Alexandre Bordes, héritier d'une flotte de cap-horniers
(1860-1943)


La propriété de Fauveau

 

 

Alexandre Bordes est devenu propriétaire de Fauveau, avec son épouse Madeleine, après le décès de son beau-père, Fernand Bertera, qui l'avait acquis en 1876.

La photographie, ci-contre, représente celui-ci dans son salon de Fauveau.

Alexandre et Madeleine Bordes achèteront le domaine de Migneaux voisin en 1926. Leurs enfants se partageront en 1957 les 3 lots de l'ensemble, provisoirement reconstitué.

 

La famille d'Alexandre Bordes

Son épouse et ses beaux-parents

La mère de Madeleine Bertera était la fille du peintre belge Egide Charles Gustave (Gustaaf) Wappers (1803-1874), dont la carrière peut être résumée ainsi, selon un site Web sur les orientalistes :

Peintre d'histoire, de scènes de genre et de portraits. Il étudie auprès de P.J. Van Regenmoorter, M. Van Bree et G. Herreyns à l'Académie d'Anvers.
Grand admirateur de l'œuvre de Rubens, il étudie les anciens maîtres aux Pays-Bas et à Paris. Il s'oppose aux classiques et fonde l'école romantique. Il expose au Salon d'Anvers en 1822. Il s'occupe aussi de politique aux côtés de Raspail, Barbès, etc...
Il peint la révolution de 1830 et l'histoire des Pays-Bas. Il fait le portrait du Roi Léopold d'après nature.
Son succès décline à partir de 1836 et il peint pour des particuliers quelques portraits. Il démissionne en 1852 de son poste de Directeur de l'Académie d'Anvers où il avait été nommé en 1832 et s'installe à Paris où il est réputé pour ses portraits.

Le père de Madeleine, Fernand Bertera, était architecte. Sa sœur et son frère sont nés à Villennes, tous deux vraisemblablement dans le "château" de Fauveau. Ils se sont mariés à Paris.

A gauche, Fernand Bertera, son épouse et leur fille Elisabeth

A droite, leur fille Madeleine qui épousera Alexandre Bordes

Son père, fondateur de la "dynastie"

 

Le père d'Alexandre, Antoine Dominique Bordes, est à l'origine de la vocation maritime de la famille.

Fils d'un médecin de campagne, il nait dans le Gers, en juillet 1815. Il effectue ses études secondaires à Bordeaux puis il travaille chez son frère aîné, qui tient un commerce de grains et de farine.

Un voyage à Valparaíso, en 1834, est décisif pour sa carrière : il s'y établit comme représentant d'un capitaine bordelais, M. Le Quellec. Ils s'associent en 1847 et acquièrent quatre navires en bois pour transporter du charbon et, dans l'autre sens, du salpêtre, du cuivre et du guano vers les ports européens, principalement britanniques.

Il revient en France, en 1855, pour installer des agences à Paris, Bordeaux et Le Havre avant de retourner à Valparaíso. Il s'établit l'année suivante à Paris, rue du conservatoire, où il restera jusqu'à son décès. Son associé meurt alors (ou en 1869 selon une autre source) ; il devient entièrement propriétaire de l'entreprise et lui donne un très large développement.

Au début de 1883, il laisse la responsabilité de l'armement Bordes à ses trois fils, qu'il a associés depuis longtemps à ses affaires et décède peu après.

Les descendants d'Alexandre Bordes


Alexandre et ses deux frères sont décédés dans les années 1940.

Si la famille Bordes a quitté le domaine de Migneaux, vendu en 1985, rapidement laissé à l'abandon et soumis à des divers vandales, Fauveau appartient toujours à un petit-fils de Jacqueline, l'une des filles d'Alexandre et Madeleine Bordes.

Sur la photo ci-contre, Jacqueline et son frère Alexandre parcourent le domaine de Fauveau, vers 1905, dans une carriole tirée par le cheval Coco.

 

Jacqueline épousa un descendant de Jean Baptiste Becquet, qui vivait près de Cambrai au 18ème siècle : James Clarke Becquet, dont le nom fut transformé en Bequette, lorsqu'il émigra aux Etats-Unis dans l'Illinois. Leur fille France Bequette a conservé les souvenirs familiaux et a retracé l'histoire des cap-Horniers dans un article du numéro 297 de la revue Geo (novembre 2003), en relatant les aventures des petits mousses embarqués sur les navires Bordes entre 1868 et 1925 : Goulven, cap-hornier à 13 ans.

Sa nièce, Corine de Royer, critique de cinéma et photographe, a raconté l'histoire de sa famille :

- en écrivant un roman et un document sur ses souvenirs de jeunesse, publié dans le numéro spécial "Migneaux" de la revue CHRONOS (n° 29-30, printemps-été 1994) du Cercle d'Etudes Historiques et Archéologiques de Poissy, et reproduit sur ce site Web (cliquez ci-dessus).

- en participant à une émission de France Culture sur le Cap Horn, en janvier 1999.

