L'un des premiers lotissements, situé près de l'entrée principale de Villennes, n'était autrefois composé que de bois et d'une carrière, qui ont été acquis par l'un des anciens maires de Villennes. Le morcellement s'est réalisé, de manière non uniforme, en plusieurs étapes. Des maisons, dont l'une a une architecture très particulière, y ont été bâties et habitées par des personnes ayant acquis leur fortune dans la mode, la finance ou l'industrie.

Le Bois des Falaises avant sa vente par lots

Le bois et les carrières

L'extrait ci-dessous du plan d'intendance, établi en 1786, montre l'emplacement du Bois des Falaises en face des domaines de Migneaux et d'Acqueville. Il s'étendait au delà de la route de Villaine devenue la route du Président puis l'avenue du Général de Gaulle, jusqu'au chemin de Poissy à Marolles et au Tremblais (actuel chemin des Groux). Quelques parcelles de bois existent encore, de nos jours, entre ces deux voies.

On distingue nettement sur la carte deux carrières, creusées dans la "falaise", dominant le chemin de Poissy à Villennes.

Agrandies, elles n'en formeront plus qu'une, en un lieu appelé le Val Saint Pierre. Des moellons en sont extraits pour la construction des maisons de Villennes.

En 1889, la carrière n'est plus exploitée ; suite à un rapport des inspecteurs des Mines, le préfet met alors la propriétaire en demeure de faire clôturer ses abords, sur tout son pourtour, et d'établir, à l'entrée, une barrière d'au moins deux mètres de hauteur, fermant à clef.

 

Propriété des seigneurs de Villennes

Deux documents établis vers 1789 pour lister les revenus des terres de Villennes, appartenant au seigneur Pierre Gilbert de Voisins, mentionnent le Bois des Falaises.

Il contient alors 36 arpents. Il était autrefois exploité par le propriétaire, mais "depuis 1780, il n’y a point eu de coupes".

Les propriétés seigneuriales deviennent des biens nationaux. Les terres de la ferme de Marolles sont vendues aux enchères en juillet 1795 ; le château et son parc seront restituées à la fille et au gendre de Pierre Gilbert de Voisins, après leur retour d'émigration en 1801.

Une partie du domaine de Migneaux

Le Bois des Falaises est vraisemblablement acquis, à cette époque, par le propriétaire du domaine de Migneaux, Jean-Baptiste Decrétot, qui possède les prés et les prairies de Fauveau, situés de l'autre côté du chemin de Mignot à Ecquevilly, appelé ici de nos jours la route d'Acqueville.

L'ancien cadastre conserve les noms des deux châtelains suivants, propriétaires du Bois :

- de 1810 à 1828, l'industriel Jean Labat, qui a créé une raffinerie de sucre à Migneaux,
- de 1828 à 1850, l'agent de change Jacques-Edmond Archdeacon, qui a réalisé des investissements dans de nombreux secteurs (canaux, navigation, éclairage au gaz hydrogène, houillères, chemins de fer, Banque de France).

L'assureur Alexandre-Etienne Trubert, qui leur succède, ne possédera pas le Bois des Falaises : il est dissocié du domaine, lorsqu'il l'achète en mai 1851. Les 16 héritiers de Jacques-Edmond Archdeacon le vendent aux enchères. C'est le maire de Villennes, Ambroise Eléonore Binet qui l'acquiert en août suivant.

La propriété de la famille Binet

Le Bois a alors une superficie d'environ 12 hectares.

Son nouveau propriétaire ajoute, quelques années après, deux petites parcelles achetées à des propriétaires voisins, les familles Godfrin et Giraux, après avoir acquis de la commune la portion d'un chemin désaffecté qui le traverse.

Une partie de celui-ci est visible sur un plan établi après 1910, reproduit plus loin. Il semble que les deux sentes joignant l'avenue du Bois des Falaises au chemin vicinal d'intérêt commun n° 154 (route de Poissy, de nos jours) suivent le tracé de cet ancien chemin.

 

Maire de Villennes de 1848 à 1860, Ambroise Eléonore Binet est issu d'une famille, qui s'est alliée à une descendante du premier maire, Jean Laurent Menard, qui était agriculteur : un fils de son oncle paternel a épousé la petite fille de ce dernier ...

