Nous faisons revivre ici les nombreux restaurants, qui ont animé le bord de la Seine dans la première moitié du XXe siècle. Nous les découvrons, successivement, en remontant le fleuve de Médan vers Poissy.

Le restaurant des Peupliers

Les prés Blondeau, traversés par le chemin de fer

Les prés du bord de Seine, situés au lieu-dit "Pré Blondeau" (de nos jours, quai de Seine), appartenaient vraisemblablement autrefois à un certain M. Blondeau. Ils sont acquis en 1842 par la Compagnie du Chemin de fer de Paris à Rouen ; celle-ci commence à les revendre dix ans plus tard après avoir construit les voies. Quelques parcelles sont revendues à des habitants de Médan : Vincent Rivière, et plus tard Pierre Marie Jourdain. Pierre Gabriel Cassier, marchand bonnetier à Poissy, en acquiert une en 1858.

La maison Houpy

Jean Houpy, marchand de vins, achète plusieurs de ces terrains en 1896 et 1897. Il les complétera par d'autres en 1901 et 1912, appartenant à un parisien. Il acquiert également, deux ans plus tard, un pré, situé de l'autre côté de la Seine dans l'île de Platais, appartenant à René Emile Victor Binet, pharmacien à Rueil, qui possède d'autres terrains à Villennes, dont le Bois des Falaises.

Il construit en 1897 la maison, où il installe son restaurant. Deux autres bâtiments seront ajoutés dans les années 1904 et 1905. Trois peupliers permettent de les repérer, lorsqu'on vient de Villennes par le chemin de halage.

C'est la veuve de Jean Houpy qui tient le restaurant, lorsque ces deux premières photos sont prises, vers 1902.

 

 

Le restaurant dispose d'un "port", où l'on peut s'embarquer pour pêcher ou ramer.

 

Le restaurant et ses terrasses

Les matrices cadastrales nous permettent de connaître la liste des propriétaires, qui se sont ensuite succédés, ainsi que l'année de leur déclaration d'entrée dans les lieux :

1923   Louis Fèvre
1928   Léon Didier
1933   Eugène Girault
1938   Georges Dutois
1945   Louis Corsaletti
1948   Justin Jourde


Ces deux photographies nous apprennent qu'après le décès de Jean Houpy sa veuve confie l'exploitation de l'établissement à M. Devos et qu'un propriétaire suivant lui donne son nom "Aux Peupliers".

 



Albert Marquet sur les rives villennoises de la Seine

Artiste-peintre très attiré par les paysages de notre fleuve, il avait loué une maison dans l’île de Villennes pendant les mois d’août et de septembre 1910 : la villa Les Cytises. Il y était, le premier mois, en compagnie d’Henri Manguin, son ami depuis leur passage par l'atelier de Gustave Moreau à l'École des Beaux-Arts. En septembre, il a eu la visite d’Othon Friesz, peintre qualifié de fauve baroque, qui avait suivi le même parcours de formation que lui, en quittant l’École des Beaux-Arts pour perfectionner ses techniques, en copiant des tableaux du musée du Louvre.

Ils ont fait des balades en barque, emportant leur matériel de peinture. Parfois, Albert Marquet était accompagné par une femme, vraisemblablement sa compagne et modèle, qui, lorsque le soleil tapait fort, s’abritait sous un grand chapeau.


Revenu l’année suivante à Villennes, il a réalisé deux tableaux, depuis la rive de l'île de Platais, représentant le restaurant Les Peupliers et les arbres qui lui avaient donné son nom.

 

Suite à sa liquidation judiciaire, le fonds de commerce a été vendu par adjudication, en novembre 1912.

 

Des précisions nous sont apportées par les déclarations d'ouverture de débit de boissons :
- Léon Didier acquiert le restaurant avec la Veuve Lamaille en décembre 1928 (nous verrons plus loin qu'il le dirigeait déjà en 1921).
- il est exploité par Georges Pastorelli, lorsque Georges Dutois le reprend, le 15 avril 1937 ; celui-ci confie alors la gérance à Blanche Madeleine Douillard, qui est l'épouse du précédent propriétaire.

La terrasse, située sous des arbres (autres que des peupliers), et la balustrade la séparant du chemin existent déjà en 1920.

 

Vers 1930, Léon Didier y installe une pergola et aménage l'autre terrasse, située en bordure de la Seine, où les clients étaient auparavant abrités du soleil par des parasols.

 



Tandis que Léon Didier, la semaine dernière, se trouvait à Marseille, son restaurant de Villennes a pris un bain de pied.