La marine à voile de l'armement Bordes

L'épopée de la flotte de la famille Bordes est racontée dans les livres "Cap-horniers français, tome 2 : Histoire de l'armement Bordes et de ses navires" de Claude et Jacqueline Briot et "Grands Voiliers Français (1880-1930)" de Jean Randier, ainsi que sur plusieurs sites Web.

Antoine Dominique Bordes crée et développe sa compagnie

La première ligne est crée en 1849 : 170 jours de navigation sont alors nécessaires pour aller de Bordeaux à Valparaiso. La société possède, à l'origine, un voilier en fer ("Blanche et Louise" de 800 tonnes) et 9 bâtiments en bois. En 1869, la compagnie Bordes commande aux chantiers écossais de la Clyde 14 trois-mâts en fer, ainsi que des trois-mâts barques et trois-mâts à voiles carrées de 1200 t ; la flotte comprendra bientôt 24 navires.

En 1870, la société commence l'importation et la vente du salpêtre en France, et crée des magasins à Dunkerque, Nantes, La Rochelle et Bordeaux. Liverpool et Glasgow deviennent également des ports de déchargement de nitrates chiliens.

De 1870 à 1880, la compagnie fait construire 27 navires de 600 à 1200 tonnes, puis son premier quatre-mâts de plus de 2 000 tonnes : "La Union", qui se révèle très adapté au transport du salpêtre.

La flotte comprend alors 41 voiliers, dont 11 rachetés à des armements en difficulté, à la suite d'une grave crise.

Antoine Dominique Bordes donne à plusieurs de ses navires le nom de fleuves ou régions du Chili.

 

En 1886, il commande 13 nouveaux navires de 600 à 1 200 tonnes de jauge pouvant transporter chacun 1 000 à 1 200 tonnes de minerai brut ou traité.

Les fils du fondateur en font la première flotte à voile du monde

  Après le décès du fondateur, ses trois fils continuent à faire construire d'autres navires du même type, et, en 1890, leur premier cinq-mâts, le célèbre "France", qui restera pendant 5 ans le plus grand et le plus moderne des navires à voile (longueur : 110 mètres, largeur : 14,60 mètres), capable de charger 6 200  tonnes de salpêtre.

Plusieurs photos de cap-horniers de la flotte Bordes peuvent être consultées sur le site Web, réalisé par François Delboca sur le port de La Rochelle-La Pallice.

 

 

Ci-contre, une peinture sur bois de Marin Marie, représentant la Jacqueline.

Ce peintre a également dessiné le 4-mats, ci-dessus, dont la ligne de faux sabords peints en noir est la marque distinctive de la maison Bordes.

En 1905, avec ses 33 voiliers, l'armement se situe à la première position dans le monde.

Accident à La Rochelle en 1901

Le "Tarapaca II", 4 mats en fer de 2 557 tonnes, mis en service en 1886, est l'objet d'un grave accident en septembre 1901 dans le port de La Rochelle : lorsqu'il entre dans l'avant-port de La Pallice, remorqué par un petit vapeur, "l'Express", qui assure le passage vers l'île de Ré, et par le remorqueur "Le Vigilant" prêté par le port de Rochefort, un violent coup de vent le pousse sur la jetée sud.

Il est éventré sur 2 m de longueur et coule dans le sas, bloquant le trafic portuaire pendant 5 jours. Les poissons du bassin sont empoisonnés par les 4 000 tonnes de nitrate, chargés dans ses cales à Tocopilla, au Chili.

Le navire est tiré jusqu'à la forme de radoub, afin d'effectuer des réparations de fortune, avant sa remise en état, l'année suivante, à Glasgow.

Ses malheurs ne sont pas terminés : en septembre 1917, lors de son voyage de Iquique au Chili à Bordeaux, le quatre-mâts sera coulé par un sous-marin allemand, au large de l'île d'Oléron.

L'armement Bordes joue un rôle important dans la guerre de 1914-1918,
qui entraîne sa fin

En transportant, au moyen de ses 46 navires (163 130 t), des nitrates entrant dans la composition des poudres, la société participe de manière importante à l'effort de guerre. Pendant le conflit, 122 voyages approvisionnent les ports français.

Après les lourdes pertes pendant la guerre (18 navires ont été coulés), la réduction des importations de salpêtre chilien et de nouvelles dispositions légales imposées aux armateurs conduisent les frères Bordes à abandonner le transport par voiliers en 1925, puis à désarmer leur flotte en août 1934.

Pendant 90 ans, la famille Bordes a exploité 127 navires, résistant à la sévère concurrence des allemands et des anglais.

Les très beaux et élégants voiliers de l'armement "Bordes et fils" étaient manoeuvrés par des capitaines et des équipages excellents. Les chants traditionnels de ces marins nous sont aujourd'hui transmis par divers groupes, tels que "Cap Horn".

Les grands voiliers ayant cessé de naviguer, l'Amicale des Capitaines au Long Cours Cap Horniers les a regroupés, depuis 1937. Cette association a été dissoute en mai 2003, les capitaines ayant disparu, à leur tour, les uns après les autres.

