La construction du nouveau château

Après son retour d'émigration en 1801, le vicomte Charles Marie Eustache d'Osmond, gendre de Pierre Paul Gilbert de Voisins, le dernier seigneur de Villennes, construit ce château sur les communs et les dépendances de l'ancien château "Perdrier-Brinon", complètement délabré

 

Le vicomte d'Osmond sera nommé maire de Villennes de 1807 à 1815 et de 1816 à 1824.

Les propriétaires successifs





Des Parisiens seront les propriétaires de ce nouveau "Château de Villennes"  ;  les familles des quatre premiers étaient originaires du sud de la France

- Jean de Bez, agent de change puis peintre, qui succède au vicomte comme maire de Villennes, de 1824 à 1831,

- Justin Clément de Givry puis son neveu Joseph Alexandre Paul Clément de Givry,

- Jean Baptiste Paradis, journaliste financier, notamment chroniqueur au journal Le Constitutionnel,

- Marie Henriette Paradis, fille de ce dernier, épouse d'un fils naturel de Napoléon III, Alexandre Louis Ernest Bure, comte de Labenne, puis de Louis AugusteDupont, intendant du château,

- Hippolyte Charles Henri Pichard du Page, qui deviendra "promoteur immobilier", en lotissant le parc du château pour le vendre par lots.



















Nous résumons ci-après les différents propriétaires après la restitution du château à la fille du dernier seigneur et à son époux jusqu'à la vente du parc par lots.


L'acquisition du château par Jean Baptiste Paradis

  Cette photographie du pavillon de droite du château a vraisemblablement été prise à la fin des années 1860, avant sa vente. Celle-ci a fait l'objet d'une annonce dans Le Figaro.



 

En 1870, Jean Baptiste Paradis mit 20 lits, dans son château de Villennes, à la disposition des blessés des armées de terre et de mer (Source : journal La Concorde du 15 septembre 1870).


Il ne pourra pas profiter longtemps de sa propriété villennoise, mais il aura eu un rôle important dans la tranformation du quartier voisin du château et du parc.

L'aménagement du parc

Ce journaliste financier montre un sens artistique dans les choix qu'il fait pour la transformation du parc du château de Villennes. Il profite du projet communal de raccordement de la rue Parvery et de la rue de l'école pour agrandir le parc du château. Il dépense, en 1869, des sommes considérables pour faire transformer ce parc de huit hectares par le paysagiste des parcs de Saint-Leu, de Mortefontaine, du domaine de Stors (Val d'Oise) et du Bois de Boulogne.

Louis-Sulpice Varé, avait voulu y créer une rivière artificielle, à l'imitation de la "Serpentine" de Hyde Park, que Napoléon III avait admirée. Mais il avait mal calculé son nivellement et sa rivière était à sec à l'amont et transformée en lac à l'aval. Alphand la remplaça par deux lacs de niveaux différents, séparés par une cascade, donnant naissance à des ruisseaux qui sillonnent le Bois. À travers les futaies, il perça des allées sinueuses.

Jean Baptiste Paradis fait également parcourir le parc de Villennes par une rivière anglaise, issue d'une magnifique grotte artificielle construite au point culminant de la propriété. Il fait bâtir une "serre chaude" pour abriter des arbres exotiques en hiver.

Le potager et les terrains, situés entre le chemin de fer et la Seine, qui deviendront la rue du Pont, sont mis en vente en 1882 (annonce dans le journal Le Courrier de Versailles, du 21/9/1882).

 

Un arrêt du Conseil d'Etat, exonérant M. et Mme Dupont de la contribution mobilière, nous apprend qu'ils avaient quitté le château de Villennes avant 1884.