Le Miroir des Sports, le 2 décembre 1930



En avril 1937, le restaurant est, de nouveau, mis en vente aux enchères comme l'annonce le journal Chronique Versaillaise :

 

  Les Villennois les plus anciens se rappellent encore les repas pris chez Monsieur et Madame Jourde. Certains y ont même fêté, en famille, leur mariage.

Le cycliste des Peupliers

Un petit Deauville

[...] Les restaurants sont sur une hauteur. Chacun d'eux a sa terrasse, d'où on voit le fleuve et tout ce qui y passe ou s'y passe. Il y a les baigneurs, les pêcheurs, les baigneuses jolies et court vêtues, tout comme à Deauville, je vous dis ; puis, il y a les petits bateaux, qui vont et viennent, et les gros, qui, sans discontinuer, montent à Paris. On a devant soi les îles ; mais, par une échappée, on aperçoit une plaine immense bornée à l'horizon par de grands bois. Il fait bon s'attarder là, le matin et le soir, à l'heure des apéritifs ou du café et des liqueurs.

Je voulais déjeuner dans le bon endroit. Je cherchais. Une file d'autos me mit sur la voie. J'arrivai à une terrasse où, sous des parasols, devant des verres multicolores, des personnes étaient assises ; elles étaient fort élégantes et me semblaient avoir commandé un menu fort appréciable. Je pensai : voilà le bon endroit. A travers des marronniers, longeant des tables déjà dressées, je me dirige vers l'établissement.
J'accoste le directeur :
- Chez qui suis-je ici, je vous prie ?
- Chez Didier.
- Didier ?
- Léon Didier. Vous ne le connaissez pas ?
- Non, avouai-je, tout confus.
Nous autres journalistes, quand nous n'avons pas une spécialité, nous ne savons rien de rien. Léon Didier, gagnant du Grand Prix d'Auteuil en 1917 et en 1918, champion de France du demi-fond derrière motocyclettes en 1920.
Je fus tenté de tirer mon chapeau. Le directeur paraissait si fier du patron et si brave homme que je renonçai à la plaisanterie.
Et j'appris que Léon Didier, l'une de nos gloires sportives, s'était, en décembre dernier, disposant de quelques économies, improvisé hôtelier.
Pourquoi pas ? Carpentier rougit-il de vendre de la batterie de cuisine, et en aluminium ?
Toujours est-il que Léon Didier s'est montré à la hauteur de sa tâche. Pour la clientèle select qu'il recherche, parce qu'elle a ses préférences, il a transformé du tout au tout la maison de son prédécesseur. Vous qui avez vu le patelin, vous ne le reconnaîtriez pas. Des gens très bien y fréquentent, et des gens riches. J'ai vu un monsieur et une dame, venus en une belle Renault, se faire servir, entre autres choses, un poulet à l'ivoire et une bouteille de Champagne grande marque ; ferait-on mieux à Deauville ?
Je vous jure que je ne fais ici aucune réclame pour Léon Didier, champion de France du demi-fond derrière motocyclettes et hôtelier ; mais, parti à la campagne pour y découvrir quelque chose, je dis ce que j'ai vu. Tous les restaurants du lieu se valent peut-être ; ils sont, en tout cas, également bien placés.

Oh ! mon délicieux petit coin de terre, ce n'est pas Deauville ! M. Contuché ne peut être partout Mais on y villégiature entre gens du dernier bateau. Mettons que c'est un petit Deauville. Et mon petit Deauville, vous l'aviez deviné, c'est Villennes-sur-Seine. Je n'ai pas perdu mon dimanche !

Edmond Lainé
Le Gaulois, 18/7/21


Léon Didier (1881-1931) fut cycliste professionnel de 1910 à 1922. Il fut le second, en demi-fond du Championnat national en 1920 et premier l'année suivante.

Cliquez sur l'une des deux photos, ci-dessus, pour lire la notice biographique de Léon Didier.

Le logement de familles immigrées

Après la fermeture du restaurant, plusieurs personnes l'achètent, vers 1967, pour louer ses chambres à des familles immigrées, la plupart portugaises.

Dix ans plus tard, l'état insalubre des lieux conduit la municipalité et la préfecture à faire expulser les locataires, en les relogeant. Cet article, publié le 13 avril 1977, dans le Courrier des Yvelines annonce la démolition de l'hôtel-restaurant.

Le restaurant Jallabert / La Pergola

La tranquille auberge

 

Henri Roux acquiert en 1903 deux parcelles, situées juste avant le restaurant Houpy (quand on va de Villennes à Médan).

Il y construit une maison, où il installe un café-restaurant. Un autre petit bâtiment comprend une écurie, une remise et une chambre (vraisemblablement celle d'un employé, qui est peut-être un cocher chargé de transporter les clients entre la gare de Villennes et le restaurant).