 

Marcel Capelle, dirigeant d'un armement familial rochelais
(1893-1980)

Quatre générations d'une même famille se succédèrent, entre 1860 et 1986, à la tête de la société, devenue la Compagnie de navigation d'Orbigny en 1909.

Marcel Capelle en fut le 3ème dirigeant après le fondateur, un oncle de sa mère, puis son père.



La villa "La Sapinière"

Marcel Capelle acquit, en 1940, "La Sapinière", villa anglo-normande de la rue Gallieni à Villennes pour mettre les employés parisiens de la Compagnie de navigation d'Orbigny à l'abri pendant la deuxième guerre mondiale.

Elle resta la propriété de sa société jusqu'en 1968. Sa famille était issue de deux ports : Le Havre pour la branche paternelle et La Rochelle du côté de sa mère.

 

La famille de Marcel Capelle

La branche maternelle : les d'Orbigny

La Compagnie de navigation d'Orbigny trouve son origine à la Rochelle, le port d'attache de ses navires, où son siège resta jusqu'en 1963. La marine marchande avait fait revivre, un siècle plus tôt, cette ville endormie depuis l'abolition de l'esclavage à Saint Domingue et dans les autres colonies d'Amérique, avec lesquelles elle commerçait. Ce n'est pas par hasard que des ancêtres de Marcel Capelle s'y établirent : l'un d'eux, Charles Marie Dessalines d'Orbigny, médecin militaire dans la marine, avait échappé au massacre de sa famille, en 1802, par un général de Toussaint Louverture, "nègre marron" de leur plantation de Saint Domingue. Devenu naturaliste, en étudiant la culture et l'élevage des moules, il fut notamment l'ami du peintre Jean-Jacques Audubon, qu'il avait initié à l'ornithologie. Il fut l'un des fondateurs, à la Rochelle, du premier Muséum régional français

L'un de ses deux fils, Alcide Charles Victor (1802-1857), eut un destin extraordinaire : également naturaliste, il laissa son souvenir dans les multiples disciplines qu'il pratiqua (ethnologie, archéologie, paléontologie, ornithologie, ...).

  Etudiant très jeune, avec passion, sur le littoral rochelais, un groupe d'animaux microscopiques qu'il nomma "foraminifères", il posa les fondements d'une science nouvelle, la micropaléontologie. Permettant de dater les couches géologiques, ces minuscules fossiles furent, notamment, mis à profit pour déterminer le tracé du tunnel sous la Manche à travers une couche tendre et peu perméable.

Alcide d'Orbigny quitta la France en 1826 pour un voyage de plus de 7 ans en Amérique du Sud, explorant le Brésil, l'Argentine, le Paraguay, le Chili, la Bolivie et le Pérou. Son aventure mouvementée, pleine de périls, lui fit parcourir plus de 3 500 Km. S'intéressant à toutes ses rencontres, notamment aux peuples amérindiens, il dressa des cartes géologiques, découvrit des cités antiques et réunit une collection de plus de 10 000 espèces animales et végétales. A son retour, il écrivit les résultats de ses découvertes dans un ouvrage monumental, le plus complet à son époque. Orientant ses recherches vers la paléontologie et la géologie stratigraphique, il fut nommé professeur au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris, lorsque la chaire de Paléontologie fut créée à son intention en 1853. Sa candidature avait toutefois été rejetée sept fois par les administrateurs du Muséum. Il laissa une très importante oeuvre scientifique, décrivant des milliers d'animaux et de plantes, naturels et fossiles. Il était le contemporain d'un autre naturaliste voyageur, qui fit le tour de l'Amérique du Sud, quelques années après lui : Charles Darwin, dont il ne partageait, toutefois, pas les théories sur l'évolution qui se sont ensuite imposées. Est-ce l'une des raisons qui empêchèrent Alcide d'Orbigny d'être admis à l'Académie des sciences ? Lors de son voyage, Darwin avait écrit sa crainte que le Français ne fut le premier à faire les plus belles découvertes. Il lui rendit, toutefois, hommage en baptisant une chauve-souris Desmodus d'orbignyi, mais la courtoisie dont il faisait preuve était feinte car il n'appréciait pas cet animal vampire !

Le frère d'Alcide, Edouard, Directeur des Contributions Indirectes, fut aussi un naturaliste distingué spécialisé dans l'étude des algues maritimes ; il ne fit pas de publications mais il laissa sa collection au Muséum de la Rochelle.

A gauche, Charles Marie Dessalines d'Orbigny, chirurgien de marine et naturaliste

A droite, son fils Alcide Charles Victor Dessalines d'Orbigny, le célèbre naturaliste


A gauche, Alcide Charles Jean, neveu de ce dernier, fondateur de la Compagnie

A droite, Edouard Gaston Dessalines d'Orbigny, un de ses frères, dont des descendants dirigèrent et développèrent la Compagnie

Alcide d'Orbigny fut maire de la Rochelle, après un autre armateur, Emile Delmas ; un troisième, Léonce Vieljeux, leur succéda plus tard.

