L'histoire de la ferme
La ferme de Marolles est citée au tout début du XVIIe siècle, ainsi que Migneaux et Fauveau, parmi les biens de Marie Fayet, dame de Villennes. En 1672, le fermier de Marolles, Pierre Marie, est témoin au mariage d'un officier du comte d'Artagnan, capitaine des mousquetaires du roi.
Un peu plus tard, le 7 janvier 1698, un bail est passé entre le comte Henri de Saulx-Tavannes et Jeanne Pigeon, veuve de Pierre de Berry. La ferme de Marolles consiste alors en maison manable, granges, écuries, cours, jardin et les cent cinquante arpents de terres labourables y compris les buissons et pastis qui sont aux environs de la maison. Il y a des vignes qu'il faut façonner de toutes grosses et menues façons, fumer, provigner, eschalasser. Il y existe déjà une thuillerie se consistant en place pour faire de la thuille et halle pour la retirer et un four pour la cuire.
Un bail important en 1752
A partir du milieu du XVIIIe siècle, la ferme de Beaulieu - qui a été offerte en 1717 à Nicolas Dongois par Jean de Morogues Bourdin - est associée à celle de Marolles. Pierre Gilbert de Voisins (alors chevalier conseiller d'Etat ordinaire, et châtelain des dits lieux de Villennes, Migneaux, Fauveau, Marolles, Beaulieu et dépendances) passe le 27 décembre 1752 un bail de 9 années avec François Beuzeville et sa femme Elisabeth Charton, qui occupent déjà Marolles.
Ce nouveau bail, qui correspond à la fin du contrat passé avec François de Berry et Marguerite Cuquemelle, sa femme, doit débuter le jour de la saint Martin d'hiver 1755. Il nous donne une description de la ferme et des terres qui lui sont attachées :
Plusieurs bâtiments comme maisons, granges, escuries, bergeries, cours et jardins, 150 arpents de terres labourables ou environ, compris les buissons, pâtis et enclos qui joignent la dite ferme, lesquels sont plantés d'arbres à fruits ainsy que partyes desdits 150 arpents, plus deux arpents ou environ proches de la ditte ferme plantés en vignes, plus 45 arpents de terres labourables dans lesquels est une allée plantée en chastaigniers y formant une esquerre, une petite maison, cour et jardin proches de la ditte ferme de Marolles contenante en total un quartier de terre ou environ, la ditte maison courte de taille, plus un arpent et demy ou environ de terre en une pièce scituez au terroir de Villennes lieudit les plâtrières proche de Beaulieu dans lequel est une thuillerie consistante en une place pour faire de la tuille, des hâlles pour la serrer et un four pour la cuire. |
La ferme de Beaulieu est moins importante que celle de Marolles. Plusieurs arpents de terre s'y rattachent, mais éparpillés dans les environs.
Avec trois ans d'avance, les tâches des nouveaux preneurs sont, comme d'habitude, bien définies. Ils doivent labourer, fumer, cultiver et ensemencer les dittes terres labourables, ils ne doivent pas emporter les fumiers tant pendant le cours du présent bail qu'en fin d'iceluy ; ils sont priés d'entretenir les bâtiments de toutes menues réparations locatives, d'y faire faire les grosses quy se trouveront à y faire sans demander aucun dommage ny interret, de faire fassonner les dittes vignes, les eschalasser et les rendre en bon estat et bien et duement entretenues. Quant aux arbres fruitiers, il faut les armer et épiner s'il est besoin. Et si ces arbres fruitiers viennent à mourir ou estre abattus ou rompus par quelque autre accident, ils appartiendront audit seigneur bailleur. Pour ce qui concerne la carrière à plâtre dépendant de la ditte ferme, elle doit également être tenue en bon état. De plus, durant les neuf années de leur bail, les preneurs sont astreints à effectuer deux voyages de voitures de charette dudit Villennes à Paris aller et retour.
Nouveau fermier en 1778
A cette date, les terres de Marolles et Beaulieu et leurs dépendances sont affermées à Henry Lelarge et à Catherine Gouin, sa femme. La description est la même que précédemment, autant pour Marolles que pour Beaulieu. Mais le seigneur de Villennes, Gilbert de Voisins, signale qu'il se réserve les bâtiments et jardins de la ferme de Beaulieu. Cependant les preneurs pourront utiliser les granges, écuries et bergeries de cette ferme jusqu'à ce que soient construites une grange et une bergerie à la ferme de Marolles. Le même seigneur bailleur se réserve également 15 perches environ de terres pour se procurer un chemin afin de faire voiturer du fumier à ses vignes et enlever les luisernes et ses vendanges.