On peut y louer des bateaux pour la pêche et des promenades sur la Seine.

Les enfants peuvent y jouer à la balançoire.

 

Le restaurant de Louis Jallabert

 

En 1913, Louis Jallabert achète l'établissement ainsi qu'un terrain appartenant depuis 1908 à Louis Cacherat.

Celui-ci est un parisien domicilié rue de Penthièvre et propriétaire de 1884 à 1909 d'une maison, la "Villa des Parisiens", située "rue du Bas Médan" (vraisemblablement la rue du bas vers Médan, de l'autre côté du terrain).

Les terrains se trouvent en face de l'Ile de Platais, où il acquiert également une parcelle, ainsi qu'une autre l'année suivante.

L'hôtel-restaurant, particulièrement bien situé, attire des clients de plus en plus nombreux.

 



Les parisiens utilisent de plus en plus leur propre véhicule pour venir à Villennes.
 

Louis Jallabert doit organiser un parking (emplacement de voitures).

 

Selon le journal L'Intransigeant du 19/10/1924, le restaurant devait être fermé jusqu'au mois de mars, pour être "complètement transformé sous l'habile direction de Raoul Fées du Tabary's Restaurant".

L'adepte de la petite reine

Cliquez sur cette image pour lire la notice biographique de Louis Jallabert.

 

Cette carte postale a été envoyée en Belgique, en 1908, par Louis Jallabert et quelques uns de ses amis d'un club cycliste, vraisemblablement l'Union Vélocipédique Paris Star.

Elle était adressée à son président, Léopold Alibert, alors directeur sportif de l'équipe Peugeot qui participait au Tour de Belgique.


Les deux terrasses et le port

Une terrasse est ombragée par des marronniers.

 

Louis Jallabert la complète, en bordure de la Seine, par une autre qui se couvre de parasols.

 



Les parisiens utilisent de plus en plus leur propre véhicule pour venir à Villennes.
 

Louis Jallabert doit organiser un parking (emplacement de voitures).

 

Le "port d'abordage" permet d'accéder au restaurant par la Seine ou de s'embarquer pour ramer sur le petit bras du fleuve.


Comme tous les établissements situés au bord de la Seine, il subit plusieurs inondations, tout particulièrement celle de janvier 1910.  

Louis Jallabert quittera bientôt la Seine pour la forêt de Saint-Germain-en-Laye ; il y exploitera, à partir de 1926, le restaurant de la Croix de Noailles, qu'il avait créé dans un ancien pavillon de chasse.

Une pergola pour l'ombrage et pour l'enseigne

 

En 1922, l'hôtel-restaurant appartient à M. Kleim. Le propriétaire baptise son établissement "La Pergola" après avoir construit un support pour plantes grimpantes au dessus de la terrasse longeant la Seine.

Il est acheté en avril 1925 par M. Fies, citoyen français né à Rome en 1890, qui a le titre d'Administrateur délégué ; il en confie la gestion à M. Lautrette.

De nombreuses cartes postales de l'époque représentent cet élément caractéristique du restaurant.


 

Les clients peuvent prendre leur repas à l'ombre de la pergola, puis danser sur la musique d'un orchestre ou faire du canotage sur la Seine.

 

Publicité parue en 1922 dans La semaine à Paris, journal du syndicat d'initiative de Paris.

 

Voici un extrait d'un article, signé Charles-François, publié en septembre 1928 par La Semaine à Paris. Relatant une fin d'après-midi et une soirée à Villennes après une balade dans la forêt de Saint-Germain et le long de la Seine depuis Poissy, il conseille le restaurant "La Pergola", dont il donne le menu.

Je vous conseille d'arriver à Villennes vers 5 h. ou 5 h. et demie. Vous irez prendre une boisson glacée à la Pergola et, accoudé à la rampe, regarderez les canots évoluer sur la Seine où vous admirerez le paysage qui est fort beau. La Pergola elle-même est un endroit charmant. Le temps s'écoulera là pour vous sans que vous vous en avisiez. Vous dînerez vers 7 heures ou 7 heures et demie et vous apprécierez le menu. Voici par exemple celui du prix fixe à quarante francs que l'on m'a servi l'autre jour :

Petite marmite
ou
Potage aux poireaux et pommes
Langouste sauce mayonnaise
ou
Friture de la Seine
Poulet de Houdan rôti
ou
Longe de veau bourgeoise
Pommes château
Salade de saison
Petits pois à l'étuvée
Coupe glacée, Melba
Dessert

Mais une énumération ne dit riien. Ce qui convient davantage, c'est de noter la qualité des mets. Elle était véritablement excellente. Un jazz jouait dans le jardin et ceux à qui le coeur en disait pouvalent danser. D'autres dîneurs préféralent regarder le crépuscule sur la Seine.