Albert Capelle (1860-1928), son père

 

Albert Capelle avait été agent maritime à Cardiff où il représentait la maison d'Orbigny avant d'épouser Suzanne, une nièce d'Alcide d'Orbigny. Il lui succéda à la tête de sa compagnie, qui fusionna avec sa propre société.

Il perpétuait la tradition maritime et anglophile de sa famille havraise : son père avait été inspecteur du Lloyd's Register et son oncle capitaine au long cours.

 


Brevet de capitaine au long cours, délivré à Albert Capelle "De par l'Empereur", en 1939, par le Ministère de la Marine et des Colonies  


Albert Capelle ne put pas transmettre la Compagnie à son fils aîné, Robert-Alcide. Ingénieur engagé dans la Marine, il trouva la mort, en 1917, lors du torpillage du cuirassé Danton sur lequel il s'était embarqué.

Marcel Capelle, son autre fils, naviguant depuis 1910, devint capitaine au long cours comme lui. Entré en 1923 à la Compagnie de navigation d'Orbigny, il fut appelé à sa direction et la développa après le décès de son père, 5 ans plus tard.

 

Le gendre et successeur de Marcel Capelle

Issu d'une famille d'industriels parisiens, Jean Corpet (ci-contre) n'était pas destiné à devenir armateur. Après avoir été ingénieur agronome en Guyane française, il se forma au commerce maritime en tant qu'agent de la CNO à Anvers puis à Buenos Aires et il succéda à son beau-père.

 

La Compagnie de navigation d'Orbigny

Alcide d'Orbigny avait d'abord créé avec un associé, Georges Faustin, une société pour faire "le commerce de charbons de terre et de toute autre marchandise, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la France". Ils affrétèrent leur premier navire en 1869, un trois-mâts à vapeur et à roues. Les goélettes cédèrent bientôt la place à des cargos à vapeur pour le commerce avec l'Argentine, après le transport de charbons entre des ports d'Angleterre et La Rochelle et de poteaux de mines dans l'autre sens.

 

Alcide d'Orbigny maintenait ainsi les relations entre sa famille et ce pays que son oncle naturaliste, dont il portait le prénom, avait parcouru lors de son long séjour en Amérique latine.

 

La Compagnie de navigation d'Orbigny résulta, en 1909, de la fusion des sociétés A. d'Orbigny et Faustin fils et Albert Capelle et Cie.

 

Après chacune des deux guerres mondiales, elle dut reconstituer sa flotte. Les nouveaux navires portèrent des noms, terminés en "on", de philosophes grecs, puis de villes d'Argentine et de France (Vernon, Chinon, Dijon, Redon, Chalon, Vierzon, Gaillon, Lannion, Meudon, Crozon, Langon, Sauzon, Arzon, Ambon, Javron, Clisson, Thonon, Toulon).





 

 

 

Ci-contre, les navires à vapeur Platon, Gazcon et Chinon

Leur cheminée portait les couleurs du pavillon de la compagnie.

Après avoir orienté ses activités vers l'Extrême-Orient, elle s'était, à nouveau, spécialisée sur les lignes de l'Atlantique Sud.

La CNO posséda, de 1898 à 1908, deux voiliers quatre-mâts : Asie et Europe ; ils devinrent des cap-horniers lorsqu'ils furent vendus à l'armement Bordes.

Les 3 autres prévus, qui devaient porter les noms des autres continents, ne purent pas être construits ...

 

 

Ci-dessus : le quatre-mats Europe

 

Ci-contre, sur le pont de ce navire, les membres de son état-major

Le liberty-ship Lyon 2, l'un des navires cédés à la France dans le cadre du plan Marshall, lui fut attribué après la Seconde Guerre.

Les capitaines de la compagnie appréciaient son esprit familial et le fait que Marcel Capelle vienne souvent à bord. Ses nombreuses visites des navires lui permettaient de connaître tous les membres de leurs équipages. La Compagnie de navigation d'Orbigny dut toutefois s'associer, en 1962, à la Société Anonyme pour l'Exploitation des Services combinés sur l'Atlantique Sud, créée par deux armateurs qui entrèrent bientôt dans son capital, lui faisant perdre son caractère familial. Devenue filiale de la Compagnie Générale Maritime et Financière, elle fut transformée en société de gérance de cargos, renommée D'Orbigny Ship Management.

La plupart des informations qui précèdent sont issues d'un article de Thomas Corpet, l'un des petits-fils de Marcel Capelle, publié en 2005 dans le numéro 178 de la revue "Le Chasse-Marée". Cliquez ici pour avoir l'article complet, en accord avec l'auteur.

Stanley et Edward Whitechurch, tanneurs britanniques

Les villas villennoises des deux frères

 

Deux fils de George Whitechurch, industriel anglais, qui avait établi une tannerie à Longjumeau ont été les propriétaires de deux villas de Villennes.