Près de 26 ans après l'acquisition du Bois des Falaises, et deux ans avant son décès à 80 ans, Ambroise Eléonore Binet en fait donation à son fils Alexandre Martin.

Celui-ci y établit sa résidence : il habite, avec son épouse, la Villa des Falaises, construite en bordure de la route du Président.

Il semble toutefois que cette propriété du Bois des Falaises n'intéressera pas beaucoup leurs enfants.

 

Le Bois devient alors la propriété, à parts égales de sa mère, née Marie Alice Garrigues, et de son fils Pierre Robert. En tant qu'administrateur légal de celui-ci, qui est mineur, il renonce, l'année suivante, en son nom à la succession. Sa mère en devient totalement propriétaire.

 

Moins de six mois plus tard, la propriété est vendue aux enchères. Est-elle décédée ? Nous ne le savons pas.

Qui est l'acquéreur à l'issue de l'audience des criées du Tribunal de Versailles du 13 mai 1897 ? C'est Edouard, le fils médecin, qui n'en avait pas voulu ! Entre temps, il avait peut-être vu le parti qu'il pourrait en tirer, en vendant le Bois des Falaises par lots.

 

Annonce publiée, le 25/4/1897, dans le journal "L'Echo de Versailles et de Seine-et-Oise

Incendie criminel ?

Un incendie s'est déclaré, hier en sept endroits différents, dans le bois des Falaises, appartenant au docteur Binet. Grâce à la promptitude des secours, le feu a pu être éteint avant qu'il n'ait pris des proportions considérables.

Le Petit Parisien, 28/7/1904

Le morcellement du Bois

La mise en vente

Ce projet ne se concrétise qu'en 1908.

Des allées, qui deviendront des avenues, sont tracées. Avec deux sentes rejoignant le Chemin de Grande Communication N°154 (actuelle route de Poissy), elles délimitent les terrains à vendre, dont certains ont une superficie de plus de 12 000 m2.

 
A travers les nombreux arbres, qui conservent au lieu son caractère sylvestre, on peut néanmoins admirer, grâce à sa position élevée, le panorama de la Seine, de chaque côté.

 

Le plan qui suit, non daté, établi entre 1910 et 1920, montre les 10 lots créés dont seuls les 5 représentés en bleu seront vendus.

Le cahier des charges

Préalablement à la vente, Edouard Binet fait établir par son notaire un document destiné principalement à :

- organiser, aux frais des acquéreurs, l'entretien des avenues et des chemins, qui restent sa propriété,

- conserver le paysage et la vue sur la Seine, notamment en destinant certains lots de petite dimension, donnant sur la vallée de la Seine, qui doivent être acquis en même temps que des terrains proches, à la création de jardins fleuris ou potagers,

- assurer la tranquillité des propriétaires.

C'est, à ce titre, qu'on peut lire dans les conditions générales :

Dans l'intérêt de la tranquillité générale, les phonographes sont formellement interdits.

La circulation des automobiles y est également réglementée :

Les avenues et chemins […] sont interdits aux voitures non suspendues.

L'article 4, est intitulé "interdiction de diverses professions et industries" :

Les acquéreurs ne pourront dans aucun des lots, établir l'exploitation d'usines, manufactures, carrières, plâtrières, fours à chaux ou à plâtre, briqueterie ou sablière.
Ils s'interdisent l'établissement de tous commerces quel qu'il soit ou d'industrie sur leur lot, de même que l'exploitation de restaurants, hôtels, pensionnats ou hospices quelconque.
Ils ne pourront également établir aucun affichage manuscrit peint ou imprimé ni sur les constructions ni sur les murs de clôture ni dans l'intérieur des propriétés.

Cette interdiction, empêchant d'exploiter à nouveau la carrière, sera à l'origine de plusieurs conflits qui interrompront diverses activités commerciales, notamment :

- avec un propriétaire ayant établi une pension dans sa maison,

- avec celui de la propriété "Les Frênes", avec accès sur l'actuelle avenue du Général de Gaulle, qui y ouvre un hôtel-restaurant en 1954.

Une association syndicale des propriétaires, prévue dans le premier cahier des charges lorsque tous les lots auraient été vendus, fonctionnera jusqu'à la fin du siècle.

Le service de distribution d'eau

Avant même l'établissement, dans la commune, d'un réseau de distribution d'eau à partir de 1910, le Bois des Falaises est desservi par ses propres canalisations.