L'activité continue jusqu'à la guerre

En 1926, l'établissement devient la propriété de la société "La Pergola", dont le siège y est situé et dont le capital sera de 700 000 F lors de sa liquidation en septembre 1942. La société est alors vendue à un restaurateur parisien, Elie Pierre Lavergne (officier de la Légion d'Honneur, décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre) et à son épouse Suzanne Cécile Manoury, demeurant Faubourg St Martin.

L'OCCASION DES DRAGS, "la Pergola", à Villennes-sur-Seine, prévient son aimable clientèle qu'il y aura aujourd'hui un grand dîner de gala suivi du jazz. A 9 h. 30 seront tirés les numéros des tables qui auront droit à un cadeau : robe, chaussures, sac, provenant des meilleures mai- sons. Prix du dîner 35 francs. Retenez votre table. Téléphone 21.

Le Matin, 25/6/1926

Le Prix des Drags était une course hippique de Steeple-chase, qui se déroule, encore de nos jours, au mois de juin sur l'hippodrome d'Auteuil.


Publicité parue en 1931 dans Le Figaro.


Une société artistique et littéraire, fondée en 1896, nommée "Le Cornet, choisit La Pergola pour son déjeuner annuel en juin 1933.

 

La société est acquise en mai 1958 par La Société d'Exploitation Hotelière, créée 10 ans plus tôt par Charles et Robert Schmidt, avec pour objet "la création, la vente, l'exploitation et la vente de tous commerces de cafés, restaurants, hôtels et dancings et généralement toutes activités se rapportant aux dits commerces". Leur but est-il de revendre le restaurant ?

En fait, les terrains et les bâtiments sont divisés et vendus ; une partie, appartenant à six copropriétaires, sera acquise par la commune de Villennes en avril 1982.

Seuls quelques vestiges de la pergola, envahis par la végétation, rappellent que ce lieu a été autrefois renommé et très fréquenté.

 

Le Chalet du Parc / Restaurant du Petit Parc / Restaurant Perche

Le tailleur de Tchernobyl devient restaurateur

L'établissement est créé en 1901, sous le nom de Restaurant du Bout du Parc, à l'extrémité du chemin de Seine, en cours de lotissement, qui deviendra le sentier du Bord de l'eau.

Il se situe, en effet, entre le chemin de fer et la Seine au bout de l'ancien parc du château.

 

Son fondateur est Aron Faktorowitz, né vers 1849 à Zernobille (Russie), naturalisé français en 1892. En mars 1898, lors de la déclaration de son intention d'ouvrir un café-restaurant dans une maison dont il est propriétaire, il réside à Paris ; il exerce la profession de tailleur qu'il conserve tout en devenant restaurateur. Il a acquis une partie du terrain des voisins, Auguste Louis Philippe de Saint Germain et son épouse.

Il fait construire un autre bâtiment sur un terrain proche, situé de nos jours sur le quai de Seine. Cette maison sera acquise en 1907 par le fils de M. et Mme de Saint Germain, Auguste Jacques, ingénieur chimiste à Paris. Après le décès, en 1897, de son père qui avait acheté depuis 1882 plusieurs autres propriétés de Villennes, où il résidait, il a poursuivi ses acquisitions. La famille s'était implantée entre la rue de Médan, la rue de Neauphle et la rue des Ecoles ; il achètera notamment la maison Les Pigeons et l'ancienne geôle, avant de construire la villa "Buissonnière", en face, sur un terrain de l'ancien parc du château.

Aron Faktorowitz n'exploite pas longtemps son restaurant, y décédant à la fin du mois de novembre 1898. Une vente aux enchères du matériel et les marchandises de l'établissement a lieu, trois mois plus tard.

Le matériel ayant très peu servi, des restaurateurs de VIllennes (MM. Houpy et Cosneau) et de Médan (M. Leclerc) achètent de nombreux lots. Des familles d'agriculteurs, d'artisans et de notables de Villennes et des environs, des propriétaires de villas (de Saint Germain, Jolibois, ...) se partagent le mobilier, la vaisselle et de nombreux ustensiles ainsi que les vins et les liqueurs, dont 8 litres d'absinthe en fûts. Madame Parvery acquiert notamment une lessiveuse, une échelle et 8 litres de sirops (groseille, cerise, cassis).

Trois porte-vélocipèdes, douze bateaux de pêche et une norvégienne sont également vendus.

 

La veuve de Philippe de Saint Germain acquiert le restaurant pour le revendre, en 1900, à Antoine Jean Baptiste Ballivet, qui possède une maison au lieudit "La Nourrée". Se faisant appeler Anthony, il est photographe à Paris.

