Selon la tradition orale, cette maison, située rue des Ecoles, était autrefois appelée la Maison du Prévôt et a été utilisée comme geôle.

Sa visite permet de confirmer cette hypothèse.

   

Bien national redevenu une propriété privée

   

Après la Révolution, en application du décret du 13 brumaire an II, la maison est réunie au domaine national comme tous les biens du dernier seigneur tels que sa voisine, qui est devenue ensuite la maison commune.

Toutes les deux sont vendues comme biens nationaux en 1794.

 

Des combles à la cave

 

 

La charpente du toit prouve l'ancienneté de la maison.

Au rez-de-chaussée, quelques marches conduisent à la cave.

 

Cette belle cave voûtée était le lieu de détention des malfaiteurs.

L'un d'eux a gravé, sur le mur à droite de la porte, une trace de son séjour.

Respectons l'orthographe de cette inscription pour la restituer :

icy est la retire des voleur de vilaine

Les propriétaires de la fin du 19ème siècle

Description de la maison

Une annonce légale, publiée dans le journal Le Courrier de Versailles, le 17 janvier 1875, nous fait connaître les propriétaires de cette maison, située alors rue de la Geôle et toujours appelée Maison de l'Audience, dont la désignation était celle-ci :

Une maison, dite la maison de l'Audience, située a Villennes, rue de la Geôle, consistant en un bassier ayant deux entrées, petite chambre à moitié de l'escalier, cuisine, salle à manger et deux petites chambres au-dessus, grenier sur le tout couvert en tuiles.
Cave sous ladite maison.
Jardin derrière et y attenant.
Le tout, d'une contenance superficielle de onze ares vingt-neuf centiares, tenant d'un côté le presbytère, d'autre côté à plusieurs, d'un bout à Laurent Meunier, et d'autre bout à la rue de la Geôle.

Une maison non payée pendant 10 ans par l'héritière acquéreuse et sa famille

La maison dépendait de la succession de Félicité Lelarge, fille d'Henry Lelarge, fermier de Marolles avant la Révolution, veuve en premières noces de Jean Redaux, acquéreur de la ferme vendue comme bien national, et en deuxièmes noces de Nicolas Giraux.

Après son décès, la maison avait été adjugée en décembre 1865 à sa fille Constance-Anastasie Giraux, épouse de Jean-Denis Giraux. Elle avait alors passé déclaration de command à madame Hippolyte Giraux, née Mabire, vraisemblablement sa belle-fille mais peut-être une nièce, toutes deux ayant un époux prénommé Hippolyte ?
Une vente avec déclaration de command est une vente de gré à gré ou une vente publique où l'acquéreur apparent (le commandé) se réserve la possibilité de nommer quelqu'un d'autre comme acquéreur réel (le command). Mesdames Denis Giraux et Hippolyte Giraux étaient donc toutes deux solidairemcnt débitrices des prix d'adjudication.

Dans le cadres de la succession de madame veuve Giraux mère, décédée en 1866, et après jugement de février 1870 confirmé par un arrêt de la cour de Paris, une part du prix des immeubles et les intérêts ont été attribués à :
- Madame Françoise-Félix Redaux, épouse de M. Pierre-Hippolyte Demarine, propnétaire, demeurant ensemble a Rozoy (Seine-et-Marne),
- M. Benoit Redaux, propriétaire, ancien adjoint au maire de la commune de Viilennes, y demeurant,
- M. Redaux, des Alluets,
- M. Jules-Ernest Giraux, de Marcq (canton do Montfort-l'Amaury.

Les époux Jean-Denis Giraux et Giraux Mabire ne s'étant pas libérés de leur dette, Mme Demarine et MM. Redaux leur ont fait faire commandement, en décembre 1874, de payer les sommes dues.
Les exploits d'huissier étant restés sans résultats, ils ont formé la requête de vendre la maison ; il a été décidé de procéder, le 4 février 1875, en l'audience des criées et des saisies immobilières du tribunal civil de première instance, séant à Versailles, au Palais de Justice, à la revente de la maison sur folle-enchère.
Il est question de folle enchère lorsqu'un un adjudicataire ayant acquis un bien qu’il ne souhaitait pas acheter ou qu’il ne pouvait pas payer ce bien est remis en vente ; l'adjudicateire, fol enchérisseur, doit acquitter la différence entre le prix pour lequel il s’était porté acquéreur et le prix définitivement obtenu lors de la remise en vente.

La "retire" d'un Parisien

La maison du prévôt ou maison de l'Audience est devenue, vers 1900, la "maison de campagne" d'un ingénieur des Arts et Manufactures, propriétaire également de la maison située en face, entre la rue des Ecoles et la future avenue Foch. Auguste Jacques de Saint-Germain, demeurant à Paris rue du Delta, achètera également, en 1913, la maison voisine, appelée "Les Pigeons", qu'il conservera jusqu'en 1921.

Il décède en 1921 ; la maison devient alors la propriété de sa veuve, Marie Hortense de Sacy, jusqu'à son décès en 1935, et de son fils Louis Auguste Georges, docteur en médecine à Herblay. Après le décès de celui-ci en 1946, sa veuve, Marie Eugénie Rosalie Mundling, et le fils de sa fille, issue de son premier mariage, Jean Charles Marie Joseph Gross, seront ses héritiers.

Il vendront la propriété en 1953 ; lors de sa vente suivante en 1962, une partie du jardin bordant la rue de Neauphle sera dissociée pour la construction d'une nouvelle maison.

La Maison du Prévôt est devenue une confortable maison d'habitation.

La façade, débarrassée de son crépi, a retrouvé en 2001 son aspect d'origine.

On peut y voir, en son milieu, l'emplacement de la porte, par laquelle étaient conduites les personnes mises en geôle.