CONSIDÉRANT qu'il résulte de l'instruction que le sieur Dupont et sa femme, la dame veuve de Labenne, ont quitté le château de Villennes avant le 1er janv. 1884 et l'ont entièrement démeublé ; qu'aux termes de l'art. 13 de la loi du 21 avril 1832, la contrib. mob. n'était donc plus due à raison de ce château pour l'année 1884;

Cons. que le sieur Dupont n'a pas justifié devant le cons. de préf. de Seine-et-Oise de son imposition à la contrib. mob. pour l'année 1884, sur le rôle de la ville de Paris, lieu de sa nouvelle résidence; que c'est avec raison que ledit cons. de préf. a rejeté sa demande en décharge;
Mais cons. que le sieur Dupont produit cette justification devant le Conseil d'Etat; que dès lors, il y a lieu de lui accorder la décharge demandée...


Projet sans suite : l'installation du collège Chaptal

LE COLLÈGE CHAPTAL DANS LE CHATEAU D'UN FILS DE NAPOLÉON III.

C'était le titre de ce journal, en première page, le 14 mai 1884. L'article nous donne également des informations sur les causes de la faillite de Jean Baptiste Paradis :

Le collège municipal Chaptal - qui est l'enfant gâté de la ville de Paris - vient de recevoir de cette mère prodigue un cadeau de six cent mille francs : le château de Villennes (près Poissy), et l'on va incessamment y aménager une succursale champêtre de l'établissement scolaire du boulevard des Batignolles.

Histoire Contemporaine.

Le château de Villennes -qui ne figure pas sur la liste des monuments historiques - a pourtant son histoire ; il a surtout des histoires avec les huissiers. Heureux les châteaux qui n'ont pas d'histoire ! Il y a de cela presque dix ans, ce domaine appartenait à un opulent financier, M. Paradis, qui s'épanouissait alors dans toute sa splendeur et que la bruyante catastrophe du « Transcontinental » précipita aux abîmes ; il mourut subitement en Italie, et le bruit courut qu'il s'était suicidé.
Peu de temps avant la ruine, le château de Villennes avait été donné en dot par M. Paradis à sa fille qui épousait le comte de la Benne.

Les Amours du Donjon.

Le comte de la Benne était le propre fils de Napoléon III - ou, pour mieux dire, du prince Louis, dont la liaison avec une femme du peuple, de Ham, pendant les années de captivité, a souvent été racontée.
De cette liaison naquirent deux fils, auxquels le prince, devenu l'empereur, fit une belle situation, en leur donnant une immense propriété dans les Landes, entre Pau et Bayonne. Il leur octroya, en outre, les titres de comte d'Orx et comte de la Benne ; - Orx et la Benne étaient d'importants villages situés sur leurs terres.
En outre, l'empereur obtint de son frère de lait, M. Bure, qui épousa la mère des deux jeunes seigneurs, leur adoption ; puis, comme le comte de la Benne, qui était, parait-il, le favori, manifestait peu de goût pour la vie landaise, Napoléon III le fit nommer receveur particulier dans le huitième arrondissement ; le comte de la Benne, qui était, dit-on, un parfait gentleman et un Parisien aimé de tous, fut révoqué en 1877, quelques mois après son mariage avec Mlle Paradis, qui lui apportait en dot, avec le château de Villennes, un hôtel, rue de Miromesnil, et 500.000 francs.
Survint l'affaire du « Transcontinental » ; les cinq cent mille francs ne furent pas versés, et les créanciers de M. Paradis - mort insolvable - se rejetèrent sur la propriété de sa fille et mirent sous séquestre le château de Villennes, ainsi que l'hôtel de la rue de Miromesnil.
M. de la Benne est mort il y a deux ans, et sa veuve, ne sachant que faire pour liquider la situation de ses domaines, a fini par épouser un homme d'affaires - expérimenté, s'il faut en croire son âge - M. Dupont, de Versailles.

L'Acquisition.