Comme d'habitude il se réserve les arbres morts ou abattus par le vent et la tempête. Il peut arriver aussi que des arbres soient arrachés, déracinés ou écorchés par les charrues ou les herses durant les travaux des champs. Dans ce cas, ils seront remboursés par le fermier au régisseur : 20 sols pour chaque arbre du premier âge, 24 sols pour ceux du second âge et ensuite 4 sols supplémentaires par chaque année d'âge des arbres.
Quant au transport de matériaux de Villennes à Paris, il est bien spécifié qu'en plus des journées de voitures habituelles, il en faut deux dans chaque hiver pour charrier de la glace de la rivière à la glacière du dit seigneur.
La reconstruction de 1784
Un tableau des terres et seigneuries de Villennes, Médan et Orgeval, appartenant à la famille Gilbert de Voisins, est dressé en 1783. Il y est signalé que cette terre est composée de six fiefs principaux qui sont Villennes, Medan, Orgeval, Beaulieu, Marolles et Migneaux. Que Villennes, Orgeval et Beaulieu relèvent du Roy, que Marolles relève aussi du Roy à cause de Marly, et que Médan et Migneaux relèvent de Poissy. La ferme de Marolles et de Beaulieu est composée d'environ 450 arpents de terres labourables, de deux arpents de vignes, de 13 à 14 arpents de pâtures et de beaucoup d'arbres à fruits, d'une plâtrière et d'une thuillerie.
Un incendie a-t-il eu lieu en 1784 ? Ou bien les seigneurs de Villennes ont-ils voulu rebâtir à neuf l'ensemble des bâtiments de leur ferme ?
Toujours est-il que les plans et dessins d'un nouvel ensemble sont confiés à Charles- François Viel, l'un des meilleurs élèves de Chalgrin, qui venait de terminer la construction de l'Hôpital général de Paris. |
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Citons le Service régional de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Ile-de-France :
Le projet de Viel, excellent architecte parisien formé à l'Académie, montre un complexe neuf, composé suivant un langage savant et dans la lignée des recommandations des physiocrates de l'Encyclopédie. En outre, une attention particulière est portée au logis qui se serait substitué au "manoir" préexistant [...] et qui aurait refermé la cour grâce à deux murs latéraux, percés de portes. L'ensemble s'inscrit dans le courant de retour vers une architecture austère à l'antique. Les masses imposantes s'organisent dans un plan parfaitement symétrique. Les élévations sont rythmées d'imposants bossages soulignant les angles et les baies, ou évoquant pour certains corps un ordre monumental. Ces dessins rappellent l'architecture célèbre de Claude-Nicolas Ledoux aux salines d'Arc-et-Senans, ou aux pavillons d'octroi parisiens. Mais, seules une partie de l'aile sud et l'autre moitié de l'aile nord auraient été construites par Viel. |
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Ces nouveaux bâtiments forment un quadrilatère de 32 toises sur 26 (environ 62 m sur 50). La maison des maîtres est face à l'entrée, séparée par un mur, à droite et à gauche, des écuries, des bergeries, des étables et des granges. L'ensemble présente une certaine symétrie autour de la cour centrale et une unité de style (colonnes engagées ou contreforts apparents, oeils-de-boeuf, frontons triangulaires, pierres d'entourage des portes et fenêtres). |
La taille de la bergerie et celle de la vacherie indiquent l'importance
de l'élevage.
Ces ovins et bovins alimentaient-ils le tout proche marché aux
bestiaux de Poissy, tout au moins en bêtes de réserve que
l'on faisait venir au dernier moment lorsqu'il risquait d'y avoir
pénurie face à une demande importante ?
La vente de la ferme après la Révolution
Gilbert de Voisins et sa famille émigrent en 1791. Leurs biens
sont mis sous séquestre et un inventaire en est dressé en
août 1792. Le citoyen Lelarge reste locataire des fermes et la
commune est chargée de son entretien. La réfection des
couvertures et la consolidation des murs sont confiées au
maçon Ollivon. Les vignes sont vendues à la criée,
le 11 janvier 1794.