En août 1908, Edouard Binet obtient la permission de distribuer l'eau de son puits, dans un rayon de 500 mètres des limites de sa propriété. Dans ce but, il installe une pompe dans la carrière.

L'emplacement du puits foré et de l'usine élévatoire est indiqué sur le plan précédent.

On aperçoit également sur le terrain, situé au dessus de la carrière, la maison du garde.

Le cahier des charges précise que l'interdiction de diverses industries ne s'applique pas à ce service des eaux ...

 

Les premiers contrats de vente contiennent une condition particulière concernant la pression de l'eau :

Les vendeurs s'obligent ici conjointement à fournir à ... l'eau à une pression suffisante pour élever à une hauteur de dix mètres au dessus du sol du rez de chaussée de la construction que ... se propose de faire édifier sur le terrain présentement vendu.

 

L'eau du puits sera remplacée par l'eau distribuée par la société concessionnaire du service communal, vers 1913, lorsque l'eau pourra être distribuée sous "haute pression" grâce à des réservoirs construits dans les parties hautes de la commune.

L'un d'eux se situe à l'altitude de 85 mètres dans le Bois des Falaises, mais dans la partie non concernée par le lotissement, entre l'avenue du Général de Gaulle et le chemin des Groux : ce "château d'eau" en ciment armé a une contenance de 300 m3.

Les premiers propriétaires

La famille de la haute couture

Le premier acquéreur d'un lot du Bois des Falaises est Blanche de Mendiri, couturière. C'est vraisemblablement elle qui fait découvrir ce lieu à une autre couturière Jeanne Marie Charlotte Beckers, épouse d'Isidore Paquin, et à un de leurs confrères, Henri Victor Pierre Joire qui, selon une de nos sources (site Web "Le costume à travers les siècles"), est le demi-frère de celle-ci. Tous deux achètent des terrains voisins en décembre 1908.

Le même jour, un employé d'agent de change et son épouse les rejoignent également ; on peut supposer que cette dernière, Caroline Beckers, était la sœur de Jeanne Paquin.

Les 4 propriétés sont situées au nord du lotissement, le Docteur Edouard Binet restant alors propriétaire du reste.

La carte ci-contre les représente, après l'acquisition de parcelles complémentaires, en mai 1912, par deux des propriétaires.

 

On raconte que Paul Poiret, autre célèbre couturier contemporain, aurait habité au Bois des Falaises. Il n'a pas été l'un des propriétaires, mais il est possible qu'il y ait séjourné chez Henri Joire, Blanche de Mendiri ou Jeanne Paquin.

 

 

Jeanne Paquin est la seule des trois couturiers du Bois des Falaises à avoir laissé son nom dans l'histoire de la mode ; elle mérite de figurer dans notre rubrique "Célébrités d'antan".

Première femme de la haute couture, elle ouvre sa maison à Paris, 3 rue de la Paix, en 1891. S'inspirant largement du passé, notamment de la ligne Empire, elle s'adapte néanmoins aux évolutions de son époque.

Elle est la première, à partir de 1910, à organiser des défilés de mode, apparaissant entourée de ses mannequins à l'Opéra et les jours de Grand Prix, à Longchamp et à Chantilly.


Henri Joire gère la boutique de la Maison Paquin, ouverte sur la 5ème avenue à New York en 1912, et consacré à la fourrure. Il prend en charge l'administration de la société, lorsque Jeanne Paquin se retire en 1920.

 

 


En 1910, apparaissent les villas que ces premiers propriétaires font construire, en leur donnant des noms d'arbres : châtaigniers, frênes, chênes.


 

Les affaires de Jeanne se développant, elle agrandit sa propriété : elle acquiert le lot central du Bois des Falaises, puis en 1923 rachète la propriété, Les Chênes, de M. et Mme Leruste (que nous supposons être son beau-frère et sa sœur).

Une "étoile" ... filante

En 1925, Jeanne Paquin vend ses différents lots, sauf ce dernier conservé encore une année, à Ernesta de Hierschel, la veuve du banquier Louis Stern (étoile en allemand). Celle-ci s'est fait connaître, sous le nom de Maria Star (étoile en anglais).