C'est avec M. Dupont que la ville de Paris a traité l'affaire de l'acquisition du château, moyennant une dépense de six cent mille francs - préalablement approuvée par notre regretté conseil municipal. - La Ville va entrer en possession presque immédiatement. La somme qui sera payée en dix annuités servira principalement à couvrir les hypothèques prises, et il ne restera, assure-t-on, que 225.000 francs à verser entre les mains de Mme Dupont. Le domaine de Villennes - situé dans un paysage ravissant, sur les bords de la Seine, à une demi-heure de marche de Poissy - , se compose d'un parc immense, qui forme toute la « façade » du village. Il est coupé par la ligne du Havre, qui sépare le parc, proprement dit, des prairies en bordure de la Seine.
Le château est très grand ; il se compose de trois corps de bâtiment avec ailes, autour d'une cour d'honneur, dont l'entrée est sur la place de l'église, à deux minutes de la station du chemin de fer.
Il possède des serres superbes, une pièce d'eau avec des poissons rouges et autres, et, enfin, un immense potager qui suffirait à l'alimentation d'un collège de végétariens.

Le lendemain, le Journal des débats politiques et littéraires annonce également que "La ville de Paris vient d'acheter 600.000 fr. le château de Villennes, près Poissy, pour y installer une succursale du collège municipal Chaptal". Apparemment, le projet ne se réalise pas ; la raison est donnée dans un entrefilet du journal Le Courrier de Versailles, le 3/8/1894.

[...] La délégation du Conseil municipal de Paris abandonnerait le projet d'acquisition du château de Villennes pour y établir une succursale du collège Chaptal, parce que les bâtiments sont situés trop à proximité de la Seine et que les brouillards qui s'élèvent trop souvent sur le fleuve, surtout au printemps et à l'automne, pourraient incommoder les élèves. On ajoute que l'idée d'envoyer les eaux d'égout dans la plaine d'Achères pourrait encore être préjudiciable à la succursale de Chaptal à Villennes.

Pratiquement plus entretenu, le château se dégrade lentement.


L'acquisition du château par un "investisseur foncier"

Bizarre : selon un descendant d'une famille alliée à celles d'Hippolyte Charles Henri Pichard du Page et de son épouse, celui-ci aurait fréquenté le collège Chaptal pendant son adolescence.

Hippolyte Pichard du Page acquiert en deux fois le château et le parc, vraisemblablement dans le but de réaliser l'opération immobilière, qui transformera complètement le village :

- en 1887 : le terrain compris entre la Seine et la voie de chemin de fer,

- le 7 juin 1893 : le château et l'autre partie du parc.

Voici la description des deux lots vendus, dans l'annonce, publiée le 6/8/1893 dans le journal Le courrier de Versailles :

1. Une grande propriété appelée Château de Villennes, sise à Villennes, canton de Poissy (Seine-et-Oise), comprenant : trois vastes bâtiments reliés ensemble et élevés partie sur terre-plein et partie sur caves d'un rez-de-chaussée, d'un premier étage et d'un second étage mansardé couvert en ardoises.

- Le premier bâtiment en aile à gauche est composé au rez-de-chaussée de grands et petits salons, grande salle à manger, belle cuisine.
- Au premier étage : quatre chambres à coucher, cabinets de toilette, salles de bains dont l'une en marbre et mosaïque, lingerie, salle de billard avec allée vitrée conduisant à un jardin d'hiver.
- Au deuxième étage, grenier et chambre de bonne.
- Le bâtiment en facade est composé : au rez-de-chaussée, d'une laiterie, écurie, remises, bûcher et chenil ; au premier étage, fruitier, cuisine et seize chambres à coucher donnant sur un couloir unique, grenier et mansardes au-dessus.
- Orangerie au-dessus de laquelle existe un beau jardin d'hiver.
- Le bâtiment en aile à droite est composé au rez-de-chaussée d'un logement de concierge avec cuisine, cabinet et chambres à coucher, et au premier étage de quatre chambres à coucher ; grenier au-dessus.
- Volière, rocher, cascade ; vastes parc et jardin.
- Rivière parcourant une grande partie de la propriété.
- Le tout, d'un seul tenant, contenant, avec l'allée partant de la station du chemin de fer, huit hectares vingt-trois ares quinze centiares environ, dont partie en terrain boisé avec entrée sur cette allée par une grille monumentale sur la place de l'Eglise, longe, d'un côté, la rue de l'Ecole et le chemin des Prés-Blondeau ; d'autre côté, la ligne du chemin de fer de l'Ouest, et, tient, au fond, un lot de terrain avec arbres vendu à Monsieur Roquencourt.