Partie du plan d'intendance de 1786
Le 19 juillet 1795, il y a adjudication de plusieurs biens provenant du seigneur de Villennes dont :
·
un corps de ferme lieu-dit Marolles avec tous les bâtiments
servant à son exploitation : cour, jardin potager et fruitier,
plus 135 arpents de terre à pâture sis à Villennes
et au terroir d'Orgeval,
·
un terrain de 75 perches sur lequel est construit une tuilerie avec four
et le bâtiment nécessaire et 6 arpents de terre labourable
en dépendant,
· une maison au lieu-dit Beaulieu avec un bâtiment dit la plâtrière, cour, jardin, 3 pièces de terre labourable (6 arpents),
· 74 perches de terre labourable en 6 pièces aux lieux-dits Fauveau, les Gravilliers, les Prés-Seigneur, les Gaulx et Beauquet.
Voici la transcription du texte de l'affiche annonçant la vente, qui décrit précisément ces biens et les conditions de la vente :
On fait savoir que le 1° du mois de Thermidor l'an troisième de la République Française, une & indivisible, à dix heure du matin, en la Salle ordinaire des Séances du Directoire de S. Germain-en-Laye, à la requête de l'Agent National dudit District, il sera procédé devant les Administrateurs du Directoire, à la dernière criée des biens confisqués sur l'Emigré Gilbert Voisins, & ci-après détaillés, pour être lesdits biens vendus & adjugés Définitivement SITUATION , CONSISTANCE ,
DIVISION ET ESTIMATION.
Tout Citoyen est admis à
demander communication au Secrétariat du District ,
tant des Procès-Verbaux de division & d'estimation
, & des renseignements particuliers aux biens ci-dessus ,
que différentes Lois concernant la vente des immeubles
Nationaux qui contiennent les conditions
générales des adjudications , dont il sera
donné lecture lors des séances
d'enchères. Dispositions
générales résultantes des Lois.
Les Citoyens ne
seront admis à enchérir qu'en justifiant qu'ils
sont imposés au rôles des contributions , ou
à défaut , de pouvoir justifier ; ils devront
déposer entre les mains du Secrétaire du
District le dixième du prix de l'estimation ci-dessus.
Cette justification ne sera pas exigée des chefs de
famille , qui d'après la Loi du 13 Septembre 1793 (v.s.)
, ont obtenu dans la forme qu'elle prescrit un crédit
de cinq cent livres à valoir en acquisition de biens
d'Emigrés , ni des Défenseurs de la Patrie , qui
, d'après la même Loi , ont la faculté de
donner leurs brevets de récompenses en paiement de ces
mêmes biens. Vû &
arrêté par nous, Administrateurs du District
de S. Germain-en-Laye ,
le 11 Prairial l'an 3e. de la République Française une & indivisible Signé GUY , COUHERT , ODIOT , Administrateurs ; CHANDELLIER , Procureur-Syndic ; & FOURNIER , Secrétaire |
|||||||||||||||||
L'ensemble est adjugé, le premier thermidor de l'an III, à Jean Redaux, cultivateur à la Clémenterie, pour 1 769 000 livres, comme il est inscrit dans le procès-verbal de la vente, qui fournit de très nombreuses informations :
L'an troisième de la République française et indivisible, le 14 messidor, dix heures du matin, nous administrateurs du directoire du district de Saint Germain en Laye, nous sommes transportés accompagnés du sieur Chandellier, procureur, dans la salle d’audience du dit directoire où étant, le dit procureur a annoncé qu’il allait être procédé à la réception des premières enchères pour la vente des biens cy après désignés indiqués par l’affiche du 11 prairial dernier dont il a été donné lecture, laquelle affiche a été bien et dûment publiée et apposée dans les lieux prescrits par la loi, suivant les certificats des officiers municipaux de la commune où sont situés les biens et des chefs lieux du district et du département ; Lesquels biens consistent : 1er Lot En une ferme composée de bâtiments, cours, jardins, écuries, étables, toit à porc et plusieurs granges dont le détail suit. Le tout situé lieu dit Marolles. Au principal corps de logis, manoir de cinquante trois pieds de long sur dix huit de large composé par bas d’une salle, cuisine et un fournil, au 1er étage de deux chambres à bled, deux petits cabinets, grenier au-dessus, escalier dans l’œuvre. En retour du dit bâtiment manoir, côté midi un bâtiment servant de bergerie de soixante dix huit pieds de long sur vingt deux pieds six pouces de large, grenier au-dessus. Ensuite et attenant est un petit bâtiment servant de toit à