnait le gala.
C'est vraisemblablement le frère du maire, Marcel Mirgon, qui, avouant qu'il ignorait tout de la légende en question, a rédigé le texte sur les chasses royales et seigneuriales à Villennes et dans la région, que nous reproduisons ci après.
[...] la plupart de nos rois, dont la chasse était le passe temps favori, ont couru la grosse et la petite bête dans les bois qui environnaient nos coteaux et qui faisait partie de l'immense forêt qui commençait aux abords de Paris par la forêt de Rouvre (actuellement Bois de Boulogne), englobait celles de Marly, de St Germain et des Yvelines pour finir aux environs de Dourdan en Hurepoix, aux portes de la Beauce.
A ce moment-là, François Ier venait de mourir, c'est un roi qui avait la bougeotte, il aimait particulièrement Fontainebleau mais on le rencontrait partout, chassant tous les gibiers. Les derniers Valois et les premiers Bourbons préféraient St Germain et ses environs. Henri IV, notamment, avait apporté au château de St Germain de magnifiques embellissements, c'est à lui que l'on doit les splendides jardins qui descendaient en terrasses jusqu'au bord du fleuve.
Devenu enfin roi de France, lorsque la fantaisie lui en prenait, il venait courir la grosse et la petite bête sur les terres de son secrétaire Nicolas Bourdin, seigneur de Villennes, ou sur celles de Jacques de Morogue, son chambellan, seigneur de Médan. Son fils, le morose et bégayant Louis XIII montrait une prédilection marquée pour nos coteaux, c'était aussi un grand chasseur, son grand plaisir était d'enfumer les renards dans leurs terriers, de chasser à l'épervier et de courir les loups. Il n'y a plus de loups à Villennes, mais chaque hiver on prend encore quelques renards. C'est au cours d'une de ces randonnées que se place l'anecdote suivante rapportée par Tallement des Reaux :
A la fin du siècle dernier un bon chasseur pouvait aligner, de l'ouverture à la St Vincent, une quinzaine de pièces par semaine, sans parler des garennes et des alouettes. Maintenant, il faut se contenter d'un malheureux merle ou d'un
funèbre corbeau et lorsque celui-ci est jeune, une fois
dépouillé, le faire passer pour un perdreau ou un pigeon. |
Conflit entre chasseurs villennois et médanais
La chasse Le Syndicat de chasse de Médan possède sur le territoire de
Villennes quelques petites pièces de terre dont quelques-unes
ont de 4 à 5 mètres de largeur. Ces parcelles, sur lesquelles on
a intensifié l'élevage de la sauterelle, font l'objet d'une
surveillance attentive de la part du garde-chasse de Médan qui
néglige ainsi tout le territoire de la commune, dont il a la
surveillance principale. CHASSEURS, ATTENTION ! Journal de Poissy, Meulan, St-Germain-en-Laye, Rueil, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, 15/9/1927 |
Les grandes manœuvres du 18 septembre L'annonce parue la semaine dernière, concernant la chasse, a
eu pour conséquence de déclancher un mouvement en avant de
l'état-major du Syndicat de chasse de Médan (parti rouge) qui a
envoyé sur Villennes un fort détachement, non armé, avec mission
de chasser le chasseur. Journal de Poissy, Meulan, St-Germain-en-Laye, Rueil, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, 22/9/1927 |
Une explication On pouvait espérer qu'après les deux articles inoffensifs qui
ont précédé, que le Syndicat de chasse de Médan ayant su lire
entre les lignes, apporterait plus de souplesse, et de
camaraderie envers les chasseurs de Villennes qui se trouvent
fatalement amenés à traverser, dans leur parcours, les parcelles
de terre lui appartenant, parcelles qui se trouvent enclavées
avec celles du Syndicat de Villennes. Il y avait là un échange
de bons procédés, puisque la même difficulté existe de part et
d'autre. Il n'en est malheureusement rien. Ce Syndicat n'a pas
compris et son action peu heureuse se continue. Force est donc
de lui préciser ce qu'il ne veut pas comprendre. SOCIETE DE CHASSE DE MEDAN On se demande si cette façon de faire ne constitue pas un acte de chantage ou d'escroquerie. Certainement, la bonne foi de ce Syndicat est surprise et étant donné qu'il ne lui appartient pas d'être juge et partie, il serait très heureux, c'est un point d'honneur pour lui, que la somme perçue illégalement soit restituée à l'intéressé qui n'a pas osé ou n'a pas su se défendre et qu'un accord subsiste pour mettre fin à toutes ces chinoiseries qui risquent de faire casser le garde pour abus de pouvoir et d'amener des ennuis bien inutiles au Syndicat. UN CHASSEUR. Journal de Poissy, Meulan, St-Germain-en-Laye, Rueil, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, 22/9/1927 |
Il était à prévoir que cette année la chasse de Médan et de
Villennes attirerait encore des désagréments à tous ceux qui ont
intérêt à son bon fonctionnement. Ces deux chasses qui sont
l'une dans l'autre n'en faisaient qu'une il y a quelques années.
C'était l'accord complet sous la direction d'un syndicat commun.
Journal de Poissy, Meulan, St-Germain-en-Laye, Rueil, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, 6/9/1928 |
Délimitation des territoires des sociétés de chasse de Marolles et d'Orgeval
Nous transcrivons deux courriers adressés, pendant l'été 1931, par les responsables de la société de chasse de Marolles à celle d'Orgeval afin de parvenir à une entente cordiale.
Villennes-s-Seine, le 8 juillet 1931 Monsieur le Président de la Société de chasse d'Orgeval Il me serait
particulièrement agréable de pouvoir m'entretenir avec
vous au sujet de la chasse. Il me confie la
mission de chercher avec vous à établir d'un commun accord
une délimitation claire, vous abandonnant les pièces de
terre enclavées dans celles de votre chasse, à titre de
réciprocité. En outre il serait possible et même nécessaire de s'entendre pour la garde de nuit qui va commencer très prochainement. Je vous saurais gré de vouloir bien me fixer un rendez vous auquel vous pourriez convier, si vous le jugez utile, les membres du bureau de votre chasse. J'ai le plan des terres de Marolles que j'emporterai et j'espère qu'une entente cordiale sera réglée. Je vous prie
d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes
meilleurs sentiments. A. Manganne |
Villennes-sur-Seine, le 16 août 1931 Monsieur le Président de la Société de Chasse d'Orgeval, M. Manganne m'a rendu compte de votre entrevue du mardi 11 août et de votre arrangement amiable et amical qui est résulté relativement à la délimitation entre votre chasse et celle de Marolles. Je ratifie cet arrangement et vous le confirme par cette lettre en vous priant de bien vouloir me faire parvenir votre adhésion. Je joins à cette lettre deux plans. Les lignes rouges indiquent les limites, les parties teintées en rose représentent la chasse de Marolles, et la partie bleue le terrain neutre sous la Remise. Veuillez signer les deux plans. Gardez en un par devers vous et retournez-moi l'autre. Ainsi que M. Manganne vous l'a dit, je ne puis m'engager pour plus de deux années de chasse, mais je ne desespère pas de pouvoir continuer par la suite. Croyez, mon cher Président que nous ferons tout pour que nos rapports soient toujours guidés par une sincère amitié.
Bien cordiale poignée de main. R. Poitel |
Pour aller plus loin dans l'histoire de la chasse, nous vous proposons de visiter deux sites Web :
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