Stanley Whitechurch (ci-contre) a été, en 1914, l'un des trois abonnés au téléphone, qui ont accepté de supporter des frais pour l'établissement d'un fil supplémentaire afin de faciliter les liaisons téléphoniques de Villennes à Paris.

L'île du Rêve

Cette belle villa fut construite à l'entrée de l'île, vraisemblablement par Théophile Bourgeois, l'architecte de la maison voisine Welcome, qui faisait partie de la même propriété.

  Stanley Whitechurch les céda, trois ans plus tard, à son frère Edward.

Celui-ci aurait été très proche de Joséphine Vial de Fontanier, cantatrice connue sous le nom Andrée Vally, qui devint propriétaire de la villa en 1923.

Dans les années 1950, elle l'a louée à Pierre Lazareff et à son épouse Hélène, qui y reçurent leurs nombreux amis.

Cliquez sur la photo afin de mieux la connaître.

Brooklands

Edward Whitechurch acquit, en 1927, cette villa du Bois des Falaises.

Elle avait été construite, comme la villa Le Cloître située en face, pour Ernesta de Hierschel, qui avait été l'épouse du financier Louis Stern et fut une femme de lettres sous le nom Maria Star.

Cliquez sur la photo pour lire son histoire.

 

Les sonnettes

Le réseau électrique ne fut installé à Villennes qu'en 1922. Auparavant, les propriétaires de villas plaçaient souvent une clochette sur le portail pour permettre à leurs visiteurs d'annoncer leur arrivée.

 

 

Edward Whitechurch se procura certainement chez le même fournisseur les "sonnettes" que l'on peut encore voir à l'entrée des deux villas.

La forme de leur timbre est celle des futures sonnettes électriques mais leur dimension est beaucoup plus importante afin que leur son parvienne jusqu'à la maison ...

Le major Stanley Whitechurch

 

N'ayant pas pu s'engager en France dans l'armée britannique, Stanley est parti à Londres en 1914. Après avoir cherché pendant quelques temps le moyen de le faire, il a pu se faire recruter dans Regent Street.

Alors qu'il attendait à l'hôtel Savoy d'être envoyé à Salonique dans les Dardanelles, c'est en France qu'il fut affecté comme officier de liaison.

Avec le grade de major (commandant) du Royal Flying Corps, le corps aérien de la British Army, il était chargé d'assurer les relations avec les constructeurs français de moteurs d'avions ; en effet, les britanniques fabriquaient leurs propres aéronefs, à l'exception des moteurs.

 

Les affaires familiales

 

La société George Whitechurch Ltd fut créée à Paris en 1871 par le père de Stanley et d'Edward, qui lui succédèrent à son décès. Avant d'exploiter des tanneries, elle vendait des fournitures pour les chaussures.

Elle resta dans l'industrie de la chaussure, produisant des cuirs pour fabriquer des semelles ainsi que du box-calf (peaux de veau tannées au chrome) et des courroies.


Cette société possédait plusieurs établissements :

- une tannerie à Longjumeau,
- une mégisserie et une tannerie à Paris,
- une usine à Gentilly (lissage et corroyage, puis tannage au chrome) - une usine à Limoges, après 1918 (tannage au chêne).

Pour feuilleter une "brochure" qui la décrit vers 1925, cliquez sur la photographie (vous pourrez tourner les pages avec la souris, lorsqu'elles auront été chargées ; il est conseillé de passer en plein écran avec la touche F11).

 

George Whitechurch avait instauré la semaine anglaise dans ses usines. Son fils Edward lui succéda, après son décès en 1908, comme dirigeant de l'entreprise : vers 1925, il était vice-président, administrateur délégué alors que son frère Stanley était le chef du Département "Corroieries" et des "Chèvres".

 

La société poursuivit, jusque vers 1934, ses activités qui n'étaient plus assez rentables :

- utilisant principalement le tannage au chêne, elle fut concurrencée par des usines de tannage au chrome, procédé qui réduisait fortement les délais,

- la dévaluation du franc en 1928 par le ministre des Finances, Raymond Poincaré, ne laissa pas des bénéfices suffisants aux actionnaires anglais.

Stanley Whitechurch dirigea ensuite la filiale française de la société Bostick qui, faisant partie de la Compagnie des Produits Chimiques Boston, fabriquait des colles. Elle produit toujours des produits adhésifs, au sein du Groupe Total depuis 1990.

La société-mère Boston Blacking Company avait été fondée en 1889 aux Etats-Unis, dans l'état du Massachusetts, sous le nom Calnan & Johnson par Thomas Calnan, grand-père maternel de Stanley. Cette société avait également des liens avec l'industrie de la chaussure : ses colles étaient, à l'origine, utilisées pour fixer les semelles ; elle fut rachetée en 1929 par United Shoe Machinery, société qui produisait des machines pour fabriquer des chaussures et possédait diverses filiales dans ce domaine (lacets, œillets, colles, ...).

 

Le fils de Stanley Whitechurch, Desmond, que nous remercions de nous avoir fourni ces informations sur sa famille et des photographies, a lui même travaillé une quinzaine d'années dans la société Bostick.