porc et poulailler de vingt et un pieds de long sur sept pieds six pouces de large dans œuvre Un passage pour descendre dans une cave pratiquée hors œuvre du dit bâtiment à coté de la terre en labour. Ensuite et attenant, un autre bâtiment servant de foulerie de vingt et un pieds de long sur seize pieds de large dans œuvre, grenier au-dessus. Ensuite est le bâtiment de la grange à avoine de soixante quinze pieds de longueur sur dix huit pieds de largeur dans œuvre, en retour du dit bâtiment est un autre bâtiment de soixante pieds de long sur vingt et un pieds six pouces de large composé d’une chartrie à trois entrées le passage de la principale porte d’entrée et d’un cellier, grenier au-dessus. Ensuite et tenant au sus-dit bâtiment est un bâtiment formant grange de quarante et un pieds de long sur vingt pieds de large dans œuvre. En retour d’équerre tenant au susdit bâtiment est une grange à bled de cent huit pieds de long sur vingt et un pieds de large dan œuvre. Ensuite et attenant est le bâtiment servant d’étable à vaches et écurie de quatre vingt dix pieds de long sur vingt deux pieds de large dans œuvre, grenier au-dessus, une petite cave sous partie de dit bâtiment. Entre les dits bâtiments est la cour de vingt trois pieds de long sur dix sept de large dans laquelle il se trouve un puits. Sur le derrière et tenant au dit bâtiment manoir est un jardin potager en partie clos de murs, contenant trente trois toises deux pieds de longueur sur vingt quatre toises de large. Tous les quatre bâtiments, cours et jardin contenant en superficie quinze cent cinquante sept toises prisées et estimées à la somme de : 55000 L Une pièce de terre en labour planté de différents arbres fruitiers contenant six arpents lieu-dit Marolles tenant d’un côté les bâtiments jardin et pâture de la sus dite ferme, d’autre côté le chemin de l’orme à la Clémenterie d’un bout le sieur Mercier et d’autre bout le chemin de la dite ferme de Breteuil. Estimée : 4800 L Une autre pièce de terre en labour dite la grange Milier, même lieu que dessus contenant deux arpents cinquante perches environ, tenant d’un côté le chemin de Marolles d’autre côté la Ravine d’un bout le sieur Hilaire Lamiraux et d’autre bout le chemin de Breteuil. Estimée : 2000 L Une autre pièce de terre partie en labour, partie plantée en vignes contenant environ trois arpents cinquante perches sises au même lieu tenant d’un côté la Ravine et sieur Jean Redeau et d’autre côté le sieur Benoit Redeau et autres et le chemin de Beaulieu. Estimée : 4200 L Une pièce de terre en labour lieu dit la plaine de Marolles contenant soixante dix neuf arpents environ plantée de plusieurs arbres fruitiers tenant d’un côté le chemin de Villennes, d’autre côté le chemin de la ferme au carrefour de Saint Germain, d’un bout le chemin de Poissy et d’autre bout le chemin de la Clémenterie. Estimée : 79000 L Une pièce de terre en labour formant en hache, même lieu que dessus terroir d’Orgeval contenant onze arpents tenant d’un côté le chemin de la ferme au carrefour de Saint Germain et coté le sieur Bledot et d’autre bout le chemin de Bure. Estimée : 11000 L Une pièce de terre lieu dit les Longgrais commence de Villaines contenant quarante deux arpents environ tenant d’un côté le chemin de l’orme à la Clémenterie, d’un côté le chemin des Longgrais d’un bout le chemin de Marolles et d’un bout Jean Baptiste Denis et autres. Estimée 42000 L Une pièce de terre en pâture clos de haies vives lieu dit Marolles contenant quatre arpents environ, de différents arbres fruitiers tenant d’un bout les jardins de la sus dite ferme et la première pièce cy-dessus désignée, d’autre côté la pièce de la Folie cy-après désignée d’un bout de la sus dite pièce et d’autre bout le chemin de la ferme à Beaulieu. Estimée : 3200 L Une pièce de terre en labour plantée en arbres fruitiers lieu dit la Folie contenant dix arpents environ tenant de la pièce de terre en pâture sus désignée, d’autre côté le chemin de la Clémenterie, d’un bout le chemin de Marolles à Breteuil et sieur François Rivièrre de laquelle pièce il en sera distrait quatre arpents pour être joints à la Tuilerie ainsi et de la manière qu'il est énoncé au procès verbal d'expertise les dits six arpents formant partie du dit corps de ferme. Estimée : 4800 L Une autre pièce de terre en labour plantée d’arbres fruitiers terroir du dit Villaines lieu dit les Sables contenant dix arpents environ formant partie du présent lot tenant d’un côté le chemin da la plâtrière, d’autre côté le chemin de Breteuil, d’un bout Michel Lamiraux. Estimée : 8000 L Total :…………………………………………………………….. 