 

Maria Star était membre de deux sociétés, regroupant les écrivains français et les auteurs d'oeuvres lyriques : la Société des Gens de Lettres de France et la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques.

La Bibliothèque Nationale conserve 23 de ses ouvrages (romans, comédies, drames lyriques), publiés entre 1896 et 1925.

Plusieurs de ses livres concernent des voyages qu'elle a effectués : notamment le récit d'un voyage à Londres en 1898 et "Terre des Symboles", écrit pendant un voyage en Egypte en 1901.

Pour mieux la connaître ainsi que son œuvre et sa famille, cliquez sur sa photo, qui a été prise en 1923.

Ernesta Stern ne profitera pas longtemps de ses propriétés du Bois des Falaises : elle décédera l'année suivante dans une autre de ses résidences, la villa Torre Clementina à Roquebrune Cap Martin (elle y entretenait une correspondance avec un autre écrivain, Maurice Maeterlinck, propriétaire du château de Médan, qui résidait dans sa villa "Les Abeilles" à Nice).

Elle a néanmoins eu le temps de faire construire deux maisons par un ami, semble-t-il très proche, qui est entrepreneur mais dessine lui-même les deux bâtiments, qui restent sa propriété :

- une villa ayant le style d'un pavillon de chasse,

- une "folie", dont la conception s'est inspirée d'un château espagnol, la maison étant elle-même en forme de "cloître" (ce sera ultérieurement le nom de cette propriété).

Nous visiterons plus loin ces deux maisons. Restons, dans l'immédiat, à la porte du château.

A sa gauche, on peut lire sur un arc qui repose sur deux colonnes, encadrant une étoile, le nom d'artiste de celle à qui ces bâtiments ont été destinés.

On peut y distinguer divers symboles !


Après son décès, ses enfants héritent de ses propriétés ; certains résideront au Bois des falaises.



Des industriels, successeurs des couturiers

Les Frênes

Henri Joire revend sa propriété, en 1922, à une dame Bloch. Un industriel, Oscar Egg, en sera propriétaire de 1938 à 1948.

 

Fabriquant de dérailleurs de vélos, qu'il avait mis au point, il s'était fait connaître auparavant comme coureur cycliste. Citoyen suisse, né près de Zürich en mars 1890, il vivra jusqu'en février 1961.

Devenu pro en 1912, sa carrière sportive se déroula, jusqu'en 1926, avec de nombreux succès :
- 15 records du monde de vitesse, dont l'un à plus de 44 kilomètres en une heure,
- innombrables victoires derrière une moto et en tandem,
- une centaine de victoires aux Etats-Unis et en Europe, dont huit en compétitions de six jours en France et à l'étranger,
- sur route, participation à de nombreux Tours de France et d'Italie, à Milan-San Remo, à Paris-Roubaix, et à de grandes épreuves telles que Paris-Tours et Milan-Turin, dont il sera 9 fois vainqueur.

Le dérailleur (3 vitesses, avec bras tendeur sous le pédalier), auquel il donna son nom, fut le premier adopté officiellement au Tour de France.

Oscar Egg était également un pionnier du vélo en position de pédalage horizontal. Son record de 1913 tint 20 ans. Les vélos de ce type étant alors devenus plus performants que les bicyclettes traditionnelles, l'Union Cycliste Internationale, qui régit les courses et homologue les records, décida de les interdire.

Cliquez sur sa grande photo pour consulter une biographie d'Oscar Egg.

 

Selon une "légende" entendue à Villennes, un célèbre préfet de Paris connu pour avoir créé le Concours des inventeurs, mais qui a surtout inventé la police moderne et le code de la route, aurait habité le Bois des Falaises. En fait, alors qu'il était décédé en 1933, c'est à son fils Georges, avocat, que le successeur d'Oscar Egg, vendra la propriété en 1956 ...

Les Chataigniers

Blanche de Mendiri cède sa villa, en 1928, à Eugène Drouilly, directeur aux Tréfileries et laminoirs du Havre, qui la conservera jusqu'en 1954.

Remorcellement de la propriété Stern

La villa Brooklands

Le premier terrain revendu, en 1927, par les héritiers d'Ernesta est celui qui entoure et comprend la villa, appartenant alors encore à Romain Secondo André Livera, qui l'a construite "avec ses deniers".