 

Quant à Edward, il a résidé en Inde, où il vendait des véhicules Renault aux maharadjahs.

Le constructeur français utilisait-il des colles Bostick, qui servait alors à l'assemblage des voitures ?

Les loisirs des deux frères et leur résidence méditerranéenne

Edward et Stanley Whitechurch possédèrent très tôt des automobiles.

Passionné de courses automobiles, Edward baptisa Brooklands sa maison du Bois des Falaises :

c'est le nom du premier circuit entièrement consacré à l'automobile, qui fut ouvert en 1907 à proximité de la ville de Weybridge (Surrey).

 

 

  Ils aimaient la vitesse, également sur l'eau, à bord de leur embarcation motorisée.

Ils pratiquaient aussi la voile sur leur cotre aurique, baptisé Wayward. Entre 1914 et 1917, ce voilier a remonté la Seine, venant d'Angleterre, jusqu'au pont de l'île de Villennes. Il a été amarré au ponton de la villa L'île du rêve.

D'une longueur de 17 mètres, il aurait été l'un des premiers bateaux de régates, construit en 1908 par les chantiers White Brothers de Southampton.

Ce bateau restauré navigue toujours sur la mer Méditerranée. Si vous souhaitez le louer à Cannes, cliquez sur sa photo d'aujourd'hui.


 

Une ville proche conserve le souvenir de la famille Whitechurch : à Beaulieu-sur-mer, le quai où Edward avait acheté une maison de pêcheurs puis de nombreuses autres voisines porte son nom.

Il avait baptisé cette propriété Chiesa Bianca ; c'est la traduction italienne de leur nom (Eglise blanche).


Stanley Whitechurch séjournait également dans des stations de sports d'hiver.

Il est décédé en 1986 alors qu'il allait entrer dans sa centième année.

Cette vie luxueuse des deux frères tanneurs n'a pas été partagée par leur autre frère, George, qui ne travaillait pas dans l'entreprise familiale. Néanmoins, il lui restituèrent sa part d'héritage alors que leur père ne lui avait laissé qu'un seul penny !

 


Charles Barbière, ingénieur en chef de travaux publics
(1861-1945)

 

Charles Léon Barbière, ingénieur de l'Ecole centrale, a fait toute sa carrière dans la Société de Construction des Batignolles.

Celle-ci était issue d'une société fondée en 1846 par Ernest Goüin, ingénieur polytechnicien, de sensibilité saint-simonienne, qui avait travaillé dans les ateliers des chemins de fer du Paris Saint-Germain.


Elle se retrouve aujourd'hui, après fusion avec la SPIE, résultant elle-même d'une société qui a développé les chemins de fer et les tramways électriques, dans la société SPIE-Batignolles

La SCB poursuivit l'activité de la société Ernest Goüin & Cie, dans la construction de locomotives à vapeur.

 

 

Elle se diversifia dans les ponts métalliques et dans les ouvrages de maçonnerie afférents.

Devenue une entreprise de génie civil, elle s'orienta vers les marchés extérieurs, dans les colonies et à l'étranger, et entreprit de construire des lignes de chemin de fer.

Elle réalisa ensuite des travaux d'aménagements portuaires et investit dans l'acquisition de concessions de lignes de chemin de fer.


(Sources : Archives Nationales AQ 89, La Société de construction des Batignolles, des origines à la Première Guerre Mondiale de Rang-Ri Park-Barjot et La Société de construction des Batignolles de 1914 à 1939 : histoire d'un déclin d'Anne Burnel)

 

 

 

Charles Barbière y fut ingénieur puis directeur du service technique des travaux publics et administrateur à partir de 1908.

Il dirigeait, alors, la construction des chemins de fer helléniques.

 

Ernest Goüin, souhaitant le bien-être de son personnel, créa une société de secours mutuel pour ses employés ainsi qu'un hôpital à Clichy. Charles Barbière participa à la construction, en 1907, d'un immeuble, 75 rue Pouchet (Paris, 17ème), pour loger les travailleurs de l'usine des Batignolles. Il s'élevait dans un paysage alors maraîcher, au-dessus du pont de la ligne de Petite ceinture.

 

Un article de Lucien Maillard paru dans le n° 53 de Paris Dix Sept en octobre 2006 donne des détails et relate des souvenirs du petit-fils de Charles Barbière (qui avait épousé une descendante d'un autre administrateur de la SCB) :

Centenaire en 2007, cet élégant édifice, orné de frises en briques vernissées vert-amande, s'ouvre vers le ciel en hémicycle comme un cadran solaire, à l'aplomb de la voie ferrée de la Petite Ceinture. [...]

Mon grand-père Barbière était ingénieur et administrateur de la Société de Construction des Batignolles, indique Gérard Barbière. Ce bâtiment avait été construit dans le seul but de loger les travailleurs et les employés de l'usine. En réalité, les Roland-Gosselin financèrent l'essentiel de ce qu'on a appelé la "Société Anonyme des Logements Salubres" jusqu'en 1966, année où les appartements furent vendus en priorité aux résidents. Ma mère était une Roland-Gosselin, confie Agnès Barbière, sa femme. Je me souviens que l'on disait, dans ma famille, que Mme Roland-Gosselin venait chercher les loyers en voiture à cheval.