L'acte de vente et celui de l'hypothèque consentie en garantie du prêt que consent alors un ancien négociant de Boulogne sur Seine, Hippolyte Wintzer, fournissent une description du restaurant :

Un bâtiment à usage de restaurant, marchand de vins, logeur, élevé sur caves d'un rez-de-chaussée comprenant une salle de débit, une cuisine, quatre petites chambres à coucher, water-closets, grenier perdu au dessus couvert en tuiles. Autre bâtiment à côté élevé d'un rez-de-chaussée et d'un étage. Cour et jardin.

Deux ans plus tard, Anthony Ballivet construit une annexe sur un terrain des Prés Blondeau (actuellement, quai de Seine).

La famille Perche gère l'hôtel-restaurant

La propriétaire confie, ensuite, la gérance du Restaurant du Parc à la famille Perche. Son nom est parvenu jusqu'à nous grâce à plusieurs cartes postales éditées à cette époque, dont certaines à son initiative.

 

Le nom de P. Perche, est alors inscrit sur l'extrémité du mur du parc.

En 1911, Louis Perche, né en 1872 à Paris, son épouse Gilberte, leur fils Gilbert, sa mère Cécile et une femme de chambre habitent l'hôtel-restaurant.

Joseph Perche, né à Villennes en 1868, vraisemblablement son frère, réside alors avenue du Parc (actuelle avenue Foch).

Le restaurant est adossé au mur qui délimitait le parc du château.

Le port, permettant l'accès par la Seine, a été aménagé.

 

L'établissement dispose de deux terrasses, l'une couverte, ouverte vers la Seine, l'autre à l'ombre des arbres.

 

En janvier 1910, on ne peut atteindre l'hôtel-restaurant, de tous côtés, qu'au moyen d'une barque.



Les membres de la fanfare de Villennes vont parfois se restaurer ou prendre des consommations au Café-Restaurant du Parc.

 


L'en-tête d'une de leurs notes nous informe que P. Perche possède alors un autre établissement à Paris, rue d'Aboukir.

La veuve du propriétaire photographe reprend l'exploitation de l'hôtel-restaurant

Après le décès d'Antoine Ballivet à Paris en novembre 1915, son épouse Angèle Marie Pilliard (par ailleurs prénommée Blanche), née en novembre 1870 à Paris, gère l'établissement, rebaptisé Chalet du Parc. En juin 1921, elle déclare son intention d'ouvrir "un hôtel pour pension de famille avec débit d'apéritifs et de vins spiritueux". L'année suivante, elle en devient propriétaire après liquidation-partage des biens de son époux entre elle et ses enfants.

Quatre personnes de la famille Ballivet sont recensées en 1921 "au Bord de l'Eau" : Blanche Ballivet, également photographe, leur fils Antony Robert, né en 1904 à Paris, leur fille Marguerite, née à Paris en 1894, et l'époux de celle-ci, Paul Ferdinand Chaubet, artiste musicien, qui lui a donné sa nationalité belge (un photographe, qui sera actif à Ostende en 1940, signera "Antony" ses ?uvres, telles que des portraits du peintre James Ensor ; il pourrait être le fils d'Antoine et de Blanche).

L'exploitation de l'établissement, alors appelé Restaurant du Petit Parc (la petite partie de l'ancien parc du château), est poursuivie à partir de mars 1923 par Félicité Van Heuteuryk, née à Anderlecht en Belgique en 1879, qui "a acquis le fonds de l'hôtel pension de famille".

 

On peut remarquer que la terrasse couverte a été fermée.

 

Lorsqu'on passe devant le restaurant sur la Seine, on est informé que l'on peut y déguster, en friture ou en matelot[t]e, des poissons qui ont été pêchés dans le fleuve ; on peut également y louer des bateaux et garer son véhicule.

La vente du fonds de commerce de l'hôtel-restaurant est annoncée en avril 1926 dans l'Echo de Versailles et de Seine-et-Oise.

 

La dépendance de la villa Marie Isabelle

 

En 1928, l'hôtel-restaurant est acheté par Numa Marie Georges Simon, négociant.

Il est le nouveau propriétaire de la villa Marie Isabelle, dont le terrain, situé en face de l'autre côté du chemin de fer, s'étend des deux côtés de l'avenue du Maréchal Foch (nouveau nom de l'avenue de Médan depuis avril 1923).

Il fait démolir l'annexe du restaurant en 1933 et construire un garage en 1935.