2. Une parcelle de terrain d'une contenance d'environ deux cent treize mètres soixante-huit centièmes formant ce qui reste d'un terrain plus considérable autrefois, sis au même lieu de Villennes entre la Seine et la ligne du chemin de fer de l'Ouest, tenant, la Seine, des deux côtés, Messieurs Briens et Hellstern, et ayant entrée sur un chemin de trois mètres de largeur longeant la ligne du chemin de fer de l'Ouest.

La somme de 240 000 francs alors payée par le nouveau propriétaire n'est pas versée à Monsieur et à Madame Dupont mais à leurs créanciers :
- 100 000 F à Madame Combes, épouse de Victor Armand Rocquencourt, au profit duquel ils avaient souscrit une obligation en mai 1890,
- 139 000 F aux frères Henri et Georges Rose, constructeurs mécaniciens à Poissy,
- le surplus (1 000 F), représentant les intérêts de cette créance à Virgile Morel.


 

Annonce publiée dans le journal Le Courrier de Versailles, le 22/10/1896.

Hippolyte Pichard du Page n'a pas encore revendu le château ; il doit le faire garder et entretenir son parc.


Le Figaro du 1er juillet 1898 annonce une matinée théâtrale concert, qui aura lieu dans la serre du château au profit des pauves de la commune, à l'initiative du maire ; celui-ci est, effectivement, un familier des théâtres parisiens.

 
 

Le Gaulois donne les noms des artistes qui se produiront, avec la participation de la fanfare de Poissy.


Le château et le parc, lors de leur dernière vente

Description générale

L'acte notarié décrit le château et son parc, de la manière suivante :

I. Une grande propriété appelée Château de Villennes sise au dit lieu canton de Poissy Seine et Oise comprenant

trois vastes bâtiments reliés ensemble et élevés partie sur terre plein et partie sur caves, d'un rez de chaussée, d'un premier étage, et d'un second mansardé, couvert en ardoises.

Le premier bâtiment en aile à gauche est composé au rez de chaussée de grand et petit salons, grande salle à manger, belle cuisine. Au premier étage, quatre chambres à coucher, cabinets de toilette, salles de bains dont une en marbre et mosaïque, lingerie, salle de billard avec allée vitrée conduisant à un jardin d'hiver. Au deuxième étage, grenier et chambres de bonnes.

Le bâtiment en façade est composé : au rez de chaussée d'une laiterie, écurie pour six chevaux, remises, bûcher et chenil. Au premier étage, fruitier, cuisine et seize chambres à coucher donnant sur un couloir unique, greniers et mansardes au dessus.

Orangerie au dessus de laquelle existe un beau jardin d'hiver.

Le bâtiment en aile à droite est composé : au rez de chaussée d'un logement de concierge avec cuisine, cabinet et chambres à coucher et au premier étage de quatre chambres à coucher, grenier au dessus.

Volière - Rocher - Cascade -
Vastes parc et jardins - Rivière parcourant une grande partie de la propriété.

Le tout d'un seul tenant contenant avec l'allée partant de la station du Chemin de fer huit hectares vingt trois ares quinze centiares environ dont partie en terrain boisé avec entrée sur cette allée et par une grille monumentale sur la place de l'Eglise, longe d'un côté la rue de l'Ecole et le chemin de des Prés Blondeau, d'autre côté la ligne du Chemin de Fer de l'Ouest et tient au fond un lot de terrain avec arbres vendu à M. Roquencourt.