214000 L 2ème Lot Un terrain sur lequel est construit le four, les bâtiments halles, moules, travails et plate-formes du séchoir à usage et servant à l’exploitation de la "Thuillerie" contenant soixante quinze perches environ tenant d’un bout la sente séparant les vignes, d’autre bout une pièce de terre dépendant de l’exploitation de la ferme de Marolles, d’un côté le sieur Ménard et d’autre côté un bois en bosquet appartenant à la nation représentant l’émigré Gilbert Voisins, sur lequel terrain est construit le four à tuiles de 14 pieds de longueur sur 8 pieds 6 pouces de largeur dans l’œuvre. Le bâtiment de la halle de 104 pieds de longueur sur 8 pieds 6 pouces de largeur dans laquelle est pratiquée une petite salle à cheminée, la dite halle ajourée sur partie des refends et côtés, comble en charpente à deux égouts couvert en tuiles. Les bâtiments des moules de 16 pieds sur 10 pieds aussi couverte en tuiles, ensemble des fosses pour travailler la glaise. Estimé à : 3000 L Sera et appartiendra en pleine mesure à l’adjudicateur de la dite tuilerie et sans retenue d’icelle, mesure sous tel prétexte que ce puisse être, une pièce de terre contenant 4 arpents pour servir au tirage de la glaise à l’usage de la dite tuilerie à prendre, dans partie de la pièce de 10 arpents lieu dit la Folie sus désignée le long de la rigole dans laquelle passe un courant d’eau allant joindre le chemin de la Clémenterie tiendra d’un bout la pièce de pâture aussi sus désignée et d’autre bout la terre de la ferme lesquels 4 arpents seront mesurés à 22 pieds pour perche et 100 perches par arpents. Estimée : 3200 L Sera pareillement joint et réuni à la dite tuilerie pour son usage et exploitation une pièce de terre sable lieu dit Beaulieu contenant 2 arpents environ formant pointe des deux bouts tenant d’un côté, l’ancien chemin de la plâtrière à Breteuil d’autre côté le chemin de Marolles au dit Breteuil et des bouts à un autre chemin aboutissant à huit arbres fruitiers. Estimée : 600 L 3ème Lot Une maison située terroir et commune du dit Villaines, lieu dit Beaulieu, contenant 26 pieds de long sur 18 pieds de large hors œuvre, composée au rez-de-chaussée d’une salle à cheminée four et un cellier, le premier étage au-dessus composé de deux chambres grenier au dessus couvert en tuiles, escalier hors œuvre, une cour et jardin clos de murs dans lequel est établi le sus dit bâtiment contenant 20 toises de longueur sur 10 toises de largeur dans lesquelles est un petit toit à porc et un petit caveau tenant sur les quatre faces aux terres de la ferme. Estimée : 1550 L Ensuite et isolé à peu de distance de la dite cour et bâtiment dit Beaulieu, est le bâtiment de la plâtrière contenant 15 pieds de large sur 30 pieds de long dans œuvre couvert en tuiles à deux égouts. Estimé : 150 L Une pièce de terre en labour lieu dit Beaulieu, plantée en arbres fruitiers, contenant 3 arpents tenant d’un côté le chemin de Marolles à Breteuil, d’autre côté la sus dite maison de dite Beaulieu, d’un bout le chemin qui conduit à la dite maison et d’autre bout les terres de la ferme. Estimée : 2400 L Une autre pièce de terre en labour même lieu que dessus, dite la pâture de Beaulieu, plantée en arbres fruitiers contenant 3 arpents ou environ tenant d’un côté la sus dite maison et jardin dit Beaulieu, d’autre côté le chemin, d’un bout le sieur Ménard et autres, d’autre bout la Nation représentant l’émigré Gilbert Voisins. Estimée : 3000 L Une pièce de terre même lieu que dessus plantée de plusieurs arbres fruitiers et ormes contenant 50 perches ou environ formant pointe au chemin de la tuilerie tenant d’un côté la maison dite Beaulieu d’autre côté Alexis Blot. Estimée : 600 L 4ème Lot Une pièce de terre en labour lieu dit le Beauquet contenant 11 arpents ou environ plantée en arbre fruitiers tenant d’un côté le Beauquet d’autre côté le chemin de Breteuil d’un bout le chemin de la sus dite tuilerie et d’autre bout Nicolas Girault et autres. Estimée : 8800 L 5ème Lot Une pièce de terre en labour lieu dit