Le nouveau propriétaire ne souhaite vraisemblablement pas poursuivre l'exploitation de l'établissement ; il l'aurait acheté pour disposer de son port sur la Seine et peut-être ne pas être gêné par la circulation et les nuisances sonores qu'il engendrait : lorsqu'il revend la maison en octobre 1937, une clause de l'acte de vente interdit dorénavant "de créer [...] un café, restaurant ou hôtel, et d'édifier aucune construction nouvelle de plus de six mètres de hauteur, au faite, afin de ne pas gêner la vue de la propriété [...] dénommée «Marie Isabelle»".

Il se réserve alors la propriété du port et d'une bande de terrain permettant d'y accéder ; 45 ans plus tard, il n'auront plus d'usage et seront cédés au propriétaire de l'ancien hôtel-restaurant.

La maison est l'objet d'importantes modifications : la salle qui domine la Seine est transformée en chambres et couverte d'une toiture à double pente ; le rez-de-chaussée est élargi ; l'escalier extérieur est remplacé par un autre escalier de bois mais intérieur, ...

La maison de campagne devient une résidence principale

La propriétaire suivante de la maison est l'épouse d'un chirurgien parisien, cancérologue réputé ; comme de nombreuses maisons de Villennes, habitées pendant les fins de semaine et les vacances, elle deviendra une résidence permanente avec leur fils, également médecin.

Le mur du parc reste visible sous la végétation, qui s'est étendue sur le terrain.

Les alluvions de la Seine ont recouvert l'emplacement du port et enfoui l'escalier le reliant au restaurant.

Une terrasse subsiste, ouverte vers la Seine.

 


 



L'hôtel-restaurant "Aux Tilleuls"

Entre le port et le début du chemin de la Nourrée, un autre restaurant existait déjà à la fin du XIXe siècle. On peut encore apercevoir les vestiges de l'établissement qui lui avait succédé : Le Riverside.

 

 

Un restaurateur villennois s'installe en bord de Seine

Léon Jules Bodin, qui exploitait l'hôtel-restaurant "Au Berceau" de son beau-père, ouvre en mai 1889 l'hôtel-restaurant des Tilleuls.

Il l'a construit sur un terrain loué à la Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest, qu'il achètera en février 1902.

 

 

Lorsque Léon Bodin acquiert le terrain, il emprunte de l'argent à Louis Alexandre Semelle, marchand épicier à Triel. L'hypothèque du terrain complétant celle de l'hôtel-restaurant "Au berceau", consentie en garantie de cet emprunt, nous donne la description des constrctions à cette époque.

Un pavillon en bois servant de salle de café restaurant ; office & cuisins, 5 chambres au 1er étage.
Kiosques rustiques.
Hangar pour la remise des bateaux et des bicyclettes.
Cabinet d'aisances. Ecurie et remise.
Grand hangar en bordure de la Seine.

Cet emprunt ne sera pas suffisant ; un autre, au début de l'année suivante, consenti par

Changements de propriétaire

Ce restaurant, établi en bord de Seine, est l'un des premiers à louer des barques pour la pêche et la promenade. Il dispose de son propre port, d'un hangar et d'un ponton que l'on appelait "abordage".

 

 

Les bosquets offrent des coins de pêche.

 

Le voisin achète le restaurant

Léon Bodin revend son établissement en 1907 à Charles Edouard Louis Machoire, receveur de rentes comme Edouard Eugène Briens, dont il est un proche.

Il possède déjà à Villennes plusieurs propriétés, dont la maison de la rue du Pont située de l'autre côté du port, qui portera longtemps son nom.

 

Les photos suivantes la montrent, en partie pendant la crue de la Seine de 1910 et en totalité à la même époque.

 

Le restaurant, exploité par Louis Leclaire (dit Paul, restaurateur à Paris, rue Lepic), subit de multiples inondations.

Le Figaro relate, dans son édition du 2 novembre 1896, des inondations dans toute la France. Voici un extrait sur Villennes, dans lequel le journaliste s'est trompé d'arbres, remplaçant les tilleuls de Léon Bodin par des peupliers ...

 

Le café-restaurant cessera son exploitation dans quelques années. Le journal Avant-Garde de Versailles et de Seine-et-Oise a annoncé, dans son édition du 20 septembre 1905, une vente aux enchères de son matériel et de ses marchandises qui a eu lieu, sur place, le 28 septembre :

Tables, chaises, verrerie, vaisselle, importante batterie de cuisine, couverts et quantité d'autres objets servant à l'exploitation dudit fonds de Café-Restaurant.
Environ 400 bouteilles de vins fins et ordidinaires et apéritifs et liqueurs divers.
Bateaux, pontons, accessoires de pêche et canotage.

 

En janvier 1910, l'eau arrive au niveau de la voie du chemin de fer et du premier étage du restaurant.