II. Une parcelle de terrain d'une contenance d'environ deux cent treize mètres soixante huit centièmes formant ce qui reste d'un terrain plus considérable autrefois au même lieu de Villennes entre la Seine et la ligne du Chemin de fer de l'Ouest, tenant la Seine, des deux côtés MM Briens et Hellstern et ayant entrée sur un chemin de trois mètres de largeur longeant la ligne du Chemin de fer de l'Ouest.

Les documents, établis lors du lotissement en 1893, donnent une bonne description des bâtiments du château ainsi que du parc.

Les bâtiments du château

Le bâtiment principal divisé en quatre parties, se compose :

- de communs sur la rue Parvery.

- des écuries et remises dans le corps de bâtiment perpendiculaire à cette rue.

- appartements de maîtres dans la seconde aile.

- serre chaude d'une construction toute récente, fort bien agencée, et d'un aspect extérieur du meilleur goût. Une cheminée en briques, de 15 mètres de hauteur sert d'échappement aux fumées des foyers situés, au rez-de-chaussée de la serre.

Les trois premières parties du bâtiment sont de construction très ancienne et ont été restaurées plusieurs fois. Elles devraient, actuellement être réparées à l'extérieur.

La décoration des façades est, sauf celle du vestibule, dépourvue d'ornements.

La toiture est en ardoise bleue, sur une très bonne charpente, à deux pans.

La majeure partie des matériaux employés sont la brique et le moellon de pays. Certaines parties sont en pierre de taille. D'autres parties situées derrière les écuries étant en assez mauvais état ne sont citées que pour renseignement.

Les autres bâtiments importants sont deux serres tempérées, placées au fond du potager, et les abris de la faisanderie construits dans l'île.

La surface des bâtiments se décompose ainsi qu'il suit :

Bâtiment principal
1 200 m2
 
Bâtiments de la cour  
130  m2
 
Serre chaude       
350  m2
 
Serres tempérées   
  180 m2
 
Kiosques et abris     
   70  m2
 
Soit :    
1 930 m2
 

Il n'y a que deux caves situées sous les salons du rez-de-chaussée. Les appartements de maîtres se composent au rez-de-chaussée, de salle à manger, de salon sculpté orné de dix grands panneaux décoratifs peints sur soie, deux grands salons et vestibule. Au premier étage, riche bibliothèque, lingerie, salle de bains mosaïque à l'orientale, et chambre à coucher, deux cabinets de toilette, grand salon, cabinets d'aisance. Un beau fumoir mosaïque est aménagé au devant de la serre chaude. Toutes ces pièces sont d'une luxueuse décoration.

Les autres salles du rez-de-chaussée se composent de trois chambres pour le concierge, une orangerie dallée, une remise pour trois voitures, un grand bûcher, une grande écurie en chêne pour six chevaux, sellerie, graineterie, buanderie, deux cabinets. Remise pour huit voitures, garde manger, grande laiterie en marbre blanc, vacherie, bûcher pavé, grande cuisine, office, poulailler, pigeonnier, logement du jardinier et abreuvoir.

Au premier étage il y a trois chambres au-dessus du concierge, vingt autres chambres de domestiques et une cuisine, quatre chambres ont été aménagées dans le grenier, au-dessus des appartements de maîtres, quatre escaliers y compris un magnifique escalier principal, desservant ces divers appartements.

L'eau est partout, distribuée dans les appartements, et la cour du fond ainsi que celle du devant, sont pourvues de fontaines ornementales, toujours alimentées.

La vacherie

 

Le Journal de menuiserie, publié en 1873, nous fait connaître la vacherie, construite la même année au château de Villennes par M. Tetard, charpentier.

 

Il faut qu'une vacherie soit bien aérée, bien éclairée, qu'on y fasse régner une température constante et assez basse ; que le plancher supérieur soit élevé de 5 mètres au-dessus du sol ; que chaque vache ait une place d'environ 1 m,33 de large ; que la crèche soit en pierre dure et non en planches, qui prennent à la longue une mauvaise odeur ; que le ratelier soit assez bas pour que les bêtes qui ont le cou court ne fatiguent pas en mangeant, et qu'enfin les eaux et les urines puissent circuler au dehors sans obstacle.

