Fauveau, autrefois partie du domaine de Migneaux

L'histoire de Fauveau s'est longtemps confondue avec celle du domaine de Migneaux, dont c'était une partie.

Le plan du fief de Migneaux (de 1782 à la Révolution) montre que le nom "Fauveau" désignait à la fois :

- le bois, proche du château, bordant le chemin bas de Poissy à Villennes,

- la pièce de terre du côté du chemin de la maladrerie à Marolles, qui seule constitue de nos jours la propriété.

 


Malheureusement, nous ne disposons pas de photo ancienne de la maison et nous n'avons pas pu visiter cette propriété discrète.

Une allée, bordée d'arbres, figurée sur un plan de 1851, permettait l'accès à partir de la route de Paris à Mantes, dite route de Quarante Sous ; elle existe toujours mais elle est coupée, de nos jours, par les autoroutes A13 et A14.

Une pompe éolienne a été construite au début du XXe siècle au coin de la propriété, à proximité du chemin de Fauveau.

Ne fonctionnant plus, elle est, longtemps, restée en place avant que sa corrosion nécessite qu'elle soit démontée.

 

Les anciens propriétaires de Fauveau : deux architectes et un joaillier

La propriétaire du domaine de Migneaux, Marie-Camille Trubert, épouse de M. Hochet, ancien secrétaire général du Conseil d'Etat, vend Fauveau à Pierre-Jules Bigle, architecte parisien.

Celui-ci est architecte de la préfecture de la Seine, expert au tribunal de première instance. Il a notamment, réalisé trois hôtels, trois immeubles et une maison dans le huitième arrondissement de Paris.

Il a, également bâti, la villa La Citole à Villepinte pour Jules Doazan, agent de change parisien.

 

Voici la description des différents lots dans l'annonce légale publiée dans le journal La Concorde du 10 mai 1868 :

1° Une propriété, dite de Fauveau, située à Fauveau, commune de Villennes, canton de Poissy, arrondissement de Versailles (Seine-et-Oise), consistant en : maison d'habitation construite en briques et pierres, élevée d'un rez-de-chaussée et de deux étages sous combles ; maison de jardinier, communs, écurie, remise, hangar rustique, etc. ; le tout d'une superficie de quatre hectares ;
2° Une avenue plantée de marronniers et aboutissant à la route impériale, n° 182, de Saint Germain à Mantes, d'une contenance de vingt-huit ares quatre-vingts centiares ;
3° Une pièce de terre d'une contenance de deux ares quatre centiares, sise au terroir de Poissy, lieu dit le Clos-Beauvais, dans laquelle se trouve la prise d'eau dont il sera ci-après parlé et la citerne destinée à accumuler ces eaux ;
4° Une partie de la superficie d'environ un hectare cinq ares quatre-vingt huit centiares à prendre dans une propriété de sept hectares quatre-vingt-neuf ares soixante-huit centiares, sise au terroir de Villennes, portée au plan cadastral de cette commune sous les nos 9 et 11. La dite partie pour tenir à la propriété vendue sous l'article 1er de la désignation, sur toute sa longueur et être délimitée par une ligne parallèle à la limite séparative de ladite propriété de Fauveau et tirée à trente-six mètres soixante-dix centimètres de cette limite ;
5" Et tous les droits des vendeurs aux eaux prises sur le ru de Bethmont, au point indiqué sous le n° 3 ci-dessus.

Suite au décès de Pierre-Jules Bigle, la propriété est mise en vente sur licitation. Joseph Halphen, propriétaire du château de Migneaux voisin, reconstitue le domaine en acquiérant Fauveau en 1875, avant de revendre l'ensemble l'année suivante. L'annonce légale, publiée le 28/10/1875, dans le journal Le Courrier de Versailles, reprend les éléments précédents mais précise les dates de construction des différents bâtiments.