les Groux, contenant 12 arpents environ, tenant d’un côté la Nation représentant Boulanger d’Hacqueville et autres, d’autre côté la sente de Bure aux Falaises, d’un bout plusieurs aboutissants et d’autre bout le chemin de Villaines. Estimée : 12000 L 6ème Lot Une pièce de terre en labour même lieu que dessus contenant 13 arpents ou environ tenant d’un côté la Nation représentant Boulanger d’Hacqueville, d’autre côté Jean Baptiste Beuzeville, d’un bout le chemin de Poissy et d’autre bout la sente de Bure aux Falaises. Estimée : 13000 L 7ème Lot Une pièce de terre en labour lieu dit Fauveau contenant 32 arpents plantée d’une rangée d’arbres châtaigners et d’une rangée d’ormes tenant d’un coté le chemin des Falaises à la Maladrerie de Poissy d’autre coté, et d’un bout les bois de la Nation représentant le sus dit Gilbert Voisins et d’autre bout le sieur Deserteaux. Estimée : 19200 L 8ème Lot Une pièce de terre même terroir que dessus dit les Groseilliers dit Berteuil contenant 4 arpents formant hache plantée en arbres fruitiers tenant d’un côté la nation représentant Boulanger d’Hacqueville émigré, d’un bout le chemin. Estimée : 3200 L 9ème Lot Une pièce de terre en labour clos de haies vives, plantée de plusieurs arbres, lieu dit les Prés Seigneurs contenant 2 arpents ou environ tenant d’un côté Jean Denis, d’autre côté Nicolas Lebas, d’un bout la sus dite terre de la ferme de marolles et d’autre bout le chemin de Bure à la Clémenterie. Estimée : 1200 L Charges Clauses et Conditions Générales et Particulières de la Vente Art. 1 Les adjudicataires payeront dans le mois à compter du jour de l’adjudication le quart du prix total de la vente sans intérêts. Art. 2 Chaque année à partir du jour d’adjudication elles payeront un sixième du surplus du prix de la vente avec les intérêts à cinq pour cent du capital qu’ils resteront devoir lors du dernier payement. Art. 3 Les adjudicataires seront tenus de payer les droits auxquels ils seront assujettis par la loi du 6 ventôse an 3. Art. 4 Ils n'entreront en possession réelle qu'après avoir effectué les payements prescrits par les articles 1 et 3 ci-dessus et les loyers seront acquittés à compter du jour de l'adjudication. Art. 5 Les biens sont vendus sans garantie de mesure, consistance et valeur et il ne pourra être exercé respectivement aucun recours en indemnité, réduction ou augmentation du prix de vente quelque puisse être la différence existante en plus ou en moins dans la mesure consistance et valeur, excepté le cas prévu par l'article 25 de la loi du 3 juin 1793. Art. 6 Les biens sont vendus francs et quittes de toutes dettes, rentes et redevances foncières, dons, douaires et hypothèques. Art. 7 Les adjudicataires auront contre le fermier l'action en résiliation que les lois, et notamment celles du 15 frimaire an II, donnent aux acquéreurs. Art. 8 Ils prendront le bien dans l'état où il se trouvera à l'époque de l'adjudication et ils seront tenus de souffrir et consentir toutes les conditions de jouissance improprement appelés servitudes, auxquelles ils pourront être légalement assujettis sans répétition d'aucune indemnité en dommage et intérêts. Art. 9 Les adjudicataires sont soumis en outre à l'exécution des autres dispositions prévues par les lois relatives à la vente des immeubles des émigrés. Art. 10 Tout citoyen qui voudra enchérir aura à justifier qu'il est imposé au rôle des contributions ou à défaut de pouvoir faire la dite justification, il déposera entre les mains du secrétaire du district le dixième du prix de l'estimation de l'objet mis en vente. Cette justification ne sera point exigée des chefs de famille et des défenseurs de la Patrie, qui en exécution du décret du 13 septembre 1793 auront obtenu des bons ou des brevets de récompense à valoir en acquisition de biens des émigrés. Art. 11 Il ne sera reçu aucune mise à prix au dessous de l'estimation. Art. 12 L'enchère ne pourra être moindre de cinq livres lorsque l'objet sera de plus de cent livres, de vingt cinq livres au dessus de mille livres et de cent livres lorsque l'objet dépassera dix mille livres conformément au décret du 3 novembre 1791. Art. 13 L'adjudicataire sera tenu de faire sa déclaration d'avoir et de commande dans les 24 heures, ce délai passé la déclaration sera considérée comme réduite et comme telle