Le plan que nous donnons, planche 42, fait voir une disposition pour quatre vaches. La disposition de ce plan est bien comprise ; il existe comme on peut le voir un couloir de service qui permet de donner la nourriture sans déranger les animaux.

Le parc du château

La surface totale de la propriété est de 101 017 m2 décomposable en :

Château et parc
   70 084 m2
 
Potager verger
15 300 m2
 
Terrains bordant la Seine   
350 m2
 
Les deux îles
  609 m2
 

Tracé à l'intérieur le parc présente, pour la perspective d'heureuses dénivellations du sol, de plus de dix mètres. Il renferme des essences rares, amenées à grands frais. De nombreuses bouches à eaux sont aménagées pour l'arrosage de tous les points. Un splendide rocher établi sur fers, occupe le point culminant de la propriété. Son bassin supérieur alimenté en toute saison par une source très pure et d'un grand débit, alimente une rivière de 1,20 mètre de profondeur, admirablement cimentée sur son parcours de plus de 500 mètres. L'eau descend du rocher d'une hauteur de 10 mètres et franchit plusieurs cascades avant d'atteindre la Seine par un aqueduc. La propriété est partout close de murs, sauf en bordure du chemin de fer, où d'épais massifs masquent la vue du parc, aux voyageurs.


Plan du Parc (vers 1869)

Dans la partie bordant la Seine, il a été construit un port pour les embarcations de plaisance, et près d'un rocher où la rivière du parc arrive dans la Seine, on a établi sur une butte élevée un kiosque rustique, d'où la vue sur la campagne est fort belle. Le sol est de première qualité, mais il est impossible d'acquérir des terres contiguës pour agrandir la propriété. Les frais d'entretien du parc sont relativement minimes. Les contributions annuelles s'élèvent à la somme de quatre cents francs.

La localité est recherchée pour les sites, la pêche, la chasse. La population de Villennes est de moins d'un millier d'habitants répandus dans les coquettes villas qui entourent le château. Le lieu d'approvisionnement le plus rapproché est Poissy (6 000 habitants), où se rendent avec leurs voitures les principaux commerçants.

Le précédent propriétaire n'a pas dépensé moins de 1 800 000 francs à exproprier de vieux immeubles, redresser les chemins extérieurs contre les serres, et la rivière, le rocher, planter les massifs et le potager, aménager princièrement ses appartements personnels.


La vente du château et le lotissement du parc

 

 

Le domaine est vendu par lots, à partir de 1893, le terrain compris entre la Seine et la voie de chemin de fer ayant été loti dès 1887.

 

 

 

 

Annonce publiée, en août et septembre 1893, dans le Journal de Mantes

 

Après le lotissement du parc du château, de nombreuses villas y seront construites en bord de Seine et sur les terrains accessibles par la nouvelle avenue tracée en son milieu.

Certains lots seront acquis par la commune pour construire la gare, la Place de la Gare (crée en 1911 et rebaptisée plus tard Place de la Libération) et le "terrain communal".

La moitié gauche du château (lorsqu'on le considère de l'avenue du château et actuellement de la place de la Libération) est vendue, en 1903, à Louis François Paul Richardierre.

L'acte de vente donne la description des bâtiments qu'il acquiert :

  Bâtiment en aile à droite, donnant sur la rue Parvery, composé au rez de chaussée d'un logement de concierge avec cuisine, cabinet et chambres à coucher, au premier étage qutre chambres à coucher, grenier au dessus.

Bâtiment en retour d'équerre jusqu'au portique des écuries comprenant au rez de chaussée laiterie & écurie, au premier étage, fruitier et cuisine.

Cour et jardin.

Le nouveau propriétaire a pour obligation d'établir les clôtures de sa propriété ; il doit notamment construire un mur au milieu de la cour d'honneur et un autre au centre du grenier au dessus des écuries.