Une jolie maison de campagne bâtie en mil huit cent cinquanle-sept, en briques et pierres, élevée d'un rez-de-chaussée et de deux étages sous comble, comprenant vestibule, salon, salle à manger, office, cuisine avec ses dépendances, salle de bains, six chambres à coucher, cave à vin et à bois, grenier dans les combles.
Annexes : maison de jardinier, bâtie également en briques et en pierres, comprenant au rez-de-chaussée deux grandes pièces et un petit salon ayant son entrée distincte ; au premier étage deux chambres à coucher, et en sous-sol deux grandes caves.
Communs bâtis en 1889 comprenant, poulailler, lapinière, vacherie pour trois vaches, laiterie, écurie pour deux chevaux, avec paddock à l'entour, scellerie, remise pour deux voitures, grenier à fourrages, chambres de domestiques.
Grand hangar bâti en 1872 avec grenier à fourrages ; serre hollandaise ; grand jardin potager et verger garni d'arbres fruiliers, parc à l'anglaise ; pièce d'eau, avenue plantée de platanes et aboutissant à la route nationale numéro 182 de Saint-Germain à Mantes ; contenance de cinq hectares quatre-vingt-deux ares, soixante-onze centiares environ.
Cette propriété, sise commune de Villennes, d'un seul tenant, tient d'un côté à la ferme de Marolles, d'autre côté à M. et madame Halphen, d'un bout au chemin de Fauveau et, d'autre bout, au bois de Fauveau.

Afin d'assurer l'irrigation en eau de cette propriété, Joseph Halphen achète simultanément un terrain voisin, situé sur la commune de Poissy, contenant une prise d'eau venant du ru de Bethemont. En mars 1876, il revend Migneaux et Fauveau à madame veuve Mandrot. Mais c'est pour le compte de Fernand Bertera, propriétéiare, qui lui avait remis la somme 46 500 F qu'elle acquiert Fauveau et ses dépendances.

Fernand Bertera
(1847-1926)

 

Fernand Bertera, son épouse et leur fille Elisabeth, devant la porte de la maison de Fauveau.

 


Fernand-Louis Bertera est un ancien architecte dont l'épouse, Catherine Marie Elisabeth Wappers, est la fille du peintre belge Gustave Wappers (1803-1874).

Fernand Bertera a fait partie de la Garde nationale mobile comme sous-lieutenant, lieutenant, capitaine en second, et enfin capitaine au 7ème puis au 10ème régiment territorial d'artillerie. Il a, en particulier, effectué un stage à l'atelier de construction de Rennes (nom officiel de l'arsenal) en 1890.

  C'est à ce titre, sur rapport du ministère de la Guerre, qu'il a été nommé en 1892 Chevalier de la Légion d'honneur

Il décède, après son épouse, à Fauveau le 27/10/1926.

Madeleine, une des filles de Fernand et Catherine Bertera, épousera Alexandre Bordes, l'un des trois fils d'Antoine-Dominique Bordes, qui a fait fortune en créant et développant une flotte à voile pour commercer avec le Chili.

Retour de Fauveau dans le domaine de Migneaux

La propriété de Fauveau est regroupée, en 1926, avec le domaine de Migneaux qu'Alexandre et Madeleine Bordes achètent, par une adjudication au Tribunal de première instance de la Seine, après le décès du propriétaire.

Fauveau retrouve son indépendance en 1957 ; Alexandre Bordes étant décédé en 1943, le domaine est partagé entre ses trois enfants : Fauveau est attribué à Hélène tandis que Jacqueline reçoit le château de Migneaux et Jacqueline l'Orangerie.

L'arrière-petite-fille d'Alexandre Bordes, Corine de Royer, a passé de nombreux moments de son enfance chez sa grand-mère et son grand-oncle ; elle a écrit ses souvenirs dans un roman et dans un document publié dans le numéro spécial "Migneaux" de la revue CHRONOS (n° 29-30, printemps-été 1994) du Cercle d'Etudes Historiques et Archéologiques de Poissy, et reproduit sur ce site Web (cliquez ci-dessus).

Le Plateau de Fauveau

La voie qui conduit au Domaine de Fauveau porte le même nom. Le nom "Plateau de Fauveau" a été donné au nouveau quartier qui fait l'objet d'une large opération d'urbanisation sur d'anciennes terres agricoles. Un terrain de 11 ha avait été acquis en 1986 par la société IKEA Holding France, mais elle ne l'a pas utilisé, ayant installé son magasin de l'ouest parisien et son siège social à Plaisir.

La commune de Villennes a acheté une parcelle de 5 ha afin d'y réaliser des logements sociaux et une crèche intercommunale. La société suédoise, spécialisée dans les mobiliers en kits et les objets de décoration pour la maison, a vendu, en 2020, le reste du terrain à des promoteurs immobliers, qui ont le projet de construire un large ensemble d'habitats collectifs. Diverses solutions ont été proposées pour relier au centre de Villennes ce nouveau quartier très excentré.