assujettie à la perception du droit ordinaire conformément à la dite loi du 6 ventôse an III. Art. 14 et dernier Les adjudicataires sont prévenus que les objets à vendre sont affermés à Henry Lelarge ainsi qu'il résulte des baux consentis par l'émigré Gilbert et le dit Lelarge lesquels baux seront plus tard énoncés lors de la réception des enchères sur chacun des dits objets : en conséquence les dits adjudicataires ne seront tenus de l'entretien du bail, chacun à leur égard pour le temps qui en reste à expirer, si mieux cependant ils désirent résilier dans les termes prescrits et sauf indemnité, conformément à la loi du 15 frimaire an II, demeurant à cet effet s'abroge dans tous les droits et résultants. Après l'arrêté de la description des objets et des charges ci-dessus et des autres parties toutes susdites, administrateurs et requérants, le dit procureur syndic, avons provoqué les offres des citoyens présents sur la somme de deux cent quatorze mille livres montant de l'estimation du premier lot et personne n'a enchéri. Et attendu que personne n'a également porté aucune enchère sur les autres lots nous avons clos et arrêté le présent procès verbal de première enchère en l'absence des commissaires de la municipalité de Villaines qui ne se sont pas présentés pour assister à la première publication et avons signé avec le procureur syndic. Et le premier thermidor l'an III de la République une et indivisible, heure de midi, nous membres du Directoire du district de Saint-Germain en Laye, réunis en la salle ordinaire des ventes, avec le procureur syndic à l'effet de procéder à la vente et adjudication au plus offrant et dernier enchérisseur des biens désignés des autres parties provenant de l'émigré Gilbert de Voisins et ce au moyen des affiches arrêtés par cette administration le 11 prairial dernier, lesquelles ont été bien et dûment publiées et apposées dans toutes les communes de ce district et autres lieux nécessaires et accoutumés, et dont un exemplaire sera annexé au présent procès verbal. Avons donné lecture aux citoyens présents des charges arrêtées des autres parts, des rapports des experts contenant désignation des dits biens, du bail à loyer des biens à vendre, comme des différentes lois concernant la vente des domaines nationaux provenant d'émigrés et autres. Ensuite le Directoire, considérant qu'il est de l'avantage tant de la République que des créanciers de l'émigré Gilbert de Voisins, les biens dont il s'agit, conformément et suivant le mode déterminé par les lois des 10,12 15 et 23 prairial dernier a, avec le consentement et même à la réquisition du procureur syndic, arrêté que les fermes de Marolles, Beaulieu qui en forment réellement qu'une, leurs circonstances et dépendances seraient vendues en un seul et même lot, et que la première mise en enchère en serait fixée conformément aux dispositions des articles premier et cinq de la loi du 12 prairial dernier, que les paiements du prix de l'adjudication seront faits dans les termes déterminé par l'article 7 de la loi du 27 du même mois : à l'effet de quoi, le Directoire a arrêté qu'il était en tant que besoin dérogé aux charges ci-devant établies, en tout ce qu'elles pouvaient être contraires à celles déterminées par les lois suscitées. En conséquence et pour parvenir à la fixation de la première mise à prix, le Directoire, a donné de nouveau lecture du bail des dites fermes de Marolles et Beaulieu passé par Pierre Gilbert de Voisins au profit de Henry Lelarge, laboureur, et de Catherine Gouin sa femme, demeurant à Marolles, commune de Villaines, devant Boulard qui en a gardé minute et son confrère notaire à Paris le 20 août 1785 pour neuf années qui ont commencées à la Saint Martin d'hiver 1791, il résulte de ce fait, pour la résiliation duquel les adjudicataires auront le droit que leur accordent les lois, que le prix du fermage de la ferme est composé à savoir : 1) D'une somme de 4000 livres que le fermier doit payer annuellement pour le fermage énoncé au bail 4000 L 2) D'une somme de 1500 livres que le fermier doit payer aussi annuellement à titre de supplément de fermage au moyen d'une contre lettre dont il a fait déclaration au Receveur du droit d'enregistrement de Poissy 1500 L 3) D'une somme de 72 livres à laquelle l'indemnité a été évalué pour les voitures dont le dit fermier est chargé par son bail 72 L 4)