Paul Richardierre est un ancien cultivateur de Carrières-sous-Poissy devenu, en 1871, marchand de vins à Villennes, où il épousa une fille Rivierre, petite-fille d'un jardinier du château d'Acqueville. Conseiller municipal, il fait partie de plusieurs commissions : celle qui recensa les propriétaires de bateaux, devant payer une taxe de stationnement ; la commission de Salubrité qui lutta contre la contamination des sources et des puits par des fosses d'aisance non étanches et par l'écoulement des eaux ménagères ; une autre chargée, en 1908, d'étudier le projet d'éclairage à l'électricité, enfin celle qui évalua les indemnités à accorder aux victimes des inondations de janvier 1910.

Il est encore propriétaire d'une partie du château, lorsque les deux ailes sont démolies en 1913. Un poste militaire est installé, pendant les deux derniers mois de la guerre de 1914-1918, dans les bâtiments qui restent du château.


Le Journal de Poissy et ses environs, 24/9/1924
 

Le propriétaire du garage, qui s'était installé à l'arrière du bâtiment subsistant, a vendu en 1924, pour s'en débarrasser, plusieurs éléments de l'ancienne écurie : un escalier, une stalle, une auge.

Cette même année, se posait la question du caractère privé du Parc.

Incident

Un incident se produit en ce moment à Villennes qui, malgré le caractère privé qu'il présente, n'en serait pas moins du domaine public si le résultat attendu venait, par exemple, porter préjudice aux droits de la Commune.
Il s'agit du Parc ; Autrefois, le Parc était dans sa totalité une propriété privée, lotie par la suite et réglementée par un Cahier des Charges. Ce Parc était clos. Ne l'étant plus depuis longtemps, sa dénomination Parc qui était un nom de propriété est devenue officiellement et par usage Parc (lieu dit), comme on dit : les Groux ou la Ravine.
Du fait de cette transformation et, si l'on peut dire, de quelques précédents créés, il semble que ce lieu qui ne revêt plus son caractère privé d'autrefois, soit tombé dans le domaine public.
Quelques intéressés veulent faire trancher cette question afin de savoir si le Parc continue à être, ou non, une propriété privée réglementée par son Cahier des Charges. Ne conviendrait-il pas d'élargir le sdébats de cette affaire ? Du fait que la Commune est intéressée, parce que propriétaire d'une partie de ce lotissement, il serait peut-être prudent qu'elle soit appelée en témoignage car il serait regrettable, le cas échéant, de la placer devant un l'ait accompli pouvant l'obliger de faire appel au jugement, si ses intérêts sont compromis.
C'est précisément ce qui s'est produit, il y a quelques années, au sujet d'une affaire qui se présentait dans les mêmes conditions. M. X. avait plaidé contre M. Y. et avait tiré un jugement qui, par répercussion, avait obligé la Commune à intervenir. Cet à-coup ne se serait pas produit si la Commune avait été entendue avant le jugement et cela aurait évité des frais inutiles qui retombent toujours sur le dos des contribuables.
Le cas présent n'a rien de particulier au sens propre du mot, puisqu'il intéresse tous les propriétaires dans le Parc, et la Commune. Pour cette raison, à mon avis, il serait utile dans l'intérêt général que cette affaire soit liquidée plus ouvertement.

Picard.
Conseiller municipal.

Le Journal de Poissy et ses environs, 24/412/1924


Les vestiges du château


Seules deux parties subsistent, de nos jours :

 

Le pavillon qui était situé à l'extrémité de l'aile gauche, à l'angle de la Place de la Libération et de la Rue Parvery (agence Arrio).

 

Le bâtiment central, enchâssé dans une cour accessible par la rue Parvery, dont on peut encore apercevoir le fronton de la façade, à côté de l'école.

 

Celui de l'arrière est visible, au dessus du toit du garage, depuis la rue de l'Ancienne Mairie, entre la rue Parvery et le rue des Ecoles.