À l'époque, la rue Ernest Roche n'existait pas. La cour de l'immeuble débouchait sur le talus de la Petite Ceinture… C'était la campagne, au seuil des fortifs. [...]


A Villennes, Charles Barbière possédait
la villa Brimborion, rebaptisée Les Groux, rue Gallieni.


Cet ingénieur devait bien connaître Léon Francq, son voisin de la villa Le Manoir, qui eut personnellement la même évolution que la Société de construction des Batignolles (de la fabrication de locomotives à vapeur aux projets de lignes de chemins de fer).

C'est vraisemblablement Charles Barbière qui le conduisit à s'installer à Villennes.

Léon Francq en fit un administrateur de la Société d'Electricité de Villennes qu'il fonda et présida.

 

André Létang, fabricant de moules pour chocolat

Les trois frères, résidents villennois

 

André Létang possédait la villa Les Groux, rue Gallieni, tandis que chacun de ses deux frères, Marcel et Henri, était également propriétaire d’une villa à Villennes :

- la villa Les Bigochets, chemin de la Nourrée,

- une maison à la Clémenterie.

Tous les trois étaient les héritiers et les dirigeants, depuis 1917, d’une société industrielle très spécialisée.



La maison Létang

Fabriquant des moules pour chocolat, depuis sa fondation en 1832 par Jean Baptiste Létang, cette entreprise fut distinguée pour ses moules en fer blanc à l’exposition universelle de Londres en 1855 et à toutes celles de Paris, de 1867 à 1900.

A l'époque où elle était dirigée par André Létang et ses frères, la société était installée à Paris, 108 rue Vieille du Temple.

Après l'invention des moules à gaufrettes par Henri, elle s'est diversifiée dans les moules à gâteaux puis dans les moules pour glaces et sorbets.

 

La société Létang Fils est toujours en activité : acquise en 1998 par Ouest-Pack, devenu Syneric Industries (groupe fournissant des consommables et des biens d'équipement pour l'industrie agro-alimentaire et non alimentaire), ses ateliers sont situés à Coray dans le Finistère. Elle a ainsi retrouvé la région de son fondateur, originaire de Dinan, qui avait baptisé son atelier de la rue Quincampoix à Paris ''Aux Armes de Bretagne''.

Elisabeth de Contenson apporte des précisions dans son ouvrage Le chocolat et son histoire (Editeur : Archives & Culture, 2010) :

Ses "moules, formes à bonbons en fer blanc, de bonne exécution" se voient gratifiés d'une mention honorable par le jury de l'Exposition universelle de Paris en 1855. D'autres médailles suivront, notamment en 1878, 1899, 1900... La reconnaissance d'une grande réussite... Le catalogue le plus ancien conservé de la maison Létang remonte à 1877. Il a été rédigé par Eugénie Létang, belle-fille du fondateur. La même année, Sébastien Bottin précise dans son Almanach, que "la Maison Létang fait des moules de fantaisie, imitation de porcelaine, personnages et animaux".

 

Ainsi est né un nouveau métier, celui de ferblantier-mouliste, qui reste pendant une bonne vingtaine d'années l'apanage des artisans parisiens. Puis les Allemande se mettent sur les rangs et fabriquent des moules, notamment la Maison Hermann Walter, bientôt suivis par les Italiens, les Suisses et les Belges. Les Anglais ne sont pas en reste : la Maison Fry à Bristol met en vente ses premiers oeufs en chocolat en 1873, suivie deux ans plus tard par ses rivaux de la Maison Cadbury.

Cliquez ici pour lire la longue histoire de la Maison Létang sur le site Internet de Létang Fils, qui se présente ainsi :

Depuis 1832, Létang Fils vous propose une grande variété de moules destinés aux métiers de la bouche et de l'industrie. Grâce à sa solide expérience dans le travail des métaux, Létang Fils réalise des moules à charnières pour les glaces et sorbets, emboutit des formes originales en plaques, bandeaux et attelages pour la biscuiterie, la pâtisserie et la viennoiserie. Vous découvrirez de plus une multitude de formes en demi-coques, destinées aussi bien aux chocolatiers-confiseurs qu'aux traiteurs. L'importance de son savoir-faire, son parc riche de plusieurs milliers de matrices, ses capacités d'innovation font de Létang Fils votre partenaire privilégié pour la réalisation, le renouvellement de vos plaques et moules, ainsi que la création de formes nouvelles.

UN PATRIMOINE HISTORIQUE

La maison Létang, fondée en 1832, a développé son activité de fabrication de moules au cours des deux derniers siècles dans le respect de la tradition familiale. Son savoir-faire hors du commun s'est enrichi année après année des progrès techniques et des découvertes du XIXe et du XXe siècle. Le patrimoine transmis à ce jour est constitué de plus de 12 000 matrices dont la variété, la qualité et le niveau de détail en font une collection unique au monde qui continue à s'élargir par de nouvelles créations.