Deux terrasses sont construites à l'ombre des tilleuls.  

  On peut y prendre ses repas, tout au bord de la Seine.

Le propriétaire M. Paul a signé, en mars 1911, cette note semblant concerner des consommations ou des repas des 12 membres de la fanfare de Villennes.

Quelques mois plus tard, le restaurant est, de nouveau, mis en vente.

 

Annonce publiée, le 8/9/1911 dans L'Echo de Versailles et de Seine-et-Oise et dans le Journal de Versailles


 

Joseph Marais loue et exploite ensuite le restaurant jusqu'à la fin de l'année 1919.

C'est vraisemblablement ensuite que Charles Grimardias, l'éditeur de cette carte postale, dirige l'établissement (à vérifier, en fonction des modèles des automobiles des clients).

Le préfet interdit la réouverture du restaurant

Le fonds de commerce est cédé, en janvier 1922, à Mademoiselle Désirée Goupy (née le 13/4/1872 à Villennes, au hameau de Breteuil). En mars, le préfet, interrogé par le maire, s'oppose à la réouverture bien que le précédent tenancier ait continué à payer son droit de licence ; une loi de novembre 1915 frappe d'interdiction les débits de boisson ayant cesser d'exister depuis plus d'un an.

De plus, un arrêté préfectoral d'octobre 1913 interdit l'ouverture de nouveaux débits dans un rayon de 300 mètres autour des établissements publics dans les communes de plus de 500 habitants ; c'est le cas de Villennes et l'église se trouve à 100 mètres.

La réclamation adressée au directeur des Contributions Indirectes par M. Picard, propriétaire de l'hôtel-restaurant "Le Cygne", n'est certainement pas étrangère à cette décision. Nous reproduisons son courrier (en respectant son orthographe), qui montre l'esprit de concurrence qui existait à cette époque :

J'ai l'honneur de vous signaler que l'on va rouvrir à Villennes s/Se un débit de boissons dont le local a été abandonné, voilà plus de deux ans par son propriétaire M. MARAIS qui, depuis la date de son départ, est allé habiter une maison particulière, Rue du Bas Médan. Il exerce depuis cette époque la profession de journalier.

Le local en question était un hôtel Restaurant appelé LES TILLEULS.

M. MARAIS est allé à la Recette Buraliste de Triel pour faire opérer la transcription de sa licence au nom de la personne qui va emménager, et il y a quelques jours de cela.

M. Marais était démobilisé lorsque je suis arrivé à Villennes au commencement de 1918 et il a quitté son local de commerce parce qu'il n'était plus habitable ; il ne s'agit donc pas d'une faillitte, ni d'une liquidation judiciaire, il a en quelque sorte mis la clef sur la porte.

J'ignore si M. MARAIS a toujours continué le paiement de sa licence, s'il en était ainsi, il aurait payé pour une licence pour laquelle il a perdu tous droits, puisqu'il n'exploite plus son fonds depuis plus de deux ans, et ceci est de notoriété publique.

Je suis allé dimanche dernier voir le Service de la Régie à Triel pour lui signaler le fait, car ces messieurs sont plus ou moins anciens dans la contrée et il se pourrait que leur bonne foi soit trompée.

J'ai l'honneur, Monsieur le Directeur des Contributions Indirectes de vous prier de vouloir bien empêcher la réouverture de ce fonds qui n'a plus lieu d'exister en tant que débit de boissons, le délai étant expiré pour sa réouverture.

J'ai saisi de cette affaire l'Union Syndicale des Débitants de vins et liquoristes, en la priant de vous soumettre également ce cas

La personne qui emménage dans ce local tenait une pension de famille et il est à la connaissance de bien des gens qu'elle vendait à l'intérieur : champagne, eaux de vies, etc. ; je m'en était plains à la Régie voilà déjà 18 mois [...] j'ai même porté plainte à la Mairie.

Cet hôtel était sur la place de l'église, tenu par Mr et Me VINCENT et leur s?ur Melle GOUPY. Le fonds vient d'être vendu et cette famille est en train de reprendre la maison des TILLEULS, c'est à dire à une centaine de mètres de l'hôtel qu'ils quittent !!!

Veuillez agréer ...

                                                              Signé : Picard

Après la copie qu'il adresse au préfet, il précise :

Autour de la place où nous sommes tous il y a déjà 2 épiciers, 3 hôtels restaurant 1 pension de famille c'est à dire 5 licences et une licence restreinte. La Maison que l'on veut rouvrir ferait la 7e et il y a en a d'autres dans la Commune.