Le nouveau propriétaire est Edward Whitechurch qui possède déjà une villa dans l'île de Villennes. Son frère Stanley qui l'avait fait bâtir en 1914, la lui avait cédée en 1917 ; il la revendra en 1929.

Passionné de courses automobiles, il baptise Brooklands cette maison du Bois des Falaises :

c'est le nom du premier circuit entièrement consacré à l'automobile, qui fut ouvert en 1907 à proximité de la ville de Weybridge (Surrey).

 


Edward Whitechurch dirigeait, avec son frère Stanley, l'entreprise George Whitechurch Limited, fondée par leur père. Cette société, sise à Londres et à Paris, exploitait une tannerie à Longjumeau, une mégisserie et une tannerie à Paris ainsi qu'une usine à vapeur à Gentilly.

Stanley a été, en 1914, l'un des trois abonnés au téléphone, qui ont accepté de supporter des frais pour l'établissement d'un fil supplémentaire afin de faciliter les liaisons téléphoniques de Villennes à Paris.

Edward Spilburg Whitechurch et son épouse, qui ont également une résidence à Beaulieu sur mer, revendent en 1939 la villa "Brooklands" à un industriel, qui la conservera jusqu'en 1953.

La partie résiduelle du bois

La famille Stern conserve jusqu'en 1940 le terrain, où devait se trouver la première maison de Jeanne Paquin, construite en bois.

Situé entre la sente des Bigochets et la carrière, c'est le seul lot, qui garde de nos jours le caractère sylvestre, et escarpé sur un côté, du Bois des Falaises.


En 1951, la nouvelle propriétaire, qui habitait à Poissy, revend le terrain à Paul Antier, qui réside rue Gallieni à Villennes.

Il s'agit, pour lui, agriculteur originaire de la Haute Loire, de "pieds à terre" lors de ses séjours parisiens en tant que député et ministre. Il ne restera au Bois des Falaises qu'un an et demi, la durée vie des ministères de la IVème République étant assez brève :


Secrétaire d'Etat à l'Agriculture du 2 au 12 juillet 1950, il est Ministre de l'agriculture, René Pléven étant Président du Conseil, du 11 août au 21 novembre 1951.

Paul Antier avait créé le Parti Paysan, qui a fusionné en février 1951 avec le Centre National des Indépendants, devenu le Centre National des Indépendants et Paysans ; il reconstitue le Parti Paysan quelques mois plus tard, lorsqu'il achète la propriété du Bois des Falaises ...

En novembre 1965, il fera enregistrer sa candidature à l'élection présidentielle et la retirera peu après, se désistant en faveur de Jean Lecanuet.

Le Cloître

Cette partie de la propriété est vendue, en 1941, à l'industriel qui avait acheté la villa "Brooklands", deux ans plus tôt. Le souvenir d'Ernesta - Maria Star y était-il trop fort ? Jean Stern avait-il la nostalgie de ce lieu ? Il la rachète en 1943 et la conservera jusqu'en 1951.

Toutefois, d'autres occupants non désirés s'y installeront pendant la guerre : l'armée allemande y logera des officiers comme dans d'autres grandes demeures de Villennes.

A ce propos, mentionnons une histoire véridique qui n'a pas pu être vérifiée, malgré les recherches de propriétaires suivants, ou une légende : la famille Stern aurait fait construire un souterrain afin de pouvoir quitter précipitamment le Bois des Falaises, lorsqu'elle y résidait.

Les lotissements des sociétés immobilières

La Société Générale Foncière

Edouard Binet n'a-t-il pas trouvé d'acquéreurs pour la partie sud du Bois des Falaises ? Il est resté propriétaire de presque tous les lots. Après son décès, en 1916, ils sont attribués à son épouse, Marie Elise Pierre. L'un d'eux sera acheté en 1938 par Maurice Pierre, vraisemblablement un membre de sa famille.

Tous deux revendent leurs terrains, respectivement en 1936 et 1943, à Henri Marouteau, fondé de pouvoir dans une compagnie d'assurances. Toutefois, les investissements fonciers semblent avoir été une autre de ses occupations : depuis 1923, il a acheté de nombreux terrains en différents autres lieux de Villennes : Petits Groux, Fauveau, Côtes des Falaises, Ile de Platais.