 

 

Aujourd'hui, l'entreprise Létang Fils fabrique principalement des moules à pâtisseries, des moules à tartelettes, des plaques à biscuits, des plaques à madeleines et autres bouchées pâtissières, des moules à glaces en étain, mais son offre comporte également de nombreux autres produits : moules pour crèmes, moules pour gelées, moules pour cires...

UN RAYONNEMENT MONDIAL

Depuis 1832 la renommée de la société Létang Fils n'a cessé de croître. Elle a rapidement franchi les frontières de la France et permet aujourd'hui à l'entreprise d'avoir des clients sur toute la planète qui apprécient la qualité de ces produits de tradition française. Létang Fils livre aujourd'hui ses productions aux quatre coins des cinq continents (du Nord au Sud de l'Afrique, de l'Atlantique au Pacifique des deux Amériques, de l'Europe aux confins de l'Asie).

Lulu, l'épouse d'André Létang, actrice puis agent artistique

Lucienne Vattier n'a pas été forgée dans le même moule que sa belle-famille. C'est son activité d'"impresario" d'acteurs célèbres, tels que François Périer, Marie Daems, Gérard Philippe et Jean Marais, qui l'a conduite à les inviter dans sa maison de Villennes.

Léandre Fallou, pionnier de la radionavigation aéronautique
(1912-2000)

 

Les débuts de la radionavigation

Il entra très jeune dans l'aviation. En 1936, Air Afrique l'affecta comme radio au sol dans plusieurs centres africains, en particulier Aloulef. Le directeur d'exploitation le fit bientôt nommer radionavigant sur les appareils de la compagnie.

Mobilisé pendant la guerre, il resta en Afrique et fut affecté, en 1941, en tant que radionavigant à la Société Civile de Liaisons Aériennes en Afrique du Nord. Les troupes anglaises et américaines débarquèrent au Maroc et en Algérie, en novembre 1942 ; deux mois plus tard, au cours d'une mission à bord d'un Goéland du côté de Sétif, il fut victime d'une blessure par balles aux jambes, qui l'a handicapé pendant la suite de son existence.

Il fut photographié avec l'équipage d'un Glenn Master, dont il fit partie.

En 1945, Léandre Fallou fut nommé adjoint du directeur des radionavigants d'Air France. Dans cette période, il navigua vers tous les continents, traversant 78 fois l'Atlantique Nord. En 1948, il participa à la création de la Société Aérienne de Transports Internationaux (SATI), devenue rapidement l'UAT puis l'UTA.

 

Largage sur le Groenland

En juillet 1949, il fut radio sur les appareils qui ravitaillèrent la mission de Paul-Emile Victor en difficulté au Groenland. Les 3 LB 30 "Liberator" étaient une version cargo du célèbre bombardier ; ces "camions aériens" avaient déjà été utilisés pour transporter de la vanille de Madagascar en Europe, convoyer un arbre de couche de bateau jusqu'à Sydney, des chevaux de course vers l'Argentine, de l'étain entre Kunming en Chine et Haïphong.

Léandre Fallou guida les pilotes, Jean Combart et Roger Loubry, pour larguer 80 tonnes de matériel en 13 missions (caisses de vivres frais, jerricans d'essence, chenilles pour les véhicules de l'expédition). Les conditions climatiques, très différentes de celles auxquelles ils étaient habitués en Afrique, ne facilitaient pas la tâche. Le lieu des parachutages avait été choisi au centre du glacier, à 400 km de la côte. Les moyens de radioguidage et la gonio HF permirent à l'équipage de se diriger directement et rapidement sur l'objectif. La veille du 14 juillet, PEV et ses camarades reçurent leur courrier et deux jerricans de vin, repérés par une bande tricolore ! Le journaliste Georges de Caunes, l'un des premiers de la télévision, participa à cette première opération, suivie d'autres jusqu'en octobre.

Pour lire un récit détaillé et illustré de ce largage, nous vous proposons de visiter le site Web Transpol'air sur l'aventure polaire.

Les transmissions aéronautiques

En décembre de la même année, Léandre Fallou fit partie de l'équipage assurant la première liaison aérienne Paris-Cayenne. L'UAT lui confia ensuite la responsabilité des transmissions de la société ; leur qualité favorisa le développement très rapide de cette jeune société. Administrateur de la Société Internationale des Transmissions Aéronautiques (SITA), il a également consacré beaucoup de temps à l'Association des Professionnels Navigants de l'Aviation.

Capitaine honoraire de l'armée de l'air, il reçut la croix de guerre avec citation et fut nommé officier de la Légion d'Honneur. Au cours de ses 18 000 heures de vol, Léandre Fallou a joué un rôle important dans l'amélioration de la sécurité aérienne. Il a été inhumé à Villennes, où sa retraite s'était passée agréablement dans sa maison de l'île, au bord de la Seine.