Cent mètres séparent LES TILLEULS de l'église. J'ai l'honneur Monsieur le PREFET de vous demander également que cette Maison ne rouvre pas en conséquence de ce qui précède.

Veuillez agréer, Monsieur le PREFET, l'assurance de mes sentiments respectueux et mes remerciements anticipés.


En 1924, c'est M. Vincent qui est le gérant.  

Le Journal de Poissy et ses environs, 24/9/1924

En avril 1927, Mademoiselle Goupy confère l'exploitation en gérance libre à Charles Grimardias, cuisinier parisien et à son épouse Eleonore Marhold ainsiqu'à un autre cuisinier, habitant à Charenton, Emile Brunet. En octobre suivant, dans un nouvel acte notarié, ce dernier n'apparait plus.

Charles Machoire, qui est resté propriétaire du restaurant, décède en 1949. Ses héritières, son épouse et sa fille, vendent le terrain et le bâtiment à une Société Civile Immobilière dénommée "Les Tilleuls" en 1952.

Le Riverside

L'établissement qui a succédé, sous ce nom, au Restaurant des Tilleuls a appartenu au propriétaire du cabaret de Montmartre Au Lapin Agile.  

 

Voici un souvenir du réveillon qui y était proposé, le 31 décembre 1966.

L'hôtel-restaurant "Aux Bigochets"

Un hôtel-restaurant existait avant 1920, à l'extrémité du chemin de la Nourrée vers Poissy. La villa, qui l'a remplacé, a conservé son nom : le petit Bigochet et le grand Bigochet sont les deux îlots situés entre l'île de Migneaux et celle de Villennes, alors nettement séparés de cette dernière.

Tout pour se restaurer et pour pêcher

 

Léonard Maréchal achète, en 1905, le terrain, situé à l'extrémité du chemin de la Nourrée, sur lequel il bâtit une maison, deux ans plus tard.

Il y crée son restaurant (sa demande d'autorisation de vente de boissons alcoolisées date de 1917).

Il l'exploite vraisemblablement jusqu'à son décès.

Deux pancartes nous annoncent ses autres activités :

- location de bateaux pour la pêche et la promenade,

- vente d'articles de pêche et d'amorces.

 

  La terrasse est située au bord de la Seine ...

... où sont amarrées les barques que les clients peuvent louer après leur repas.  

Comme toutes les maisons du bord de Seine, l'établissement subit fortement la crue de janvier 1910.  

 

La veuve de Léonard Maréchal vend l'établissement en août 1919, à Henri Faiveley (né en janvier 1890 à Dijon), qui le rebaptise "Pavillon des Bigochets".

Un accident de son épouse le conduit à une fermeture provisoire au mois d'octobre puis à la cessation définitive en juin de l'année suivante.


L'hôtel-restaurant est transformé en villa

Deux parisiens, Willy Roggers puis Jules Henri Létang, industriel, en deviennent propriétaires, respectivement en 1922 et 1931, pour en faire leur résidence secondaire.

Henri Létang dirigeait, avec ses deux frères, André et Marcel, l'entreprise familiale, spécialisée dans la fabrication de moules pour la chocolaterie. Celle-ci avait été fondée par un de leurs ancêtres, Jean Baptiste Létang, en 1832.

Les trois frères possédaient chacun une maison à Villennes.

 

Un peu de tact S. V. P.

Tout le monde a droit au respect de chacun, et chacun a le devoir de respecter tout le monde.
Un monsieur qui habite le chemin de la Nourrée, pendant l'été, a cru bon dès son arrivée à Villennes de perdre son esprit en voulant en faire. S'est-il figuré arriver en pays conquis et pouvoir donner ses instructions aux personnes qui passent devant sa propriété ? Lui seul le sait. Mais ce que l'on sait surtout, c'est que ce monsieur ferait bien d'enlever de sa porte les vers de mauvais goût qui y figurent, qui sont reproduits ci-dessous, et d'être plus poli à l'égard du public.

Ci-gît passant le c?ur m'en saigne
Un bon restaurant qui jadis
Des Bigochels portait l'enseigne
De Profundis !
Sur sa tombe, un bourgeois habite
Et Chez lui tu serais de trop
Passant, passe au plus vite
Vade Hetro

Le Journal de Poissy et ses environs, 7/5/1924


Cette villa est devenue une maison d'habitation comme la plupart des maisons du chemin.

L'escalier extérieur de l'hôtel-restaurant "Aux Bigochets", qui était le moyen d'accès aux chambres situées à l'étage, existe toujours à l'arrière.


Ce magnifique escalier en bois, couvert, peut être vu dans son intégralité depuis la Seine.

L'ancien hangar à bateaux, bâti en 1913, a fait l'objet de quelques transformations.