Il revend ses différents terrains du Bois des Falaises, à partir de 1937, à la Société Générale Foncière, qui achètera également ceux d'autres propriétaires jusqu'en 1942.

Cette société fusionne en 1939 avec la Compagnie Industrielle du Platine, qui prend le nom de la SGF. Quel rapport y a-t-il entre le platine et l'immobilier ? Certainement des dirigeants communs aux deux entreprises ; peut-être la chute des cours du platine, tandis que croît le prix de l'immobilier.

 

La Société Générale Foncière divise les propriétés rassemblées en une trentaine de lots, qu'elle revend entre 1940 et 1946.

Une nouvelle génération de propriétaires s'installe pendant cette période au Bois des Falaises.

Certains de leurs descendants y habitent encore, tandis que de nombreux lots ont changé plusieurs fois de propriétaires.

La SGF est également la société qui achète les terrains acquis par M. Marouteau dans l'autre partie du Bois des Falaises, entre l'avenue du Président Gilbert et le chemin des Groux, et y crée le morcellement "Bellevue", partiellement boisé, d'environ 7 200 m2. Une bande du terrain sera cédée pour l'élargissement du chemin des Groux. Le projet de juillet 1937, comportant un cahier des charges, fera l'objet d'un arrêté ministériel d'approbation en août 1942.

La Société Immobilière de l'Avenue du Bois des Falaises

Une autre société immobilière, société civile particulière, se constitue, en 1955, pour réaliser une opération plus limitée : la vente de chacun des deux lots, qu'avait acquis en 1942 Albert Hoch, brasseur.

Les villas construites pour Maria Star

  Les deux maisons d'Ernesta de Hierschel, veuve de Louis Stern, ont été bâties en 1925 par l'entrepreneur Romain Secondo André Livera, d'origine italienne (vénitienne ?). Quelques années plus tard, il construira le Grand Hôtel d’Angkor, à Siem Reap au Cambodge.

Les plans ont certainement été dessinés par Narcisse dit Maxime Livera, ingénieur architecte, demeurant comme lui à Cambrai (d'où la signature M. N. Livera). Est-il son frère, son père ou son oncle, lui-même étant alors âgé de 27 ans ? Nous n'avons pas pu le déterminer.

 
 

On trouve une œuvre de lui en Picardie : il a réalisé décor extérieur d'un établissement de danse et salle de café dépendant du Petit casino à Ault, ancienne station balnéaire du département de la Somme (Onival-sur-mer).

Cette technique de la rocaille a été utilisée pour la villa Le Cloître.

La villa Brooklands

 

Cette villa a le style d'un pavillon de chasse.

Sa façade sur l'avenue du Bois des Falaises l'a fait apparaître comme composée d'un seul niveau.

En fait, prenant appui sur la falaise, elle comprend deux autres étages.
 

Une verrière, installée sur le toit en terrasse, donne une lumière naturelle, mais colorée, à la salle de séjour, située au niveau supérieur.

De la porte, très ouvragée, on peut apercevoir l'autre maison, à l'architecture très particulière, située en face.

Le Cloître

Cette "folie", dont la conception s'est inspirée d'un château espagnol, vraisemblablement d'Andalousie, ne se laisse pas voir, dans son intégralité, de l'extérieur.

Son plan en forme de "cloître" lui a donné son nom.

 

  L'architecture romane de la façade évolue à l'intérieur vers un style maure.

 


Cliquez ici puis sur cette photographie du portail, pour visiter la villa.

Les réceptions données dans la galerie du "cloître", lors de belles soirées d'été, par d'anciens propriétaires laissent d'excellents souvenirs à leurs invités.

 

Plusieurs films ont été tournés dans ce cadre étonnant.

Le bois sur la falaise

Le Bois des Falaises offre toujours, au 21ème siècle, un large panorama sur la Seine, mais la plupart des arbres ont disparu. Une maison a été construite dans le fond de la carrière.

 

Une partie de la première propriété de Jeanne Paquin a conservé son caractère sylvestre.

 

Les photos précédentes ont été prises avant la tempête de décembre 1999 qui, comme dans le domaine voisin d'Acqueville, a déraciné de nombreux arbres.

 


Ce paysage pourrait être celui d'une forêt des Vosges ou des Ardennes.

En fait, ce chemin de montagne serpente du sommet de la falaise vers la route de Poissy.