D'une somme de 812 livres pour indemnité de l'imposition
que le fermier payait en 1790 5)
D'une somme de 800 livres pour indemnité de la dîme
dont le fermier était chargé Enfin d'une somme de 4 livres pour la valeur locative de 15 perches dont le propriétaire s'était réservé l'usufruit 4 L Total 7188 L Laquelle somme multipliée par 75 donne un capital de 539100 Livres auquel le Procureur syndic a porté son enchère. A l'instant le dit citoyen Henry Lelarge, fermier de la dite ferme de Marolles et Beaulieu s'est présenté et après avoir pris communication de l'évaluation ci-dessus faite et des objets qui le composent a déclaré qu'ils étaient établies dans l'exact vérité et a signé. Se sont présentés les citoyens Benoît Rédaux et Nicolas Giraux, officiers municipaux et commissaires de la municipalité de Villaines nommés par la délibération du 29 messidor dernier, pour assister à la présente vente. Et à l'instant il a été procédé à la réception des premières enchères de la seconde et dernière publication sur l'enchère du Procureur syndic, tous les objets compris au dit bail et sus annoncés, ont été enchéris par le citoyen Muret à 600.000 livres, par les citoyen Deslandes, Muret, Fournier, Gagnon à 800.000 livres, par les mêmes citoyens à 900.000 livres, par les citoyens Gagnon, Rédaux, Muret, Deslandes 912.000 livres sur la quelle enchère. Il a été allumé un premier feu pendant lequel il a été enchéri par les citoyens Rédaux, Gagnon à 914.000 livres [...] il a été allumé un trente huitième feu qui a été ouvert par l'enchère les citoyens Rédaux fils, Muret et Rédaux fils à 1.769.000. Il a été allumé un trente neuvième feu qui s'est éteint sans enchère : au moyen de quoi l'adjudication a été prononcé au profit du citoyen Jean Redaux, fils de Jean, cultivateur à la Clémenterie, commune de Villaines, moyennant la somme de 1.769.000 prix principal outre les charges de la vente. Laquelle adjudication il a acceptée, a promis de payer la dite somme dans les termes fixé par l'article sept de la loi du 27 prairial dernier et d'exécuter toutes les charges, s'est réservé d'en faire déclaration au profit de qui bon lui semblera dans les délais de la loi, a élu pour domicile en sa demeure et a signé avec le commissaire de la municipalité de Villaines, le Procureur syndic, les administrateurs du Directoire du District de Saint Germain en Laye et le secrétaire. |
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Les fermiers de Marolles après 1795
Henry Lelarge n'a vraisemblablement pas quitté la ferme, après sa vente. Les registres de l'état-civil nous apprennent, en effet, que le nouvel acquéreur, Jean Redaux, était son gendre ...
Après le décès de celui-ci en 1799,
Félicité Lelarge, se remariera avec Nicolas Jérome
Giraux, qui deviendra maire en 1815, quelques années après
que son beau-père ait exercé cette fonction, à deux
reprises.
Cet arbre généalogique et celui qui suit montrent que la ferme est restée longtemps dans la famille des descendants d'Henry Lelarge ; de nombreux propriétaires de Marolles sont liés à cette famille, bien qu'ils portent des noms différents : ils ont, en effet, épousé une fille du fermier, auquel ils ont succédé. Plusieurs d'entre eux ont étémaires de la commune.
Deux photographies montrent la ferme entre 1906 et 1909. La première porte la signature du propriétaire à cette époque, Henry Cauchoix, maire de Villennes de 1903 à 1912.
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Incendie en 1932
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La ferme de nos jours
La ferme de Beaulieu a disparu, la tuilerie aussi. Seuls deux chemins rappellent leur existence.
A Marolles, la maison de maîtres a été rebâtie en 1910, un peu en retrait par rapport à la précédente. Pendant la guerre de 1914-1918, il y avait encore une vingtaine de fermes à Villennes ; celle de Marolles, qui était la plus importante, a joué un rôle particulièrement important pour l'alimentation des armées.
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Elle reste, au XXIe siècle, la seule exploitation agricole en activité dans la commune. La ferme a été amputée d'une partie de son environnement lors de l'implantation du Domaine du Golf ; elle a conservé ses principaux bâtiments et son portail imposant.